Art et Culture
23/09/2009 16:16

Une exposition pour réhabiliter les oeuvres tardives de Renoir

"Je commence à savoir peindre", dit Pierre-Auguste Renoir en 1913. Il a alors 72 ans. Cette déclaration accueille le visiteur dès le début de l'exposition "Renoir au XXe siècle" qui se tient du 23 septembre au 4 janvier au Grand Palais, à Paris.


L'événement vise à faire découvrir ou redécouvrir des tableaux "peu connus ou mal aimés" de l'artiste, explique la Réunion des musées nationaux, organisatrice de l'exposition avec les musées d'Orsay, de Los Angeles et de Philadelphie.

Elle observe en outre que les oeuvres tardives de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) "n'ont pas fait l'objet d'études et de manifestations spécifiques, comme cela a été le cas pour Degas, Monet ou Cézanne".

L'exposition, qui se déplacera ensuite à Los Angeles et à Philadelphie, a donc pour but de "révéler cette dernière période et jeter un autre regard sur l'ensemble de la carrière de l'artiste", souligne Sylvie Patry, conservateur du patrimoine au musée d'Orsay et commissaire de l'exposition.

Quelque 200 pièces - 80 tableaux, esquisses, sanguines, photographies, sculptures - meublent le parcours sobrement composé de cette redécouverte d'un artiste qui épousa d'abord la cause de l'impressionnisme. Pour mieux s'en détacher ensuite et explorer une autre voie.

De là naquit un malentendu qui fournit l'argument même de l'exposition qui s'ouvre sur une oeuvre, "Jeunes filles au piano" (1892).

Ce fut le premier tableau de Renoir acquis par un musée, un début de reconnaissance officielle pour le Renoir dit "impressionniste" alors même que ce dernier propose à cette époque "une peinture qui est presque une réaction à l'impressionnisme", explique Sylvie Patry lors d'une visite organisée de l'exposition.

Il y a eu de nombreux malentendus sur cette manière tardive de Renoir, et même des soupçons sur la paternité des œuvres en raison de l'arthrite aux mains dont souffrait le peintre et dont témoigne un extrait de " Ceux de chez nous ", un film de Sacha Guitry de 1915, projeté dans un coin de salle.

Mais s'il y a eu par la suite une certaine désaffection pour ces oeuvres ultimes, ce n'était pas le cas de ses contemporains, tels Picasso et Matisse, qui admiraient sa manière, ou de grands marchands ou collectionneurs tels Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard ou encore le docteur Albert Barnes.

Le nu féminin, genre que Renoir "considérait comme l'épreuve de vérité de l'artiste ", selon Sylvie Patry, est emblématique de cette dernière période créatrice.

"La référence de plus en plus appuyée à la grande statuaire antique", dit encore le commissaire de l'exposition, est patente notamment dans les grands nus monumentaux.

La patte vaporeuse de Renoir, où les traits se dissolvent, s'affirme comme jamais dans ces chairs à la carnation pâle peu à peu réchauffées par une lumière méditerranéenne mordorée. Visage aux joues rosées, lèvres purpurines, chevelures amples et lourdes peuplent ce monde idéalisé, mythologique du dernier Renoir.

"Nous avons privilégié la figure, ce n'est pas une exposition encyclopédique", observe Sylvie Patry.

Entre deux toiles de naïades épanouies, de portraits de famille ou de proches, s'alignent quelques rares paysages, "des quintessences de paysages méditerranéens", note Sylvie Patry.

Les sculptures sont l'une des révélations de l'exposition, notamment un grand plâtre d'un nu féminin exécuté par Richard Guino, un élève de Maillol, sous la direction du maître.

L'exposition montre enfin que "Renoir avait l'ambition d'être un peintre décorateur", dit le commissaire de l'exposition. En témoigne un petit espace orné de figures féminines " exotiques ".


Source: Reuters via Yahoo News


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