EditoWeb Magazine

J'essaie d'imaginer ce qui peut se passer dans la tête d'Elizabeth à l'idée d'avoir à affronter la face haïe du père qui aurait pu la briser de façon
irrémédiable sans ces naissances répétées qui l'auront probablement maintenue en vie. Mais comment surmonter cette terreur dans laquelle elle a vécu pendant 24 ans comme un cauchemar sans fin. C'est long 24 ans, c'est très long. Ce sont toutes ces années, toutes ces humiliations qui seront encore là, plantées en elles comme un glaive à travers l'écran de télévision. Quels sentiments éprouverais-je moi-même de revoir la face haïe de cette bête immonde sinon une intense, une débordante violence qui emporterait tout sur son passage? Cette haine ne risque-t-elle pas d'emporter la raison d'Élizabeth ? Seule la mort de ce monstre pourrait réparer une telle offense à la dignité humaine. Hélas, nous vivons dans une société comptable qui jugera à l'aune de l'attitude hautaine de ce Fritzl et de ses tours de passe-passe qui auront déjoué tous ses naïfs voisins. NON. Il ne faut pas que triomphe pareille infamie lpareil escamotage. NON. Il ne faut pas que cet homme ait le droit de questionner, d'interrompre, de reprendre le dessus sur l'être brisée qu'est Élizabeth, malgré tout son courage. Car qui peut croire que des psychiatres auront pu ressusciter en quelques mois une morte vivante en un tombeau souterrain ? De savoir qu'Èlizabeth pourrait s'écrouler comme le marathonien de Samothrace pourrait signifier l'horreur du bien écrasé par le mal absolu. Souhaitons qu'elle sache par ses paroles écraser sous son talon ce serpent venimeux.