Amériques
30/10/2009 14:11

Vers une sortie de crise au Honduras

Le gouvernement de facto en place au Honduras depuis le putsch du 28 juin dernier a cédé à la pression internationale et accepté le retour au pouvoir du président déchu Manuel Zelaya.



L'avancée a été obtenue jeudi soir à la suite de nouvelles pressions de l'administration américaine sur Tegucigalpa.

Une délégation américaine, emmenée par le secrétaire d'Etat adjoint Tom Shannon et l'assistant de la Maison blanche pour l'hémisphère ouest, Dan Restrepo, avait entamé des tractations avec les intéressés dans la capitale hondurienne jeudi matin.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est félicitée vendredi de voir que le Honduras s'acheminait vers une sortie de crise.

"Nous nous sommes très clairement rangés du côté du retour à l'ordre constitutionnel, et cela englobe la tenue d'élections", a dit Clinton aux journalistes, au cours de sa visite au Pakistan.

"Il s'agit d'une avancée importante pour le système interaméricain et pour son engagement en faveur de la démocratie", a ajouté la chef de la diplomatie américaine.

"C'est un triomphe pour la démocratie hondurienne", a réagi de son côté Manuel Zelaya, qui, au terme de trois mois d'exil après le coup d'Etat, s'était infiltré fin septembre au Honduras et avait dû vite trouver refuge à l'ambassade du Brésil, assiégée depuis lors par les forces de sécurité fidèles à Micheletti.

"Nous sommes satisfaits. Nous avons des raisons d'espérer que mon rétablissement en fonctions est imminent", a dit le président déchu, qui avait été expulsé vers l'étranger dès son renversement fin juin.

Depuis le 28 juin, le Honduras est isolé sur la scène diplomatique et a perdu une grande partie des aides internationales dont il disposait.

Les auteurs du coup d'Etat accusent Manuel Zelaya d'avoir voulu modifier la constitution du pays pour repousser la limitation du nombre de mandats présidentiels, ce qu'il réfute.

Le rapprochement qu'il avait effectué en direction du président vénézuélien Hugo Chavez, socialiste, lui avait en outre aliéné une grande partie des élites économiques et militaires honduriennes.

Roberto Micheletti, installé au pouvoir dans les heures consécutives à la chute de Manuel Zelaya, avait refusé à maintes reprises d'accepter le rétablissement en fonctions de son rival déchu, avant de faire marche arrière jeudi.

"J'ai autorisé mon équipe de négociateurs à signer un accord marquant le début de la fin de la situation politique actuelle du pays", a expliqué Roberto Micheletti aux journalistes jeudi soir.

En vertu de cet accord, Manuel Zelaya pourra redevenir président et aller jusqu'au terme de son mandat prévu au mois de janvier. Il lui faudra pour cela obtenir un vote du Congrès qui aura été autorisé par la Cour suprême du Honduras.

Aucune précision n'a été fournie sur ce qu'il adviendrait des autres éléments de l'accord si le Congrès s'oppose au rétablissement de Zelaya dans ses fonctions.

L'accord prévoit que les deux parties reconnaîtront le résultat d'une élection présidentielle qui se tiendra le 29 novembre. L'accord prévoit en outre que l'armée passe sous le contrôle des autorités électorales suprêmes.

Toujours en vertu de cet accord, une "commission de vérité" sera mise sur pied pour enquêter sur les événements des derniers mois, et la communauté internationale se verra demander de lever les mesures de sanctions qu'elle avait prises.

L'administration de Barack Obama a suspendu une partie de l'aide américaine accordée au Honduras, après le putsch, mais s'est vu reprocher par certains pays d'Amérique latine de ne pas exercer suffisamment de pressions pour contraindre Micheletti et les putschistes à faire machine arrière.

L'échec des négociations entre rivaux honduriens, survenue la semaine dernière, avait conduit Hillary Clinton à dépêcher une délégation américaine à Tegucigalpa afin de faire davantage pression en faveur d'un règlement négocié.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate



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