Afrique et Moyen-Orient
26/08/2008 19:36

Zimbabwe: quatre élus de l'opposition arrêtés

HARARE-Quatre députés du principal parti d'opposition zimbabwéen ont été arrêtés mardi à Harare, où le président Robert Mugabe a ouvert le même jour le Parlement, a annoncé la police.



Dans un premier temps, le MDC avait annoncé l'interpellation mardi de trois de ses députés. Il n'a pas ensuite été en mesure de confirmer ou non une quatrième arrestation.

Une accusation pèse contre chacun des quatre députés interpellés mardi selon la police: tentative de meurtre, incitation à la violence publique, viol sur une jeune fille de 17 ans et provocation en vue d'une désaffection au sein des forces de sécurité, a précisé le porte-parole de la police, Wayne Bvudzijena, dans un communiqué.

Un autre parlementaire du MDC avait été arrêté lundi à son arrivée au Parlement et écroué pour viol, une affaire qui avait pourtant été classée.

"Les arrestations de (...) parlementaires basées sur des accusations de violences politiques inventées de toutes pièces sont destinées à frustrer le projet du peuple après la victoire du MDC au Parlement lors des élections générales du 29 mars", a estimé le MDC dans un communiqué mardi.


Le pouvoir accuse des élus du MDC de crimes allant de la tentative de meurtre à l'incendie volontaire, dans le cadre des violences politiques qui ont éclaté entre les élections générales fin mars et la réélection du président Robert Mugabe le 27 juin.

L'ONU impute cependant aux partisans du régime la responsabilité de ces exactions qui ont fait au moins 200 morts, selon le MDC.

Les députés du MDC ont remis mardi au chef de l'Etat une pétition déclarant "nulle et non avenue" l'ouverture du Parlement, estimant qu'elle violait l'engagement des parties à négocier un partage du pouvoir entre pouvoir et opposition.

Lundi, un autre député du MDC avait été brièvement "entendu" par la police avant de pouvoir pénétrer dans l'enceinte du Parlement et prêter serment.

"Des engagements importants (pour un gouvernement d'union nationale entre pouvoir et opposition) ont été conclus, avec l'espoir que tout le monde va signer", a déclaré le président Mugabe, à peine audible sous les cris de députés du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

"Les élections sont maintenant derrière nous (...) Maintenant, il est temps de placer le Zimbabwe en premier", a poursuivi Mugabe devant les 210 membres du Parlement, dont 99 du MDC de son rival Morgan Tsvangirai.

Le chef de l'Etat, arrivé à bord d'une Rolls Royce au Parlement, avait été acclamé par des partisans chantant "il est notre père. Il est notre leader".

Mais les élus de l'opposition n'ont cessé de l'interpeller pendant son discours, scandant "la Zanu est pourrie" en référence au parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), selon des images transmises en direct par la télévision d'Etat.

Après avoir renoncé à un boycott annoncé dans la matinée, les députés du MDC étaient finalement présents pour remettre au plus vieux chef d'Etat du continent - 84 ans dont 28 au pouvoir - une pétition affirmant que la session inaugurale était "nulle et non avenue" puisqu'en "violation manifeste" de l'engagement pris par les parties à négocier un accord de partage du pouvoir.

Le MDC avait indiqué la semaine dernière que la convocation du Parlement, si elle entraînait la formation d'un gouvernement, fermerait la porte à ces pourparlers destinés à sortir le pays de la crise née de la défaite historique du pouvoir aux élections générales fin mars.

Ces tractations ont été suspendues sine die le 12 août, chaque camp voulant contrôler l'exécutif.

L'élection lundi à la présidence du Parlement d'un dirigeant du MDC, Lovemore Moyo, a sapé les efforts du régime pour conclure une alliance avec un groupe minoritaire de l'opposition qui écarterait du pouvoir le leader du MDC Morgan Tsvangirai.

Ce vote a aussi révélé des divisions au sein de la Zanu-PF: le décompte montre que certains de ses élus ont voté pour le candidat du MDC.

L'élection du président du Parlement a pris cinq mois en raison de la publication tardive des résultats des législatives, puis de la tenue fin juin d'un second tour de la présidentielle, boycotté par l'opposition face aux violences déchaînées par le régime. Seul en lice, M. Mugabe avait été réélu.

La prochaine session du Parlement est prévue le 14 octobre.

Source: Edicom

Awa Diakhate



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