À partir de 6h du matin ce lundi, six personnes ont été arrêtées par la police. Leur crime? Être suspectées d'être impliquées dans la désormais bien connue bousculade d'Air France, dont les images ont fait le tour du monde.

Ce sont des salariés de l'entreprise qui, comme tant d'autres, n'ont eu d'autre choix pour se faire entendre de leur direction que de recourir à une manifestation pour interrompre une réunion. Le motif? Un plan de 2900 suppressions de postes venait d'être confirmé.

A trop jouer avec le feu la direction de l'entreprise avait alors entre-aperçu ce que peut être le résultat de sa politique. Mais après l'émoi médiatique généralisé et la compassion des dirigeants politiques et économiques pour deux chemises déchirées, voilà donc la riposte disproportionnée des tenants du système capitaliste. Traités comme les pires des criminels, des salariés en lutte pour conserver leur emploi, dont certains sont syndicalistes, sont arrachés à leur foyer et placés en garde à vue. Leur sort sonne comme un exemple : un message envoyé à tous ceux à qui viendrait l'idée de remettre en question les choix et les stratégies du patronat.

Désormais, on punit le désespoir et on récompense le cynisme.

Par la voix du Premier ministre, le gouvernement avait été très clair. Les « voyous » étaient les salariés en colère qui osaient s'en prendre à des dirigeants. Mais pas un mot sur le fait que ces derniers se soient octroyés des augmentations de salaire de 30 à 70% et qu'ils se permettent de balayer d'un revers de la main près de 3000 emplois en arguant que l'entreprise ne peut plus faire face. Soit dit en passant, depuis l’arrivée d’Alexandre de Juniac à la tête de la compagnie aérienne, quatre vagues de suppressions de postes ont été annoncées, soit près de 15 000 salariés. Il faut dire que les lois Rebsamen et Macron ont accéléré l’attaque des droits démocratiques des travailleurs sur leurs lieux de travail.

Les salariés d'Air France, comme l'ensemble des travailleurs de ce pays, ne réclament que le respect et la dignité. Or, non content de trainer dans la boue des milliers de destins, le patronat fait appel à la violence d'Etat pour mater le moindre soubresaut dans les rangs de sa main d'œuvre. Et plutôt que de s'impliquer dans la sauvegarde de l'emploi, le ministère accoure à la rescousse des puissants, c'est inacceptable! Combien de jeunes salariés de l’entreprise seront touchés par ce carnage ?


Nous sommes solidaires de la lutte des salariés d'Air France car notre génération subit cette répression dans tous les mouvements sociaux pour leur droit à l’éducation, leurs camarades sans-papiers, la paix ou l’écologie. Nous n'acceptons pas la criminalisation des travailleurs qui se battent pour leur avenir et celui de leur entreprise. Nous refusons les dérives sécuritaires qui criminalisent les mouvements sociaux.

Les véritables bandits sont ceux qui se goinfrent des richesses que nous créons par notre travail!