Communiqué de la Fédération du Nord du Mouvement des Jeunes Communistes de France
"Certes, il est beaucoup plus facile de s’exclamer, d’injurier, de pousser les hauts cris, que d’essayer de raconter, d’expliquer." Lénine
Après un an de silence, la Fédération du Nord des Jeunes Communistes pense qu’il est grand temps de tirer les conclusions que nous impose la campagne des Jours heureux.
Le faible score du PCF, y compris dans ses bastions historiques, témoigne à nouveau de son incapacité à briser le plafond de verre idéologique et organisationnel auquel il fait face depuis de nombreuses années. Passé la déception, le devoir de chaque militant.e communiste est à présent de poser franchement et sans tabous les constats nécessaires à la reconstruction d’un parti révolutionnaire.
La fédération du Nord ne s’est jamais posée comme partisane d’une candidature unique à gauche.
Nous le savons : les élections ne sont pas des additions de sondages et poser le logo du PCF à côté de celui de la France Insoumise n’était pas la solution miracle de “reconstruction de la gauche”.
La seule vocation du PCF lors d'une élection nationale, et c’est pour cette raison que nous avons soutenu à bras le corps la proposition d’un candidat du Parti Communiste, est de faire naître une conscience de classe en semant dans les esprits la propagande de nos idées afin d'organiser les travailleurs et
travailleuses en notre sein.
À terme, une candidature du Parti Communiste doit renforcer ses rangs, renforcer ses réflexions et visibiliser ses couleurs et ses idées. Or, bien peu de choses ont été faites en ce sens.
Organisationnellement d’abord.
Commencer la campagne près d’un an avant les élections aurait pu être un atout si elle avait servi le débat au sein des sections et groupes locaux qui auraient ainsi pu être tout à fait intégrés à la réflexion collective. Face à la France Insoumise et autres partis autocrates, nous savons nous démarquer par notre démocratie interne.
Elle a, malheureusement, régulièrement été piétinée sous couvert d’une discipline de groupe. Un des péchés originels de cette campagne est, d'après nous, d'avoir repoussé le congrès du PCF à après les élections. Cette décision est symptomatique en même temps qu'elle participe au règne d'un électoralisme borné dans le Parti et même au sein de la JC. Nous ne considérons pas satisfaisante la simple plateforme internet proposée par la direction, dont nous ne savons même pas si elle a réellement été consultée.
Lénine nous le dit pourtant : la discipline de groupe que nous prônons est celle imposée depuis la base vers la direction et non l’inverse. Si nous avions pu trouver des avantages tactiques à ces méthodes, rien de bon n'en est sorti et bien des sections se sont senties abandonnées, exclues, alors même que les militant.e.s locaux souhaitaient mener campagne.
Idéologiquement, notre discours n'a pas été à la hauteur des enjeux.
Alors que nous reprochions à Mélenchon son hyperpersonnalisation en 2017, nous sommes tombés dans les mêmes travers par un abandon progressif de notre outil qu'est le Parti pour se reposer sur l'individu Roussel.
L'idée de rassemblement large y a mis le coup de grâce. En s'alliant à nos ennemis, la direction nationale a plongé dans le discrédit complet les mois de militantisme déjà entamés et trahit sans compromis et sans promesse de la moindre victoire l'histoire de notre camp. Les mêmes qui ont porté Hollande et Macron au pouvoir ne peuvent être nos alliés.
Nous avons, durant un an, écarté toute idée de se montrer marxistes ; supprimant le mot communiste pour des concepts vagues, hors-sols et incompris. Au lieu de parler de la réappropriation des moyens de production par les travailleurs, de la nécessité d'améliorer les conditions de vie, nous avons fait campagne sur les thématiques des bourgeois et des réactionnaires en utilisant leurs mots.
Enfin, et c'est certainement le plus grave, nous n'avons pas su nous montrer à la hauteur face au danger réel du fascisme, écartant du revers de la main sa violence, évitant de le nommer et reprenant ses termes. Défendre à tout prix la police, pour “reprendre ces quartiers-là”, attaquer les "franges radicalisées des quartiers périphériques", expliquer que les déboutés du droit d'asile ont "vocation à rentrer chez eux" : tant d'erreurs que rien ne peut excuser et qui auront suffi à écarter de nous nombre de militant.e.s associatifs et syndicaux.
Pour ce qui est du MJCF, sa place d'organisation sœur du PCF a été largement méprisée. Notre secrétaire général, porte-parole de la campagne, n'a souvent été présenté qu'ainsi et les tentatives de créations de groupes tels que "Les jeunes avec Roussel" ont été un symptôme flagrant des deux maux de cette campagne : l'hyperpersonnalisation derrière le candidat et la marginalisation de la JC.
Ce dernier mal résulte selon nous d'une atmosphère de conservatisme au sein de la direction du PCF . Ainsi, malgré deux requêtes, en novembre et en janvier, nous n'avons jamais pu rencontrer notre candidat ou ses équipes pour échanger sur des points de désaccords et ouvrir la possibilité d'une entrée en campagne de notre part.
Parce qu'une déclaration doit être courte, nous concluons :
La question se pose : un Parti communiste, oui. Mais pour quoi faire ?
Si dans les deux prochaines années, nous ne savons profondément réformer notre outil pour lui rendre ses utilités de base, un sort semblable à celui du PS ou des Radicaux nous attend. Rien n'est intemporel, rien n'est sacré.
Les premières pistes que nous pouvons évoquer sont les suivantes.
• Un retour au centralisme démocratique doit être rapidement fait. Seul moyen de conquérir efficacement et collectivement le pouvoir.
• La formation assidue doit redevenir la base du militantisme de chaque communiste. Ainsi, le PCF et le MJCF se doivent de s'adonner à la création d'une politique de formation ambitieuse et à la hauteur des enjeux. Celle-ci doit être suivie par le moindre adhérent.e.s jusqu'à la direction nationale dont les lacunes idéologiques ont été étalées à la vue de tous ces derniers mois.
• La sacralisation des élu.e.s et des bastions doit cesser pour créer les conditions d'une véritable remise en question.
Cessons de salir, par un joyeux mépris, le mouvement ouvrier et la classe travailleuse.
La situation l'impose : les travailleurs et travailleuses attendent de notre part du sérieux et non de nous faire le parti des bons vivants et des gros buveurs.
Le temps est venu de la conquête du pouvoir. Les traîtres, les opportunistes et les carriéristes que la campagne a mis en lumière ne doivent plus se sentir en sécurité au sein de l'outil du prolétariat. Il en va de la fierté et de la dignité de la classe travailleuse française.
Nous le dirons encore, parce que nous ne sommes pas de ceux qui s'essoufflent vite :
Vive le Parti Communiste Français
Vive le Mouvement des Jeunes Communistes de France