En quatre mois, le litre de diesel a augmenté de 4,8% et celui de super de 5,73%.
Pour 100 euro dépensés en super-95, l’automobiliste paye 53 euro en TIPP et 16 euro en TVA!
Pour 100 euro de gazole, il paye 43 euro en TIPP et 16 euro en TVA !
Pour l’Etat, c’est une manne colossale plus de 20 milliards d’euro par an au seul titre de la TIPP.
Une fois de plus, les prix de l’essence s’envolent. Depuis janvier dernier, en quatre mois, le litre de diesel a augmenté de 4,8% et celui de super de 5,73%.

Certes, cette hausse, si pénalisante pour le pouvoir d’achat, est liée à celle du prix du pétrole brut, lequel augmente fortement sur les marchés internationaux.

Pour autant, est-ce aux salariés, aux chômeurs, aux jeunes, aux retraités de supporter la facture ? Et l’Etat français est-il totalement démuni de moyens d’empêcher la répercussion des hausses jusqu’aux prix à la pompe ? C’est le contraire qui est vrai.

L’envolée des prix du brut ne tombe pas du ciel. En septembre dernier on nous disait que c’était la faute à la Chine. Aujourd’hui on la met au compte de l’Iran… Mais on continue de faire silence sur les principaux responsables.

Les compagnies pétrolières : Depuis quelques années, en toute connaissance de cause, « majors » américaines en tête, elles contribuent à rationner l’offre en refusant d’investir suffisamment dans la recherche et le raffinage. Le résultat ? Une explosion sans précédent de leurs profits. En 2004 ils avaient atteint le sommet de 84 milliards de dollars. Mais, en 2005, ils ont dépassé la barre des 100 milliards. Du jamais vu ! En France, Total, a affiché pour 12 milliards d’euros de profits, « les plus gros résultats qu’une entreprise française ait jamais faits » selon son PDG. L’essentiel de tout cet argent sert à faire des placements financiers, à racheter des actions du groupe pour en élever le rendement et à verser des dividendes somptueux aux actionnaires.

Les Etats-Unis : Ce sont, de très loin, les plus gros consommateurs de pétrole au monde. Leurs compagnies pétrolières ayant très insuffisamment accru leurs capacités de raffinage, les stocks d’essence y sont au plus bas. Or, les véhicules américains sont de très gros consommateurs de carburants. Le risque, là-bas, d’une pénurie à l’approche du rush estival des vacanciers fait s’envoler la spéculation, celle-ci contaminant les marchés du brut.

Les Etats européens, français particulièrement : En France les carburants sont imposés deux fois: une fois avec la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), une autre fois avec la TVA. Pour 100 euros dépensés en super-95, l’automobiliste paye 53 euros en TIPP et 16 euros en TVA! Pour 100 euros de gazole, il paye 43 euros en TIPP et 16 euros en TVA ! C’est une manne colossale (plus de 20 milliards d’euros par an au seul titre de la TIPP). Et tout cet argent, qui revient pour l’essentiel à l’Etat, alimente le tonneau des danaïdes des aides aux grandes entreprises, des exonérations de cotisations sociales patronales, des soutiens aux profits et aux marchés financiers, contre l’emploi, le service public et la croissance réelle.

Ce racket sur les travailleurs et leurs familles doit cesser !

L’été dernier, le ministre Breton, après avoir menacé les pétroliers d’une taxation exceptionnelle sur leurs profits, s’était contenté, au final, d’une maigre table ronde à l’issue de laquelle seul le groupe Total avait pris l’engagement de lisser la répercussion des hausses de prix du brut sur les prix à la pompe. Les pétroliers étrangers avaient « pris note » de cet engagement « titanesque »…Quant à la grande distribution, elle n’avait même pas fait le déplacement. De son côté, le Premier ministre, dans une envolée démagogique, avait proclamé son souci de l’indépendance énergétique de la France.

Aujourd’hui le même Breton est d’autant moins bavard que les patrons de l’industrie pétrolière ont récusé par avance toute idée d’une nouvelle table ronde. Il propose donc aux français d’encaisser le coup, tout en se félicitant de ce que la France soit « dans les clous » du traité de Maastricht à force de freinage de la dépense pour les services publics. Quant au Premier ministre, il maintient le cap de la privatisation de EDF et GDF, deux atouts fondamentaux pour notre indépendance énergétique. Tout cela ne va faire qu’accentuer les difficultés de la croissance et de l’emploi.

Ca suffit ! L’Etat doit prendre ses responsabilités

Tout de suite il doit :

*Décréter une diminution de 5% des taux d’Etat de la TIPP sur l’essence sans plomb. Cela amènerait ainsi à la moyenne européenne l’écart entre taxation du « sans plomb » et du gazole ;
*Décider le gel des taux de TIPP sur le gazole ;
*Instaurer un « prix maximum » à la pompe, tout particulièrement pour le fioul domestique ;
*Mettre en place une contribution sur les profits bruts des compagnies pétrolières et les marges des réseaux de distribution pour financer ces mesures et pour commencer à abonder un Fonds de lutte anti-pollution.

A plus long terme, il doit :

*Abonder un Fonds pour la lutte anti-pollution permettant d’amplifier la recherche pour la promotion des énergies alternatives, les économies d’énergie et les moteurs propres. Une révolution énergétique est en effet nécessaire ;
*Engager l’action de la France pour une maîtrise concertée des marchés énergétiques en Europe ;
*Proposer la réunion d’une Conférence mondiale sur l’énergie pour une gestion commune des ressources énergétiques et leur partage équitable, la construction en coopération d’un système énergétique fondamentalement nouveau, le droit à l’énergie pour chacun-e et la négociation d’un « juste prix » du pétrole.