Afrique et Moyen-Orient
05/06/2008 17:30

Zimbabwe: Tsvangirai reprend sa campagne après sa détention


Le leader de l'opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai, retenu mercredi pendant neuf heures par la police en pleine campagne électorale pour le second tour de la présidentielle, a repris jeudi sa tournée du pays, affirmant sa "résolution" à aller jusqu'au bout.


Morgan Tsvangirai a été remis en liberté après que le président sud-africain Thabo Mbeki eut téléphoné au gouvernement zimbabwéen, a annoncé jeudi le porte-parole de la présidence sud-africaine.

"Des discussions ont eu lieu entre des représentants du gouvernement à Harare, au cours desquelles le président (Mbeki) a plaidé en faveur de la libération de M. Tsvangirai ", a déclaré à l'AFP Mukoni Ratshitanga.

L'appel téléphonique est intervenu mercredi en milieu de journée, juste après l'interpellation de Morgan Tsvangirai, qui doit affronter le président Robert Mugabe au second tour de la présidentielle le 27 juin.

L'incident, dû selon la police à un problème de papiers pour une voiture, "n'a pas ébranlé notre résolution à tout faire pour un nouveau départ, pour un nouveau Zimbabwe", a déclaré Tsvangirai dans un communiqué.

"Nous sommes convaincus de la justesse de notre cause et nous ne dévierons pas jusqu'à ce que nous ayons rétabli la dignité du peuple du Zimbabwe", a-t-il poursuivi, selon le texte publié par son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Tsvangirai, 56 ans, affronte le 27 juin le chef de l'Etat sortant Robert Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, au second tour de la présidentielle. Le régime a subi une défaite historique lors des élections générales du 29 mars, perdant sa mainmise sur la Chambre des députés.

A la présidentielle, Mugabe a dû s'incliner devant le leader du MDC, qui n'a toutefois pas obtenu la majorité absolue requise pour l'emporter au premier tour.

Mercredi, l'opposant avait été emmené au commissariat de Lupane (sud-ouest), où il a été retenu pendant neuf heures avec d'autres dirigeants du parti. Selon la police, il s'agissait de vérifier l'immatriculation d'une voiture du convoi enregistrée en Afrique du Sud.

"Il n'a pas été arrêté", a affirmé jeudi à l'AFP le porte-parole de la police nationale Wayne Bvudzijena. Le convoi du MDC a été contrôlé à un barrage routier et les papiers produits pour le véhicule qui transportait Tsvangirai "n'étaient pas acceptables", selon lui.

Le groupe a alors "été invité à se rendre au commissariat (...). La police voulait simplement clarifier la situation" de cette voiture", a ajouté le porte-parole, rejetant tout lien avec la campagne.

Le président du MDC et son entourage, dont la vice-présidente et le directeur général du parti Thokozani Khupe et Lovemore Moyo, ont finalement été libérés dans la soirée sans qu'aucune inculpation ait été prononcée, a indiqué son avocat, Job Sibanda. La berline a été saisie.

"C'est un affront à la démocratie", a lancé le secrétaire général du MDC, Tendai Biti, à la radio publique sud-africaine SAFM. "Où dans le monde peut-on retenir quelqu'un pendant neuf heures pour une histoire d'immatriculation de véhicule ?"

Depuis le début de la campagne, le MDC doit surmonter de multiples obstacles pour se faire entendre.

La plupart de ses rassemblements ont été interdits et ses partisans sont victimes de violences politiques qui ont fait, selon le parti, une soixantaine de morts, des centaines de blessés et des dizaines de milliers de déplacés.

L'Onu a dénoncé une flambée de violences depuis le 29 mars, dont la responsabilité incombe essentiellement aux partisans du régime Mugabe.

Les dirigeants du MDC sont prêts à affronter toutes sortes de déboires, a affirmé Moyo jeudi à l'AFP. "Nous avons engagé un combat (...). Nous savions que nous serions confrontés à ce genre de choses, à la brutalité, mais nous sommes des soldats qui nous battons pour libérer le Zimbabwe".

Selon lui, Tsvangirai va adapter sa campagne, renonçant aux meetings pour privilégier les rencontres à pied dans les villages. Cette tactique "nous permettra de rencontrer les gens là où ils vivent plutôt que dans des grandes réunions".

Tsvangirai, ancien leader syndical, a été arrêté à plusieurs reprises et avait été passé à tabac par les forces de l'ordre en mars 2007. En février 2002, juste avant la présidentielle, il avait déjà été accusé de "trahison", puis acquitté en 2004.

Son interpellation, mercredi, avait suscité des réactions immédiates des Etats-Unis et de l'Union européenne, qui ont exprimé leur inquiétude.

Source: yahoo news


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