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Nicolas Maury Militant PCF Istres






 



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L'article ci dessous est issue d'une publication du Parti Communiste du Bénin (La Flamme, organe central du PCB) et il me semble intéressant de lire les analyses des communistes d'autres pays, d'autres contient sur le mouvement des Gilets jaunes en France


Comment le mouvement des Gilets Jaunes est vu par les communistes du Bénin ?
LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES EN FRANCE ET LES PREMIÈRES LEÇONS POUR LES PEUPLES

Depuis le 17 novembre 2018, la France est secouée par un mouvement de protestation qui par son caractère inédit, étonne le monde : Le mouvement dit des « Gilets Jaunes ». Pourquoi ce nom ? Le gilet jaune en France, c’est le gilet que l’automobiliste porte sur ses habits après une panne ou un accident, pour se faire remarquer sur la route.

Le mouvement est parti de l’appel à signature d’une pétition sur internet contre la hausse sans arrêt du prix de l’essence et surtout du diesel qui ne cesse d’étrangler les gagne-petit, et à une sortie massive pour crier son ras-le-bol. C’est sur cette base que la France a été submergée le 17 novembre 2018 par des centaines de milliers de personnes : Routes, autoroutes, ronds-points et postes de péage bloqués ; rien que dans cette journée, on a compté plus de 2000 postes de blocage empêchant la livraison des marchandises, l’approvisionnement des hyper-marchés, des stations d’essence etc.

Tout le pays a été bloqué ce jour 17 novembre 2018 et depuis lors, le mouvement a connu un réel emballement. Le 24 novembre 2018, La Place Charles de Gaule, l’Arc de Triomphe, les Champs Elysés et toutes les grandes avenues et rues qui y accourent, étaient noires de monde. Les manifestants considéraient cela comme l’acte N°2 de leur manifestation sur Paris et ont promis de revenir. Macron, précipitamment rentré d’Argentine où il assistait au G8 s’est fait huer à plusieurs reprises lors de ces sorties.

Le 1er décembre 2018, le mouvement prend un caractère insurrectionnel avec la prise d’assaut de l’Arc de triomphe par des manifestants exaspérés et des mots d’ordre « Macron Démission » scandés un peu partout et surtout tagués sur l’Arc de triomphe. Le même jour, une préfecture a été brûlée, des raffineries ont été bloquées. »Qui sème la misère récolte la colère », ainsi se résume la réponse des manifestants qui assument le mouvement. Alors, le Président Macron, qui a fait la sourde oreille jusque-là, réunit un cabinet de crise, condamne les violences, ouvre une consultation des responsables de tous les partis politiques et appelle au dialogue. Mais échec, car les manifestants ne veulent ni d’intermédiaires, ni de négociateurs. Tous les élus, députés, tous les partis, tous les syndicats sont disqualifiés par eux. Certains, et notamment ceux du parti de Macron "La République en marche » sont menacés. L’espoir et les appels de la condamnation du mouvement par le peuple échouent. Malgré les violences, 72 % de la population, selon les sondages, soutiennent le mouvement.

Que revendiquent les "Gilets jaunes", autrement le peuple de France. Parmi la quarantaine de revendications, émergent Justice sociale ! Justice fiscale ! Ainsi au-delà de la suppression des taxes iniques peut-on lire :
Augmentation du SMIC à 1800 Euros ; Restauration de l’Impôt sur la fortune (ISF) ; fin du CICE (Crédit Impôt, Compétitivité, Emploi) ; limiter le nombre de CDD pour davantage de CDI ; droit de faire des lois par initiative populaire (pétition).

C’est la panique au niveau du pouvoir et de la classe politique traditionnelle qui appellent à la retenue. Le premier ministre annonce la suspension de la taxe carbone aussitôt contredit par la Présidence qui parle de suppression. Le 8 décembre 2018, l’acte 4 de la montée à Paris a lieu, dans toutes les grandes villes (Bordeaux, Marseille, Toulouse, etc.,) avec l’extension des actes d’insurrection, car toutes les mesures prises par le pouvoir sont considérées par les Gilets Jaunes comme des mesurettes qui ne sont pas à la hauteur de la situation.

Les lycéens se mêlent de la lutte ; plus de deux cents lycées sont bloqués. Des universités sont aussi contaminées. D’autres couches spécifiques, les routiers, les paysans annoncent des entrées. Toute la classe politique française est tétanisée ; le pays est dans l’impasse.

Ce mouvement qui est l’expression d’une explosion de colère des pauvres et laissés pour compte,, a rassemblé au début, des travailleurs de petites et moyennes entreprises, des retraités isolés, des « auto-entrepreneurs » qui pour la plus part, sont ceux-là qui, à force de rechercher un emploi introuvable se sont mis à leur propre compte. Accablés de taxes diverses depuis des années, impôts, taxes diverses et multipliées, éloignement des services publics de proximité, tous ces gens travaillant souvent dans des régions isolées et de plus en plus abandonnées à cause du regroupement des services de l’Etat dans des grands centres, ont voulu pousser un cri de détresse en disant aux gouvernants : « Nous aussi existons et voulons vivre décemment ». Dès le départ, ce mouvement est apparu comme sans organisation et sans chef, puisque ceux qui l’animent n’ont jamais fait d’expérience syndicale ni militante. Et c’est cela même qui fait son originalité. Dès son lancement, ce mouvement a connu un grand soutien populaire.

Depuis les années 1990 et l’imposition du libéralisme triomphant, le slogan officiel et les politiques mises en œuvre en France en Europe et dans tous les pays pris en otage par la finance internationale, c’est que c’est le capital qui produit la richesse. Plus on donne aux capitalistes, mieux le pays se porterait. Cette politique est apparue comme un remplissage du « tonneau des danaïdes » ; plus on leur en donne, plus les capitalistes réclament. Dès lors, l’écart n’a cessé de se creuser entre la France d’en haut, ceux qui profitent de ce système, et les oubliés, les laissés pour compte. Jamais on n’a vu le nombre de milliardaires augmenter de façon aussi accélérée surtout après la crise de 2008, alors que le nombre de chômeurs, de sans-abris, de pauvres a explosé. L’arrivée de Emmanuel Macron avec la multiplication des cadeaux à la finance internationale, l’augmentation des taxes diverses pour les retraités, les gagne-petit, les étudiants, l’arrogance affichée dans le soi-disant besoin de réforme de la France par une américanisation forcée de la société française avec la suppression de toutes les lois qui protégeaient quelque peu les ouvriers et travailleurs a fini par faire déborder le vase et conduit à ce mouvement inédit que nous observons depuis le 17 novembre 2018 en France.

Ce mouvement exprime la colère d’un peuple qui n’en peut plus et qui exprime son ras-le-bol. L’élément nouveau, c’est qu’au lieu d’aller manifester dans les quartiers populaires de Paris, il a choisi les Champs-Elysées pour exprimer sa colère. Se faisant, il s’invite au cœur du système grand- bourgeois français, là où cette dernière étale avec arrogance sa puissance, ses richesses et sa joie de vivre. Ce n’est pas pour rien que cette dernière et sa presse à ordre crient au scandale, à la violence, oubliant que la plus grande violence, c’est de laisser des millions de personnes au chômage et sans perspective.

Aujourd’hui, le mouvement des « Gilets Jaunes », au lieu de s’étioler s’étend et on voit entrer en jeu, les travailleurs des grandes entreprises, les agriculteurs, les élèves, les étudiants, les transporteurs routiers etc. C’est à la remise en cause générale du système lui-même qu’on assiste. Le mode de représentation et de délégation du pouvoir avec le rejet des élus (Président de la République, députés, etc) sourds et parasites et oppresseurs. Ce mouvement est l’expression vivante de l’échec du système de démocratie représentative en œuvre depuis les révolutions anglaises, américaines et françaises. Le pouvoir de Macron est désemparé et ne sait pas où donner de la tête. Toute concession est jugée insuffisante et entraîne tout de suite une autre revendication.

Jusqu’où ira le mouvement ? Personne ne peut le prévoir ; mais ce que cela montre, c’est qu’un peuple accablé, qui souffre et qui n’en peut plus, trouve toujours les ressources pour se dresser, et dire non à son assassinat. A l’écart de représentants officiels, président et députés sourds, méprisants et oppresseurs, et contre eux, le peuple finit par trouver les formes et manières de sa révolte. Tous les peuples trouvent toujours des ressources dans leurs génies profonds pour se surpasser et le peuple français a toujours montré la voie dans ce sens.

Aujourd’hui au Bénin, Talon écrase le peuple par des taxes les plus iniques pendant que lui et son clan pille s’accapare de toutes les ressources rentables du pays. Par des lois les plus scélérates, il espère empêcher la révolte de la misère. Mais hier, contre la dictature autocratique de Kérékou-PRPB qui a bouché toutes les voies légales d’expression du peuple, des Comités d’Action, des Bureaux de liaison ont pu naître pour organiser et encadrer la révolte. Aujourd’hui, des moyens nouveaux de communication et d’échange fournis par les avancées technologiques offrent des possibilités de large agitation et d’organisation. Le peuple béninois, ouvert à tout ce qui se fait dans le monde saura s’en inspirer.

Nous soutenons ces luttes des travailleurs de France et appelons le peuple béninois à prendre exemple sur le courage et la détermination des travailleurs et du peuple français afin de trouver les voies et moyens pour mettre fin au pouvoir autocratique de Patrice Talon au Bénin.

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