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Afrique

Nous publions ci-dessous le texte de « proclamation de la constitution du parti du prolétariat libérateur et émancipateur des travailleurs : le Parti communiste ».


Le contexte de contre-révolution mondiale et d’affrontements inter impérialistes pour le partage des ressources et des marchés

Depuis la victoire de la contre-révolution en Union Soviétique et dans les autres pays socialistes de l’Europe, il y a trois décennies, nous assistons à la remise en cause généralisée et systématique des acquis sociaux et démocratiques arrachés au prix de longues et dures luttes par la classe ouvrière et les travailleurs de tous les pays dans le monde. Elles se manifestent par des réformes scélérates des législations du travail, des retraites, des droits sociaux des salariés, le démantèlement des services publics, la privatisation du secteur public, la multiplication des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales. Nous assistons également à des guerres et conflits armés, dans tous les continents contre la souveraineté des pays et leurs états, toujours motivés par la recherche de richesses nouvelles, pour de nouveaux profits. Il s’agit là des conséquences d’une crise systémique, qui met à nu le vrai visage agressif, prédateur, et la véritable nature exploiteuse, inique et criminelle du système capitaliste, qui s’étend et aggrave la misère et la désolation au sein de couches populaires de plus en plus larges qui vivent du seul fruit de leur travail. Cette crise est aujourd’hui amplifiée par la remise en cause de l’hégémonie mondiale de la triade impérialiste (Etats-Unis-Union Européenne- Japon), provoquée par l’avancée de puissances émergentes sur le marché mondial, qui se positionnent en concurrents durables dans la lutte pour le partage des marchés, le contrôle des ressources naturelles, des gisements d’hydrocarbures, des voies d’approvisionnement énergétique, de transport de marchandises, le contrôle géopolitique.

Pour contrecarrer les appétits grandissants des bourgeoisies des puissances émergentes, les forces impérialistes mondiales ont mis à leur service toutes les institutions de l’ONU, afin de légitimer les agressions contre les peuples et leurs Etats et l’accaparement de leurs richesses. Les conflits locaux et régionaux qui en découlent frappent plusieurs zones de la planète et sont porteurs de graves périls pour l’avenir de l’humanité (Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Liban, Ghaza, Lybie, Syrie, Mali, Yemen…). Des moyens colossaux, militaires, politiques, médiatiques, idéologiques sans précédent sont déployés par les centres de l’impérialisme pour domestiquer les peuples et les forcer à se résigner à la fatalité de la domination de l’ordre capitaliste. Mais les peuples ne courbent pas l’échine. Malgré le rapport de forces négatif instauré par la contre-révolution mondiale, les couches exploitées et les masses populaires luttent et résistent pour arracher leurs droits et leurs libertés au Soudan, en Equateur, au Chili, a Cuba, au Yémen, au Venezuela …

La crise du système politique qui a relayé en Algérie la contre-révolution mondiale

Notre pays, l’Algérie, par l’importance de ses richesses naturelles et de sa position géostratégique, constitue depuis l’indépendance une cible privilégiée des forces impérialistes internationales, il n’est pas à l’abri de ces affrontements pour le repartage des marchés et des ressources qui font rage à l’échelle de la planète entière.

Les forces impérialistes internationales, en appui sur les forces locales, tapies dans les institutions de l’Etat et les appareils du pouvoir, qui aspiraient à s’embourgeoiser, ont mis en application dès 1980, un plan de remise en cause de la politique économique engagée depuis 1970. Une politique dont les résultats positifs étaient déjà perceptibles dans l’amélioration générale du niveau de vie des Algériens et dans la progression du pays dans nombre de domaines et secteurs. Elles ont procédé sous la présidence de Chadli au démantèlement systématique des outils du développement national par un vaste programme de démembrement des entreprises publiques de production industrielles et visant à créer l’espace à l’introduction des « lois de l’économie de marché » c’est-à-dire le glissement dans le capitalisme. Puis elles ont entamé la remise en cause de la révolution agraire, en cédant les terres d’abord à leurs occupants et, ensuite aux propriétaires. Elles ont ainsi inauguré dés 1979, un processus de mutation progressive de la nature sociale de l’Etat pour le mettre au service des forces de l’argent, créées par le détournement des fonds et bien publics et protégées par le népotisme, le clanisme et le clientélisme.

L’attachement de la majorité du peuple aux orientations politiques et économiques progressistes engagées par Boumediene constituent un obstacle à l’aboutissement de ce programme. D’autres actions étaient alors nécessaires pour le faire avancer. Il fallait donc commencer par la fragilisation de la solidarité populaire et neutraliser les éléments capables d’opposer des résistances à ce plan diabolique porteur de danger pour l’avenir du pays. C’est à cet effet, que Chadli a émis les fameuses circulaires 120 et 121 interdisant, dés 1980, aux non militants du FLN d’accéder aux postes de responsabilités dans les organisations de masses et dans l’administration publique. C’était aussi le but des répressions, qui ont touché en avril 1980, le mouvement revendicatif culturel berbère, et plusieurs autres mouvements de protestation dans le pays, accompagnées d’arrestations et de mises en résidence surveillée des militants progressistes et patriotiques. C’est également le but du vote par le parlement du code la famille malgré l’opposition des organisations féminines, et les forces patriotiques et progressistes. Des mesures visant à créer des fissures dans la solidarité populaire façonnée par la résistance au colonialisme et par la volonté de renforcer la souveraineté politique, économique et culturelle du pays.

Plus que ça, ces forces, inspirées par les politiques de la bourgeoisie internationale, ont en catimini créé une milice intégriste, sur la base idéologique d’un islam rétrograde fabriquée dans les laboratoires de la CIA, soutenue par des imams importés des pays arabes pour lui donner une légitimité. La chaine de télévision publique leur a réservé, presque chaque jour, au moment de grande écoutes et pendant des années, un temps nécessaire pour leurs prêches rétrogrades, fascisants et porteurs de danger pour l’unité du peuple. Ces milices mises sous la tutelle du FIS, parti politique créé contrairement à la loi sur les partis politiques, pour leur donner une légitimité politique, ont servi à faire le sal boulot. Aller, coute que coute, au but en terrorisant le peuple. Le pays a été ainsi mis à feu et à sang. Le bilan des dégâts s’élève à 200 000 morts, plus de 600 000 travailleurs licenciés, des dizaines d’usines incendiées, des centaines d’écoles détruites et abandonnées, des centaines de milliers de déplacés, des dizaines de milliers de cadres exilés, plus de 80 entreprises publiques économiques nationales (EPE) avaient été dissoutes prés de 1000 entreprises publiques locales (EPL) avaient été soit privatisées soit dissoutes. Ceci, sans compter les retombées économiques et sociales sur des millions d’Algériennes et d’Algériens, dont beaucoup d’entre eux portent encore les plaies restées ouvertes à ce jour.

L’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir est une étape programmée du plan initial ; celle où devait se formaliser l’alliance avec les sociétés multinationales et avec les puissances auxquelles elles appartiennent. Ceci est prouvé par le contenu réel de la politique des 20 années de son règne. Tous les projets réalisés ont été confiés aux sociétés étrangères et aux sociétés des proches et des clientèles, sans expérience ni compétences en écartant les sociétés nationales armées d’une maîtrise avérée dans leurs domaines respectifs. La loi sur les hydrocarbures élaborée par Chakib Khelil, la politique de partenariat qui a mis sous tutelles des sociétés multinationale, la gestion du complexe sidérurgiques d’EL Hadjar, de la carrosserie industrielle de la SNVI, de distribution de l’eau potable des grandes ville du pays, du métro, de l’aéroport Houari Boumediene, de cimenteries etc.. Pour imposer cette politique, il a mis son service des moyens coercitifs de l’état, l’administration, les 1000 milliards de dollars, la justice, la propriété domaniale de l’état, pour un résultat catastrophique.

La privatisation des activités médicales, de l’éducation, de la formation professionnelle et de la construction de logements a encouragé la prédation, la corruption et tous les méfaits qu’elles charrient. Les effets sur la vie des populations aux faibles revenus sont faits de colère et d’inquiétudes. Chaque année on enregistre des centaines d’émeutes populaires, qui touchent les villes, villages et douars dans toutes les régions du pays pour dénoncer la male vie, le chômage, le népotisme, la répression et le mépris des institutions de la république.

Les décisions prises au niveau de la tripartite, impliquant l’UGTA dans la politique gouvernementale au profit du patronat, visaient à faire taire les revendications des travailleurs par un pacte social décidé sans leur consentement. Ceci a ouvert la voie à plusieurs dépassements souvent couverts par la justice, l’inspection du travail et de l’UGTA. C’est le cas de dizaines de grèves des travailleurs dans le secteur privé, pour dénoncer l’exploitation abusive, l’atteinte à leur dignité, les mauvaises conditions de travail et pour demander des salaires correspondants à leur travail. Dans la plupart des cas ces grèves se sont terminées par des licenciements massifs. Des licenciements qui aggravent un chômage déjà en progression du fait de l’arrivée de jeunes de la formation professionnelle, des universitaires, et de ceux sans formation à la recherche d’un emploi.

Les seules mesures prises au profit des masses populaires visaient la création d’une hypothétique paix sociale. Les dispositifs illusoires comme le pré emploi des jeunes ou l’ANSEJ et d’autres sans de réelles perspectives ont plutôt compliqué la vie de ceux qui en ont bénéficié. Sans vision pour leur avenir, la plupart des jeunes s’occupent selon ce que leur offre la vie, parkingueur, dealer, vendeur à la sauvette au service de l’économie informelle ou faute de rien c’est « el harga ». Seules leurs familles, dans le désarroi, se préoccupent de leurs situations de peur qu’ils sombrent dans la marginalisation et les vices qui l’accompagnent. Au même moment, des groupes de personnes, proches des milieux dirigeants du pays, ont accumulé des fortunes colossales par des détournements des biens publics.

Les partis politiques dits de l’opposition qui ont bénéficié de quotas d’élus dans les différentes assemblées APC, APW et APN n’ont jamais dénoncé les mesures politiques, ni les lois qui ont conduit le pays dans la situation catastrophique que nous vivons. Certains de leurs militants en ont même bénéficié. Les seuls reproches qu’ils adressent au pouvoir concernent la manière dont ces quotas ont été fixés. Les problèmes qui touchent la vie des masses populaires dans leurs villes, leurs villages, leur travail, leurs problèmes de santé, de logement ne les préoccupent nullement. Ce sont ces raisons qui ont instauré un fossé entre ces masses d’un coté et le pouvoir et les partis politiques, d’un autre coté.

C’est dans cette situation, où la rupture totale de confiance marque d’une empreinte profonde la vie politique du pays, que devait se dérouler l’élection présidentielle, qui allait offrir un 5ème mandat à Abdelaziz Bouteflika, reconnu notoirement inapte à exercer la fonction de président de la république. Cette anomalie monumentale, indice manifeste du degré extrême de déliquescence de l’Etat des patrons mafieux, décriée et vécue comme une humiliation nationale par la totalité du peuple en dehors de l’alliance présidentielle, a conduit à la naissance du mouvement populaire du 22 février 2019.

Ce mouvement qui draine des couches sociales diverses et aux attentes multiples et différentes, est la résultante à la fois de l’imbrication complexe de plusieurs forces, engagées dans la guerre de repartage du pouvoir et cherchant mutuellement à se neutraliser, et de la volonté populaire d’en finir avec le régime des oligarques. Aujourd’hui, ce sont encore les masses populaires qui dominent ce mouvement, le Hirak. Elles le dominent par leur présence numérique mais pas par leurs propres revendications et par les aspirations qui les ont poussées à manifester leur désaccord avec la domination de la bourgeoisie et à dénoncer ses méfaits. Ce mouvement porte le poids des forces libérales et de leurs relais dans les médias qui s’emploient à masquer les contradictions de classe qui traversent le Hirak et visent à le mettre au service de la guerre des oligarques qui domine la crise du système politique algérien et notamment de l’une de ses composantes, opposée au chef d’état-major de l’ANP, chargé de maintenir l’ordre existant en le délestant de ses scories.

Le mouvement populaire est pratiquement sommé par toutes ces forces, de s’aligner sur les objectifs tactiques et stratégiques des différents clans bourgeois en guerre pour le repartage du pouvoir et surtout de ne pas sortir du strict cadre de leurs mots d’ordre « dégagistes », axés sur le replâtrage « démocratique » de la façade institutionnelle du régime, traçant ce faisant les limites de classe que le mouvement populaire ne doit pas franchir. Il constitue néanmoins une expérience précieuse dont il faut tirer les leçons pour les luttes à venir.

Le premier enseignement qui en découle fondamentalement est l’absence d’une organisation politique, qui lui apporte les éclairages politiques et idéologiques afin d’améliorer la qualité de sa lutte et de son organisation, ainsi qu’une plate forme de revendications portant les aspirations économiques et sociales des composantes populaires du mouvement. Ce lourd handicap, affecte l’ensemble des luttes engagées par les différentes couches populaires pour exiger la satisfaction de leurs légitimes revendications économiques et sociales. Les mesures politiques et répressives systématiques du pouvoir de la bourgeoisie régnante depuis près de quatre décennies ont réussi à neutraliser les éléments combatifs au sein du syndicat dans un contexte de multiplication des atteintes aux relations de travail, de précarité de l’emploi, d’aggravation du chômage, d’absence d’organisation de syndicale combative, d’interdiction de constituer des sections syndicales dans le privé. Cette politique de classe menée d’une main de fer, enveloppée dans le discours soporifique, socialement incolore des Réformes, a évidemment des conséquences négatives sur le degré de combativité des travailleurs en dépit de la dégradation continue de leurs conditions de vie et de travail.

Construire le parti du prolétariat libérateur et émancipateur des travailleurs : le parti communiste

Ce sont, précisément, ces conditions complexes, où les masses populaires n’entrevoient pas encore dans la lutte consciente et organisée les perspectives véritables de changement de leur situation désespérante, qui rendent plus que jamais urgente et nécessaire, l’existence du parti qui fait de cette lutte sa raison de vivre et d’existerLe prolétariat ne peut s’affranchir de l’emprise idéologique et politique de classe et briser les chaînes de la domination qui l’empêchent de mettre en mouvement sa formidable force émancipatrice, sans s’attaquer aux racines de l’exploitation, de la misère, de la hogra, de l’injustice, de l’obscurantisme, de l’ignorance. Le capitalisme,Il est vain et illusoire de croire que le prolétariat puisse entreprendre et réaliser une tâche historique de telles ampleur et envergure, visant l’abolition de l’exploitation capitaliste et la libération sociale des exploités et des humiliés, sans qu’il se donne l’instrument politique, un parti qui s’ancre dans les bases sociales de cette transformation révolutionnaire. Ce parti, c’est le parti communiste.

C’est, armés de cette conviction profonde et inébranlable du besoin objectif impérieux et irrépressible du parti d’avant- garde de la classe ouvrière algérienne, vérifié et éprouvé, dans l’expérience même des luttes au sein de la classe ouvrière et de la paysannerie, tout comme au cœur du Hirak, qu’un noyau de communistes algériens a décidé de reprendre le flambeau des luttes héroïques de nos ainés du mouvement ouvrier et communiste algérien et international et de s’atteler fermement et avec détermination à la création du parti communiste algérien.

Le parti communiste algérien inscrit son action en droite ligne des combats séculaires du peuple algérien contre l’exploitation coloniale et impérialiste, pour la libération nationale et le progrès social et se rattache aux riches traditions de solidarité anti-impérialiste et de classe des travailleurs algériens.

L’objectif stratégique du parti communiste algérien est l’édification d’une nouvelle société où la justice sociale sera garantie et où les moyens de production et d’échange appartiennent à la société, au profit de ceux qui produisent les richesses : une société socialiste.

Le noyau des communistes algériens, est déterminé à ne ménager aucun effort dans cette direction et à consentir tous les sacrifices nécessaires pour faire du parti communiste algérien, une force vivante, combative et rayonnante, au service des intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et du peuple algériens ainsi qu’au service de la lutte des peuples contre l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme et l’exploitation capitaliste.

Texte de proclamation du Parti communiste

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[Fr] Perspective communiste, blog francophone ayant pour vocation le partage d’informations nationales et internationales. De proposer des analyses marxistes de l’actualité et du débat d’idée. Ainsi que de parler de l’actualité du Parti Communiste Français et du Mouvement des Jeunes Communistes de France.

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