Catalunya/CatalogneLeaders associatifs ou ministres de l’exécutif démis par Rajoy après la mise sous tutelle des institutions catalanes, ils sont dix à croupir dans les geôles du royaume. En Espagne, depuis des années, la droite dure ne discute pas : elle censure les lois et tabasse les citoyens
Ils sont dix indépendantistes catalans jetés dans les geôles espagnoles. Et d’autres risquent de les rejoindre. Quelques jours après la proclamation unilatérale de l’indépendance, leur leader, Carles Puigdemont, le président de la Generalitat et dirigeant du parti de droite PDeCat, a choisi l’exil à Bruxelles. Mais avec quatre autres de ses ministres, eux aussi en Belgique, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen avec demande d’extradition. Après deux premières auditions, il sera entendu le 4 décembre par la justice belge. Les élections régionales fixées au 21 décembre par le gouvernement espagnol pourraient dès lors se dérouler avec tout l’exécutif catalan, suspendu depuis l’application de l’article 155 de la Constitution, en prison.
C’est une machine implacable de répression qu’a lancée Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol. La signature du Parti populaire (PP), qui, ces dernières années, a toujours utilisé la Catalogne, où il réalise des scores extrêmement faibles (8,5 % lors du dernier scrutin en 2015), pour fédérer une base ultraconservatrice favorable à l’« Espagne, une, grande et libre », non sans relents de franquisme. Porte-parole d’un parti qui intègre une aile de droite extrême et qui ferme les yeux face aux manifestations phalangistes et néofascistes pour « l’unité de l’Espagne », Pablo Casado n’a, par exemple, pas hésité, début octobre, à promettre à Carles Puigdemont « le même sort que celui de Lluis Companys », son prédécesseur à la Generalitat, qui, en 1934, proclama la « république catalane » avant d’être immédiatement emprisonné et qui, quelques années plus tard, arrêté par la Gestapo lors de son exil en France et livré à Franco, fut torturé et fusillé en 1940. D’une manière plus globale, en refusant systématiquement toute confrontation politique et en privilégiant toujours les voies judiciaires ou policières, Mariano Rajoy a entraîné le pays dans l’impasse et, maintenant, il bastonne, sous les vivats de la droite espagnole, PP et Ciudadanos confondus… En 2010, son parti a obtenu devant le tribunal constitutionnel espagnol, largement à sa botte, l’annulation de plusieurs dispositions – notamment celle reconnaissant l’existence d’une « nation catalane » au sein d’une Espagne plurinationale – contenues dans le statut d’autonomie de 2006 concocté conjointement par le gouvernement du socialiste José Luis Zapatero et les nationalistes catalans, qui n’étaient pas séparatistes à l’époque. C’est ce qui a provoqué la radicalisation sécessionniste d’une moitié, grosso modo, de la population catalane, mais aussi la revendication incontestablement majoritaire, celle-là, du droit à l’autodétermination. À chaque étape du processus actuel, le gouvernement espagnol a fait jouer la justice – suspendant la plupart des lois et des règlements pris par la majorité en place au Parlement et à l’exécutif catalans – et les forces de l’ordre. En point d’orgue, évidemment, la répression sanglante du référendum sur l’indépendance et sur la création d’une république catalane, le 1er octobre. L’Europe aux abonnés absents Démis de leurs fonctions fin octobre, les dirigeants indépendantistes catalans expliquent aujourd’hui qu’ils ne s’étaient pas préparés à une telle réaction du gouvernement PP. Une tentative électoraliste de sauver leurs sièges lors des prochaines élections, malgré l’échec cuisant d’une stratégie unilatérale qui les a conduits à déclarer l’indépendance, mais sans que cela produise aucun autre effet… À chaque occasion, les responsables politiques catalans, ceux de la majorité sécessionniste mais d’abord les élus de la gauche alternative (Podemos, communistes, écologistes…) rassemblée dans Catalogne en commun, ont réclamé l’ouverture d’un « dialogue politique » pour dénouer une crise sans précédent depuis le tournant démocratique de 1978. Mais, à toutes les étapes, Mariano Rajoy leur a claqué la porte au nez, avant de fermer les cellules aujourd’hui. Plusieurs projets de loi visant à interdire les partis politiques séparatistes – en particulier, la Candidature d’unité populaire (CUP), une formation d’extrême gauche qui soutient indéfectiblement la majorité indépendantiste de centre gauche et de droite – sont d’ores et déjà dans les cartons de certains parlementaires de droite. Et le représentant catalan du PP, Xavier Garcia Albiol, auteur récidiviste de saillies xénophobes, promet, avec l’aval du gouvernement espagnol, le maintien de la tutelle de Madrid en cas de victoire d’une coalition indépendantiste, le 21 décembre. Le jeu est pipé en Catalogne et l’Europe regarde ailleurs. Les chefs d’État et les dirigeants des institutions comme le Conseil ou la Commission, se sont tous rangés derrière Mariano Rajoy, au nom du respect de l’État de droit. Ce qui, en Catalogne comme dans toute l’Espagne, ne manque pas de faire rire… très jaune ! Le PP est embourbé dans des dizaines d’affaires de financement illégal, et Mariano Rajoy profite allégrement de la crise actuelle en troquant son costume de dirigeant d’un des partis les plus corrompus d’Europe pour des habits de champion du camp « constitutionnaliste » en Espagne. Lors d’une audition au Parlement, fin août, consacrée aux différents scandales politico-financiers dans lequel son nom est cité, le président du gouvernement espagnol avait dénoncé des « procès politiques » provoqués par la « jalousie inquisitoire » de l’opposition. C’est à cet homme et à ses méthodes que les dirigeants européens apportent un soutien sans faille. « Les autorités catalanes ne devraient pas sous-estimer le large soutien de Rajoy dans toute l’Europe », rigole Jean-Claude Juncker dans un entretien à El Pais ce week-end. Et d’ajouter, sans une seule mention à l’incarcération de dix responsables politiques catalans : « Rajoy a, c’est vrai, une approche très légaliste. Devrait-on le blâmer pour cela ? Je ne le ferai pas, moi. En ce qui concerne les interventions policières, je ne peux rien dire, je ne sais pas comment les événements se sont déroulés. » Des prisonniers politiques dans l’Union européenne en 2017 : le président de la Commission européenne ne savait pas. Thomas Lemahieu L'Humanité |
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