Actualités et informations
Samedi 18 Juin 2011
Aleka Papariga, secrétaire générale du KKE (Parti communiste grec), livre pour l''Humanité son analyse de la crise et des conséquences des programmes d’austérité pour son pays. Entretien.
Quelle analyse faites-vous de la crise économique ?
Aleka Papariga. Dès 1999, dans un document interne, nous avions prévu qu’une crise économique se produirait en Grèce. Elle est caractéristique du capitalisme contemporain, aggravée par son intégration dans l’Union Européenne. Nous prenons en compte ces éléments pour envisager la sortie de la crise. Depuis 2000, la récession frappe des domaines importants de l’industrie grecque. Les Jeux Olympiques de 2004, par les investissements qu’ils ont entrainés, ont apparemment retardé le déclenchement de cette crise. La Grèce a une dette extérieure importante depuis des années. Mais, pendant longtemps, son taux de croissance était de 5,5% quand il était de 2% en moyenne dans l’UE. Avec la récession depuis 2008, la dette a augmenté, de manière relative et absolue. Maintenant, la dette intérieure augmente à tel point que le gouvernement est en cessation de paiement pour les hôpitaux ou la sécurité sociale par exemple. Les banques ont pris des euroobligations toxiques. Selon les estimations, la dette intérieure et celle de l’extérieure s’élèvent à 600 milliards d’euros. Mais l’UE ne prend en compte que la dette extérieure. Une grande part de la dette est donc remboursée par les impôts ou a été transférée en euroobligations.
Mais les capitaux grecs en Suisse s’élèvent à 680 milliards d’euros !
Aleka Papariga. C’est ça le capitalisme. Les entrepreneurs ont la possibilité de transférer où ils veulent les capitaux privés. Le memorandum impose des coupes de salaires, une flexibilisation du marché du travail. La Grèce peut-elle s’en sortir dans ce cadre ? Quel regard portez-vous sur les « solutions » apportées ? Aleka Papariga. J’ai eu, hier, une conversation téléphonique avec le Premier ministre. Il m’a dit qu’il y avait une possibilité que les entreprises qui doivent être privatisées soient hypothéquées à hauteur de 90 milliards d’euros. Ce qui veut dire que ces privatisations ne rapporteront rien à la Grèce. C’est pourquoi il tente de mettre en place un gouvernement d’union nationale. Dans cette phase, l’UE ne veut pas que la Grèce soit en faillite, non parce qu’ils s’intéressent au peuple grec, mais parce que sinon, la zone euro dans son ensemble sera en difficulté puisque l’Irlande et le Portugal ont des problèmes et que l’Espagne et l’Italie vont en rencontrer prochainement. Jusqu’à maintenant, la situation telle qu’elle se présente est celle d’une faillite contrôlée. Sinon, la zone euro entrera dans une crise structurelle. Elle arrive mais pour l’instant, ils tentent de l’éviter. Aujourd’hui, le conflit s’aggrave entre les Etats, les entreprises et les banques. En Grèce, le mouvement ouvrier et populaire fait, lui aussi, peur. Peut-être ce mouvement n’est pas au niveau auquel nous le souhaiterions, mais c’est un mouvement important et populaire ; nous avons fait plus de 20 grèves en un an et demi. Justement, le Pame y participe activement, mais il semble que ses rangs soient moins peuplés… Aleka Papariga. Tout d’abord, le Pame a des mobilisations plus massives que les autres organisations syndicales. Certes, il est sûr qu’il y a eu une petite chute après les 3 morts dans la Banque Marfin le 5 mai 2010 ou encore les événements provoqués par ceux qui sont masqués dans les manifestations. Certains ont eu peur de manifester, par exemple, dans le centre d’Athènes. Nous avons vécu de grands conflits en Grèce. C’est pourquoi nous croyons que ces mécanismes sont utilisés pour donner un coup d’arrêt au mouvement. Mais maintenant, ce mouvement a repris de l’ampleur. Dans la manifestation d’hier comme dans celle du 5 juin, une partie de la base ouvrière s’est jointe au mouvement des Indignés. Comment perçoit-on, au KKE, ce mouvement des Indignés ? Lorsque l’on discute avec des membres de la jeunesse du KKE, notamment, j’ai l’impression qu’il provoque une forme de peur… Aleka Papariga. Nous avions prévu qu’il y aurait un mouvement de masse populaire plus ample et sans expérience politique. Nous n’avons pas eu peur, c’est quelque chose dont on voulait. Ainsi, le mouvement va augmenter et se renforcer. Nous sommes très attentifs en ce qui concerne la place Syntagma. Peut-être un membre de la kne, face à ces événements nouveaux, a pu avoir peur. Mais le parti n’en a pas peur. Le problème que nous avons vu est qu’il faut que les partis et les syndicats soient hors de la manifestation. Nous comprenons qu’ils ne veuillent pas qu’il y ait des slogans et des panneaux des partis. Si un cadre du parti, connu, vient, on lui demande de s’en aller. Mais on ne peut pas diviser le mouvement entre ceux qui sont dans le parti et ceux en dehors. Ce que nous avons fait, ce que des membres du parti et de la kne ont fait, ils sont allés donner des tracts, mais pas des tracts du parti. Nous avons eu des retours positifs. Je ne peux pas aller sur la place et dire que je suis hors du parti, ce serait une hypocrisie. C’est autre chose de ne pas avoir sur moi de panneau du parti. Nous sommes allés deux fois à Syntagma de manière organisée, en masse, le 15 juin et le 11 juin, afin de rompre avec cette situation car on nous disait que nous n’avions pas le droit d’y aller. Mais à Syntagma, il y a aussi le parlement, la Vouli. Alors où aller manifester ? La place est divisée en deux. Près du parlement, en haut, il y a ceux qui professent des insultes et portent les drapeaux grecs. C’est là pour partie qu’est Nouvelle Démocratie et une partie des étudiants, des nationalistes, des conservateurs. Leur slogan est : « ils sont des voleurs ». Ils ciblent les députés. Leurs slogans disent qu’ils veulent brûler le parlement. En bas de la place, la foule est plus spontanée, simple et progressiste. Là se retrouvent des forces de la gauche non parlementaire. Ils organisent les assemblées populaires. C’est là que nous distribuons des tracts. On dit qu’il y aura un parti des sans-parti. Nous faisons la critique pas à la place en général mais à cette conception. Si nous y allons de manière organisée, nous serons en conflit avec eux. Des membres de la kne, qui avaient des cartes du parti, ont presque été battus. Et pourtant, certains médias les supportent. Notre critique essentielle se situe sur le fait qu’il ne doit pas y avoir de conflit entre le spontané et l’organisé. Dans une déclaration, vous avez expliqué que vous étiez contre la sortie de l’Euro. Sur la place Syntagma, on entend souvent dire qu’il faut sortir de l’euro. Continuez-vous à penser qu’il ne faut pas sortir de cette zone ou au contraire, qu’il faut en sortir, répondant ainsi aux Indignés ? Aleka Papariga. J’ai eu une question par un journaliste sur la nécessité de retourner à la Drachme. Notre position est le désengagement de l’UE. Sortir de l’euro et retourner à la Drachme est une demande de certains entrepreneurs qui ont des capitaux à l’étranger, par exemple des armateurs. Ils apporteront leurs capitaux en Grèce afin d’acheter des ports, aéroports… à bas prix. Ce n’est pas une réponse pour la situation du peuple. Nous avons une proposition complète pour le désengagement de l’UE. Et puis, nous devons créer un nouveau départ. Il faudra de nouvelles mesures avant de rentrer dans la zone euro. C’est une réponse claire mais certains médias n’ont pas donné la réponse entière. En plus, on a présenté que je posais cette question seule, sans celle du journaliste. Aujourd’hui, il y a une crise de la dette en Grèce, crise de la dette qui pourrait arriver en France, bref, il y a une crise du système. L’Euro est-elle, dans les circonstances actuelles, une monnaie qu’il faut conserver ? Aleka Papariga. Notre proposition n’est pas isolée. Nous posons la question de lutter contre ce memorandum, contre ce nouveau programme à moyen-terme, de réagir contre les mesures mais par un front social et populaire qui revendique le pouvoir, un pouvoir qui reversera les monopoles, désengager la Grèce de l’UE, tout d’abord par la socialisation des grands moyens de production. Mais il n’y a plus de base productive en Grèce… Aleka Papariga. C’est le développement typique, d’anarchie et injuste. Le textile, par exemple, a été battu par les produits chinois. Nous avons une production agricole qui peut soutenir de nombreux domaines industriels. Nous avons des terres riches qui pourront soutenir des produits industriels contemporains. Dans certains domaines, nous sommes dans le cadre de l’UE, le premier pays à disposer des telles terres riches. Après les années 70 et 80, nous avons modernisé les structures industrielles et les entreprises dépassées ont été fermées ; mais certains domaines industriels sont en progrès : chimiques, pharmaceutiques, alimentaires. Ils connaissent même des exportations. Nos industries pétrolières, dont la raffinerie, sont modernes. C’est pourquoi nous disons que le développement capitaliste développe certains domaines mais en détruit d’autres. Dans les conditions de crise, le problème du pouvoir ne se pose pas à cause du rapport des forces mais parce que deux voies de développement différentes répondent à la situation, par exemple au chômage, aux dettes, au déficit… |
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