Le scrutin vise à renouveler les 543 sièges sur 545 de Lok Sabha (chambre basse du parlement indien), sachant qu'il faut 272 sièges pour avoir une majorité pour gouverner. Ces sièges sont pourvus dans 543 circonscriptions selon un scrutin uninominal à un tour (celui qui arrive en tête, remporte le siège).

Aujourd'hui la Lok Sabha est majoritairement tenue par la coalition National Democratic Alliance avec 341 sièges (dont 282 pour le seul BJP). L'opposition est composée de l'United Progressive Alliance avec 66 sièges (dont 44 pour l'Indian Congress) et les autres partis disposent de 138 sièges. Dans l'actuelle assemblée, les communistes sont représentés par 9 député.e.s du CPI(M) et 1 député du CPI. Au niveau des formations de gauche, il y a aussi le Revolutionary Socialist Party (1 siège), le Samajwadi Party (7 sièges).

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L'un des enjeux de ces élections est de battre le gouvernement de Narenda Modi et de mettre fin à la gestion nationaliste (et ultra-libérale) de l'Inde. Les deux coalitions principales vont s'affronter. D'un côté la NDA (BJP) qui dispose de solides soutiens en Inde et de l'autre l'UPA dirigée par un Indian Congress en crise et qui est concurrencé par des partis régionaux comme le BJD et le AITC.

Les sondages d'opinion donnent au BJP une avance en terme de voix (34% à 41%) et en sièges (233 à 335 sièges). L'opposition n'ayant pas réussi à réellement s'unir risque d'échouer à constituer une majorité. La coalition conduite par l'Indian Congress n'étant créditée que de 28% à 33% des voix et de 89 à 167 sièges. Les autres formations (dont communistes) étant estimée à 105 à 142 sièges. Ces dernières peuvent effectivement, en fonction des résultats, faire pencher la balance en faveur des nationalistes ou du centre.

L'enjeu pour les communistes : Ne pas disparaître du parlement

Pour les communistes en Inde, la situation est extrêmement tendue et on n'est pas à l'abri de voir disparaître le CPI et le CPI(M) du parlement. Pour les élections qui s'ouvrent demain, le CPI va présenter 37 candidat.e.s (contre 62 en 2014) et le CPI(M) n'alignera que 71 candidat.e.s (contre 98 en 2014), cette situation s'explique par le mode de scrutin qui favorise les gros partis (et les gros partis régionaux) et les coalitions nationales (NDA et UPA).

Face à cette situation, le CPI et le CPI(M) ont centré leurs candidatures sur les zones d'implantation des communistes (Kerala, Tripura, Bengale-Occidental) et sur certaines circonscriptions où des conquêtes peuvent être réalisées (Bihar, Rajasthan, Maharashtra ... notamment les régions où il y a eu d'importantes mobilisations sociales et paysannes en 018-2019). Mais le pari est risqué, tant les enjeux sont forts.

Les enquêtes d'opinions ne sont pas favorables à un retour des communistes, mais en général ces enquêtes ne sont pas très fiables. Il est fréquent de constater que ces dernières se sont trompées. Mais présentons les :

1- Le CPI(M) joue sa survie au Tripura

Jadis bastion du Parti Communiste d'Inde (Marxiste), c'est le BJP qui s'est imposé lors des dernières élections dans l'Etat et dirige ce dernier d'une main de fer. Le CPI(M) va jouer sa survit, notamment en tentant de sauver ses deux députés. Les enquêtes donnent au CPI(M) entre 0 et 1 siège. En 2014, le CPI(M) recueillait 64% des voix. Les enquêtes donnent au CPI(M) encore plus de 32,6% des intentions de votes.

2- Le Left Front veut retrouver son leadership au Bengale-Occidental

Perdu en 2011 au profit de l'AITC, le Left Front (conduit par le CPI(M)) connait de sévères défaites politiques depuis quelques années. Ayant que 2 députés sortants (sur 42 sièges), les enquêtes donnent au Left Front entre 0 et 1 élu. Dans cet Etat c'est le BJP qui a repris le rôle d'opposant et qui connait une croissance forte. Plusieurs enquêtes donnent au LF 14,4% des intentions de votes (contre 29,5% en 2014).

3- Inquiétudes au Kerala

C'est la plus grosse inquiétude, car toutes les enquêtes sont sévères avec le Left Democratic Front. Les enquêtes indiquent que c'est l'Indian Congress qui remporterait massivement le scrutin avec 12 à 16 sièges (sur les 20 que compte l'Etat). Le LDF reculerait à 3 à 4 sièges (contre 8 sortants) et le BJP pourrait faire une percée avec 0 à 1 sièges.

Ces enquêtes sont assez inquiétantes, car si elles venaient à se traduite par ces résultats, le gouvernement communiste du Kerala se retrouverait en difficulté pour finir sa mandature. Enquêtes assez difficile à comprendre car les élections locales qui se sont déroulées fin 2018 et début 2019 ont été positives pour le LDF.

Le parachutage de Rahul Gandhi et l'organisation de conflits religieux servent à affaiblir le LDF, Les candidat.e.s du LDF ont été nommés rapidement, avec soin, présentent des atouts réels pour gagner. Mais l'arrivée de Rahul Gandhi bouscule la scène politique locale et booste très clairement l'INC et le BJP. Mais les communistes restent confiant et Kodiyeri Balakrishnan (CPIM), comme Pinarayi Vijayan, pensent que les soutiens locaux sont plus fort que des enquêtes d'opinions menées par des médias clairement tenus par le BJP et l'INC.

En 2014, le LDF remportait 29,2% des voix et obtenait 8 élu.e.s (5 CPI(M), 1 CPI et 2 indépendant du LDF). Les enquêtes d'opinion donnent des intentions de vote situées entre 29% et 31%, avec un Indian Congress a plus de 43% et un BJP entre 12% et 21%.

4- Des possibles surprises

Elles sont doubles :

- Transformer l'essai des fortes mobilisations sociales et paysannes notamment au Rajasthan, où le CPI(M)à après d’importantes luttes paysannes avait remporté les circonscriptions de Dungargarh et de Bhadra. Ainsi le CPI(M) vise à conquérir les circonscriptions de Churu, Sikar et Bikaner, des circonscriptions où le CPI(M) a réalisé d'importants scores lors des élections de 2018. Même scénario pour les circonscriptions de Khammam (Tamil Nadu), Dindori (Maharashtra) etc.

- Le cas de Kanhaiya Kumar au Bihar. L'espoir du Parti Communiste d'Inde a des chances de récupérer ce vieux bastion communiste qu'est la circonscription de Begusarai. La campagne sur place est en faveur du jeune communiste, mais les électeurs et électrices peuvent choisir de rester sous le giron du BJP ou d'un des partis associés à l'Indian Congress.