Le conflit qui rentre dans son troisième mois a fait dégringoler la popularité du président Sebastian Pinera. Les manifestants, principalement des étudiants, réclament notamment la gratuité dans l'enseignement public. A Santiago la manifestation s'est d'abord déroulée dans le calme. Mais le rassemblement a ensuite dégénéré. Des petits groupes ont commencé à mettre le feu à des voitures, à casser des vitres et à former des barricades. Les forces de l'ordre ont eu recours à des canons à eau et à des gaz lacrymogènes pour les disperser. Les étudiants estiment qu'ils ne doivent pas être tenus responsables des actes de violence en marge des cortèges.

Samedi, après une manifestation similaire, la commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) avait critiqué des violences policières présumées. En outre, la contestation des étudiants a reçu le soutien de nombreux parents et de professeurs. Lors des défilés, on a pu aussi voir des habitants entamer des "cacerolazos" (concert de casseroles). Cette forme de protestation n'était plus vue au Chili depuis la fin de la dictature de Pinochet en 1990.

Ainsi, le président conservateur, Sebastian Pinera, a vu sa cote de popularité chuter considérablement, atteignant 26% d'opinions favorables lors du dernier sondage. Le président millionnaire, doit outre les manifestations estudiantines, affronter également la colère des écologistes et des mineurs. De nombreuses voix s'élèvent au Chili pour dénoncer une inégale répartition des fruits de la croissance, qui devrait approcher cette année 7%. Pinera a tenté d'apaiser la colère du monde étudiant en proposant le mois dernier un fond de quatre milliards de dollars pour l'éducation ainsi que diverses réformes, dont l'une prévoyait de faire de l'éducation un droit garanti par la constitution. Ces propositions ont été jugées insuffisantes par le mouvement étudiant.

Justine Cohendet