Afrique et Moyen-Orient
15/04/2008 16:27

Zimbabwe: Appel à la grève générale


A l'occasion d'un appel à la grève générale lancé par l'opposition en vue d'obtenir la publication des résultats de la présidentielle du 29 mars au Zimbabwe, des renforts militaires et policiers étaient déployés mardi dans les rues d'Harare.



Lundi, la Haute Cour a contrecarré la stratégie du camp de Morgan Tsvangirai en rejetant une requête qu'il avait présentée dans ce sens. La juridiction doit examiner mardi une pétition de l'opposition visant à bloquer un nouveau comptage des bulletins réclamés par le parti au pouvoir (ZANU-PF) dans le cadre des législatives, tenues le même jour que la présidentielle. L'opposition, qui a obtenu une étroite majorité au sein du Parlement comptant 210 membres, craint qu'un nouveau comptage ne donne lieu à des fraudes et à un renversement de la situation.

Le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai, qui affirme avoir remporté le scrutin présidentiel, accuse le président Robert Mugabe de retarder la publication des résultats pour se maintenir au pouvoir. D'après des observateurs indépendants, le chef d'Etat, à la tête du pays depuis 28 ans, aurait été battu mais un second tour serait nécessaire car son adversaire n'aurait pas obtenu un nombre de voix suffisant.

La commission électorale a affirmé qu'elle ne pouvait pas publier les résultats avant d'avoir enquêté sur des anomalies électorales. Une explication jugée "valide" sur le plan juridique par la Haute Cour, provoquant la satisfaction du gouvernement et la déception de Morgan Tvsangirai, qui a accusé la commission électorale de travailler main dans la main avec le pouvoir de Mugabe. Côté international, les Etats-Unis ont renouvelé leur appel en faveur de la diffusion immédiate des résultats.

Dans un pays où tous les rassemblements politiques sont interdits par la police, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a précisé que la grève de mardi ne prendrait pas la forme de manifestations de rue. "Chaque Zimbabwéen devrait rester chez lui (jusqu'à ce que) la commission électorale annonce les résultats du scrutin présidentiel", a souligné Nqobizitha Mlilo, porte-parole du MDC.

Mais la grève n'a pas fait l'objet d'une grande publicité avant mardi et la circulation dans la matinée était aussi dense que de coutume dans les rues de Harare, où magasins et entreprises semblaient fonctionner normalement.

Le quotidien d'Etat a qualifié la grève d'"illégale" et précisé que la police traiterait "sévèrement" toute personne qui contreviendrait à la loi. "La Force de réaction nationale a été activée avec le renfort des policiers" pour protéger les Zimbabwéens qui entendent se rendre au travail, a déclaré Wayne Bvudzijena des forces de police, selon l'"Herald".

Selon le gouvernement, l'opposition projeterait de se servir de la grève pour fomenter des troubles. D'après des habitants du quartier Glen Norah d'Harare, la police invitait les foules de banlieusards qui attendaient des bus à se disperser. Des postes de contrôles routiers étaient en place autour de la capitale.

On ignore l'impact que pourrait avoir un arrêt de travail sur un pays économiquement ravagé où le taux de chômage atteint 80%. Par le passé, des appels à la grève ont rencontré la résistance de salariés, qui ne pouvaient pas se permettre de perdre un jour de paie dans un pays en plein marasme où l'inflation s'est emballée.

Les derniers événements au Zimbabwe ont donné lieu à de multiples condamnations au sein de la communauté internationale. Depuis le 29 mars, les militants du parti au pouvoir ont orchestré une campagne de violence contre l'opposition avant un possible second tour, selon des associations de défense des droits de l'Homme et l'opposition. Le groupe Zimbabwe Lawyers for Human Rights faisait état lundi d'au moins 130 attaques sur des membres de l'opposition et des observateurs indépendants. Deux personnes ont été tuées et 29 autres hospitalisées pour de graves blessures, selon la directrice Irene Petras.

Source: yahoo news



Arame Diène



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