L'Economie en temps réel et en continu
06/11/2007 14:41

Vente du journal Les Echos provoque une levée de bouclier des salariés

Les salariés des Echos accueillent le représentant de Pearson sous les huées (AFP)

Les salariés des Echos , sonnés et en colère après l'annonce de la vente du titre à LVMH, ont accueilli sous les huées le représentant de leur propriétaire Pearson, David Bell, venu assister à un comité d'entreprise mardi au siège du quotidien.


Rassemblés dans le hall de leur immeuble, dans le 2e arrondissement à Paris, plusieurs dizaines de salariés ont formé une haie silencieuse à l'arrivée du président du groupe Les Echos, avant de le huer, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ils ont déployé une grande banderole sur laquelle était inscrite: "M. Arnault, l'indépendance n'est pas un luxe". Pearson a annoncé lundi soir la vente des Echos au groupe de luxe LVMH, dirigé par Bernard Arnault , pour la somme de 240 millions d'euros. Après être brièvement entré en salle de réunion, M. Bell est revenu dans le hall de l'immeuble pour s'adresser aux salariés.

"Je comprends et Pearson comprend très bien vos points de vue et nous en tenons compte depuis quatre mois", a-t-il dit lors d'une brève allocution en anglais traduite par un de ses collaborateurs.

"Je sais que vous n'êtes pas d'accord et je le respecte, mais nous avons négocié avec LVMH le meilleur accord en terme d'indépendance éditoriale de tous les journaux en Europe", a-t-il déclaré, régulièrement interrompu par des salariés le huant ou criant "mensonge!".

"Nous pensons aussi avoir obtenu de très grands résultats pour protéger l'emploi pour vous tous", a-t-il ajouté, avant de regagner le CE. Après ce discours, de nombreux salariés sont restés massés dans le hall et ont fait part de leur indignation. "Je trouve ça honteux, minable, misérable. C'est un discours pour les actionnaires. Ca attise notre colère", a réagi une journaliste du quotidien.

"Nous avons appris la vente par une dépêche AFP, puis Pearson nous a envoyé un mail à 20H16 lundi, juste avant le bouclage. Certains d'entre nous ne l'ont appris que ce matin en écoutant la radio ou en regardant la télé. M. Bell ne nous a toujours pas annoncé officiellement la vente. C'est du mépris!", s'est insurgé un de ses confrères.

"Ce matin, on a l'impression d'avoir la gueule de bois, c'est dégueulasse", ajoutait un autre. A l'issue du CE, au cours duquel les élus veulent mandater le secrétaire du CE pour qu'il engage un action au pénal contre la direction pour délit d'entrave, les salariés doivent se retrouver en assemblée générale pour décider des suites à donner au mouvement. Lundi soir, ils ont décidé de ne pas faire paraître le journal ce mardi, en signe de protestation.


Lu 481 fois



Dans la même rubrique :