Afrique et Moyen-Orient
17/12/2007 11:04

Une aide record attendue par les Palestiniens


Les donateurs internationaux devraient attribuer une aide record de 5,6 milliards de dollars à l’Autorité palestinienne. Le succès anticipé de cette conférence, aujourd’hui à Paris, est essentiellement à mettre au crédit du premier ministre palestinien, Salam Fayyad, auteur d’un ambitieux plan de «réformes et de développement» étalé sur trois ans.



Cependant, cette aide massive ne suffira pas à relancer l’économie palestinienne si les restrictions de circulation drastiques, imposées par Israël dans les Territoires, perdurent.

Selon un diplomate européen, «Fayyad à lui seul est un gage de sérieux», qui incitera les donateurs à mettre la main à la poche. Ancien responsable à la Banque mondiale, puis directeur du Fonds monétaire international (FMI) dans les Territoires palestiniens, cet économiste âgé de 55 ans bénéficie de la confiance des institutions internationales. D’abord en tant que ministre des Finances (2002-2005), ensuite en tant que premier ministre depuis juin, Fayyad s’est employé à réformer et à imposer d’avantage de transparence au sein de l’Autorité palestinienne.

Fayyad a doté le ministère des Finances d’un compte unique, a centralisé les dépenses et mis fin au versement de soldes en liquide aux membres des services de sécurité, une pratique qui donnait lieu à toutes sortes de malversations. «Les réformes ne sont pas des slogans abstraits mais des actions concrètes que nous avons prises», affirme Fayyad, qui se félicite notamment d’avoir supprimé 40 000 emplois de fonctionnaires depuis le mois de juin.

Selon le premier ministre, 70% de l’aide escomptée servira à payer les frais de fonctionnement de l’Autorité pour 2008-2010 et 30% à financer des projets de développement. «Nous ne sommes pas en mesure de couvrir nos dépenses. Le soutien au budget est le volet le plus important, affirme-t-il. Mais, pour moi, Paris ne sera pas un succès si nous n’obtenons pas les financements à nos projets de développement. Ce plan propose la mise en œuvre de réformes et de projets dans tous les secteurs. Il offre une vision de l’État auquel nous aspirons, l’État en devenir.»


Ne pas financer le Hamas

Le plan présenté par Fayyad concerne aussi la population de la bande de Gaza, mais son application y dépendra de la bonne volonté du Hamas, qui contrôle ce territoire d’une main de fer. Des mécanismes ont été mis en place pour éviter que l’argent destiné à Gaza ne serve à financer le Hamas. Le président modéré, Mahmoud Abbas, espère que ce plan contribuera à restaurer son autorité sur l’ensemble des Territoires palestiniens.

Cependant «l’aide économique ne peut se substituer à une solution politique» avec Israël, prévient Fayyad. «Les restrictions provoquées par l’occupation israélienne suffoquent totalement notre économie», dit-il. Dans un rapport publié à l’occasion de la conférence, la Banque mondiale juge que le plan de Fayyad ne suffira pas à relancer l’économie des territoires si les restrictions imposées par Israël sur les échanges et les déplacements ne sont pas levées. Si Israël maintient ces obstacles, l’économie palestinienne poursuivra une récession de l’ordre de 2% par an. À l’inverse, si les barrières étaient levées, le taux de croissance dépasserait les 10%, prévoit la Banque mondiale.

Salam Fayyad affirme n’avoir reçu aucune garantie israélienne quant à une levée des barrages militaires en Cisjordanie. Il avoue ne pas comprendre pourquoi la communauté internationale se «refuse à exercer des pressions sur Israël afin de s’assurer que ses investissements ne partent pas en fumée».

Source: http://www.lefigaro.fr

Yasmina Kehiha



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