Je suis impliquée dans cette histoire pârce que je suis une amie proche d'Emilie Lelouch.
Je ne suis pas membre de l'ADZ ni famille accueillante. Je n'ai pas participé à la mise en place de cette action.
Je voulais me présenter avant de vous répondre pour que tout soit clair. Mon avis est forcément orienté vu mon implication affective. Mais j'essaie de rester le plus objective possible!
1- Les intentions de départ ne peuvent pas être remise en cause. Je connais Emilie depuis suffisamment longtemps pour n'avoir aucun doute sur le caractère humanitaire de l'opération. Il s'agissait de sortir des enfants orphelins de guerre de l'enfer (le camp avancé de l'ADZ était à Adret, zone frontalière des conflits du Darfour. ce n'était donc pas un lieu de tout repos )et de leur offrir soins et protection. De fait, de nombreux enfants ont été soignés (orphelins et non orphelins). seuls les enfants présentés comme soudanais et orphelins ont été amenés à Abéché et devaient être évacués vers la France.
Je n'étais pas sur place mais je me fie aux témoignages des gens qui y étaient. Notamment Gisèle, pédiatre;et, pour faire comme la justice tchadienne, aux articles de Paris match du 8 au 14 novembre 2007.
Le photographe Jean-Daniel Guillou (arrêté puis libéré en novembre) affirme:"Ils souffraient tous de malnutrition,[...] souvent avec des problèmes cutanés. A Abéché, toute une batterie d'examen était effectuée (VIH, hépathite, diabète, palud)."
Il s'avère que certains souffraient d'hépathite et que malheureusement pour ces enfants, ils n'auront pas les soins nécessaires maintenant.
2- L'opération n'a pas été montée uniquement par Eric Breteau et Emilie. Le côté juridique du projet a été élaboré par une avocate et trois juristes. Ils se sont donc appuyés sur des textes de loi réels et existants, signés par la France et le Tchad (notamment la convention de Genève de 1951 qui assure protection à toute personne qui assure la protection de personne tentant de fuir la guerre.)
Eric n'est pas le fou que l'on veut présenter. Jamais il n'aurait mis en danger ses compagnons en partant sur une action illégale.
Eric n'est pas médecin, il a donc fait appel à des médecins. Il n'est pas infirmier. Il a donc fait appel à des infirmiers. Il n'est pas juriste. Il a donc fait appel à des hommes et femme de loi.
3-Que s'est'il passé ensuite? Je n'en sais rien. Je n'y étais pas et vous non plus. seuls les membres de l'opération peuvent répondre et on ne leur donne pas la parole. Alors, comment savoir?
Les médias les ont condamnés avant même la parodie de procès au Tchad. Au lendemain de l'arrestation, ils étaient coupables!
L'état français les a condamnés, qualifiant l'opération d'illégale, alors qu'elle s'appuyait sur des textes de loi précis, de clandestine alors que de nombreux services de l'état étaient informés (ministère des affaires étrangères, ministères des affaires sociales qui devaient prendre les enfants en charge à leur arrivée en france selon l'organisation prévue par l'ADZ,, le ministère de la justice, de nombreux députés et sénateurs...) sans parler des propos absolument diffamatoires du président tchadien Idriss Déby qui les a accusé de trafic d'organes et de pédophilie.
4- Le procès au Tchad n'a respecté aucun droit de la défense. Ce n'est pas moi qui le dit mais les avocats français et tchadiens ainsi qu'un certain nombre de démocrates tchadiens et africains. Or le droit tchadien est construit comme le droit français ( sans doute le résultat des années de colonisation! Mais ce n'est pas la faute de l'Atche de zoé!). Les droits de la défense existent et le Tchad a même signé la Chartre africaine des droits del'Homme.Surfer sur les sites journalistiques africains pendant le temps du procès était très intéressant! De nombreux intellectuels africains ont été scandalisés par cette affaire et par l'utilisation qui en a été faite par M Déby pour sa politique intérieure.
Voilà, entre autre, pourquoi je soutiens les 6 membres de l'ADZ et pourquoi j'espère qu'ils seront libérés. En France, lorsqu'il y a un vice de forme, la condamnation est cassée, purement et simplement. Là, il n'y a pas eu un vice de forme mais une succession de vice de forme.
Juste pour info, parce que vous parlez d'enlèvement, l'ADZ voulait certes évacuer des enfants orphelins darfouris pour qu'ils soient pris en charge par des familles d'acceuil d'urgence en France mais il s'agissait d'un accueil d'urgence. L'association a toujours prévenu les familles d'accueil que ces enfants pouvaient être amenés un jour à rentrer chez eux.
La France, c-à-d, le gouvernement français, a lui pris des enfants rwandais, sans même chercher à savoir s'ils étaient orphelins, contrairement à l'ADZ, et les a ramenés en France pour y être adoptés. losque les horreurs rwandaises ont été finies, les familles rwandaises ont réclamés leurs enfants et l'état français a répondu que c'était impossible car ils avaient été adoptés par des familles françaises.
A l'époque, personne n'a rien trouvé à redire. La france n'a pas été accusée d'idéologie colonialiste ni de rapt ni de tentative d'intermédiaire illégale en matière d'adoption. aucun des griefs reprochés aujourd'hui à l' ADZ qui a pourtant pris plus de précaution que l'état à l'époque.
Pour conclure, je ,et je vous rejoins, que dans cette histoire, il y a un problème de droit et de légalité et un problème d'éthique (désolée, le mot moral est trop connoté pour moi!). Ethiquement, cette opération de sauvetage des ces enfants est-elle acceptable? C'est un vrai débat philosophique et éthique et je ne prétendrais pas trancher sur la question. je pense juste que les choses ne sont pas si évidentes que cela. tout n'est pas noir ou blanc.
Légalement, le procès tchadien n'a pas été équitable et légal. il n'a pas respecté les procédures. il semble normal que la peine soit cassée et que la justice française ne la reconnaisse pas.
J'espère avoir répondu à certaines de vos questions, sans aucune agressivité et de la manière la plus objective possible.