Il y a quelques temps, Gwendolyn Rutten, présidente de l'Open VLD, insinuait que Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB, aurait tenu des propos complaisants vis-à-vis de crimes prétendument commis presque quotidiennement par le gouvernement cubain à l’égard de a communauté homosexuelle. L'insinuation que Raoul Hedebouw ou le PTB ne défendraient pas les droits des homosexuels/LGBT m'a choquée. D’autre part, l'histoire qui voudrait que les homosexuels seraient emprisonnés à Cuba ou opprimés par le gouvernement ne tient pas debout.

Depuis quelques années, le PTB est très actif dans les dossiers LGBT et, depuis l'an dernier, un groupe de travail appelé MIX s'y consacre spécifiquement. L'an dernier, lorsque j'étais collaborateur parlementaire de Raoul Hedebouw, il nous a accompagnés avec la délégation de MIX à la Belgian Pride. Et nous nous sommes clairement prononcés contre la législation belge humiliante envers les personnes qui veulent changer de genre, qui était le thème de la Pride en 2016.

Par ailleurs, il s'agit justement d'un dossier dans lequel la Belgique est un bien plus mauvais élève que Cuba. Dans notre pays, les personnes transgenres sont toujours obligées d'aller chez un psychiatre et de se faire stériliser si elles veulent se faire opérer pour changer de sexe. Le remboursement de telles opérations, très coûteuses, est également l'objet d'une lutte en Belgique. À Cuba, en revanche, c'est entièrement gratuit depuis 2008, et ce n'est assorti d'aucune autre obligation humiliante.

« Un processus de transformation sociale pour l’émancipation »

Les droits des LGBT ont-ils toujours existé à Cuba ? Cela a-t-il toujours été facile ? Loin de là. Entre 1962 et 1968, quelque 25 000 Cubains qui, avant la révolution, étaient actifs dans night-clubs, bordels et casinos américains à La Havane ont été enfermés dans des camps de travail. Une très grande partie d'entre eux étaient homosexuels. C’est une douloureuse réalité de l’histoire cubaine, dont cela dit personne ne parle plus ouvertement que les Cubains eux-mêmes.

En 1968, ces camps de travail ont été fermés, entre autres à cause de la flagrante discrimination envers les homosexuels. Par la suite, Fidel Castro a largement et publiquement présenté des excuses pour cette page noire de l'histoire de l'émancipation cubaine. En 1981, le ministère cubain de la Culture lançait une campagne pour diffuser le message que l'homosexualité était une variante normale de la sexualité humaine.

Dans les années 1990, suite à la volonté de protéger la population contre le virus du sida, les patients HIV ont été isolés et soignés dans des centres de santé spéciaux, appelés à l'époque « sidatoriums ». Cela n'a pas aidé à combattre les préjugés contre l'homosexualité, bien au contraire. Par la suite, il y a de nouveau eu une volonté de parler de manière positive de l'homosexualité, comme dans le film à succès Fresa y Chocolate en 1993, réalisé avec des subsides de l'État.

En 1989, Cuba a créé un centre très important, le CENESEX (Centro National de Educacion Sexual). Celui-ci a non seulement préparé une législation exemplaire en ce qui concerne les transgenres, mais travaille aussi et surtout à faire évoluer la mentalité des Cubains. Depuis 2006, Mariela Castro est la présidente du CENESEX. Elle déclarait à ce propos en décembre 2011 dans L’Humanité : « Je pense que cette bataille pour la dignité pleine des personnes est en cohérence avec un processus de transformation sociale pour l’émancipation des êtres humains qu’est le socialisme. »

Olivier Goessens est vice-président de Comac, le mouvement étudiant du PTB, et est actif dans MIX, le groupe de travail LGBT du PTB.

Solidaire, journal du PTB

Retrouvez ici une interview de Mariela Castro parue dans Solidaire : Droits des homosexuel(le)s, bi, et transgenres à Cuba : « La Constitution va inclure les mêmes droits pour tous, sans exclusion »