Rice et Cheney en question
l'orient le jour
Beyrouth-"l'Orient le Jour" rapporte: «À ma connaissance, il n’y a jamais eu de débat sérieux au sein de l’Administration sur l’imminence de la menace représentée par l’Irak », écrit M. Tenet dans un livre de Mémoires intitulé At the Center of the Storm (Au centre de la tempête), dévoilé dès hier par le New York Times. M. Tenet a dirigé la centrale du renseignement américain pendant sept ans, jusqu’en juillet 2004. À ce titre, il a eu un entretien quotidien avec le président qu’il devait conseiller. Il affirme en outre que les responsables de l’Administration n’ont jamais « discuté sérieusement » de la possibilité de contrôler la menace représentée par le régime de Saddam Hussein autrement que par une invasion.
Selon le New York Times, M. Tenet épouse dans son livre la thèse selon laquelle le vice-président Dick Cheney et une poignée de civils travaillant alors au Pentagone, comme l’ex-secrétaire à la Défense adjoint (et actuel président de la Banque mondiale) Paul Wolfowitz et Douglas Feith, se sont focalisés sur l’Irak dès la fin de 2001. Il s’en prend aussi amèrement à M. Cheney et à la secrétaire d’État Condoleezza Rice, qu’il accuse de le prendre pour bouc émissaire en évoquant délibérément hors contexte une de ses déclarations très controversées.
« Je suis devenu un discours de campagne : “Regardez ce que (nous a dit) cet imbécile, c’est comme ça qu’on a décidé d’entrer en guerre” – oh, quand même, il ne faut pas être malhonnête », s’exclame aussi M. Tenet dans un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS, devant être diffusé demain. « Comme si vous aviez besoin de moi (...) pour vous convaincre d’entrer en guerre contre l’Irak », écrit-il dans le livre, cité dans le New York Times. Ce rôle de bouc émissaire est « la chose la plus méprisable qui me soit jamais arrivée », se plaint-il sur CBS.
La controverse concerne une réunion de décembre 2002, évoquée dans le livre Plan d’attaque du journaliste vedette Bob Woodward, consacrée aux arguments pour justifier la guerre aux yeux de l’opinion, comme l’existence d’armes de destruction massive. « Ce n’est pas quelque chose que Monsieur Tout-le-Monde va comprendre ou croira », se serait inquiété le président Bush. « Ne vous inquiétez pas, c’est du béton », aurait répondu Tenet. L’expression « c’est du béton » (en anglais, une métaphore sportive liée au basket, “It’s a slam dunk”) est depuis devenue le symbole des certitudes erronées de l’Administration Bush sur le régime irakien.
M. Tenet affirme par ailleurs avoir tenté de minimiser des accusations portées contre le régime irakien que la CIA n’était pas en mesure d’étayer – en particulier sur ses liens supposés avec le réseau terroriste el-Qaëda. Cette attitude aurait selon lui été une des sources de l’hostilité croissante de M. Cheney et Mme Rice à son égard, jusqu’à son renvoi à l’été 2004.
George Tenet, 54 ans, a été au centre des critiques sur les échecs de la CIA à prévenir les attentats du 11 septembre 2001 et sur ses analyses erronées sur la présence d’armes de destruction massive (ADM) en Irak. Il a néanmoins été décoré en décembre 2004 de la plus haute récompense américaine, la médaille de la Liberté, et reconnu à cette occasion par le président Bush comme « l’un des premiers à reconnaître et à souligner la menace grandissante » des réseaux terroristes. Dans son livre, M. Tenet se prévaut effectivement d’avoir très tôt sonné l’alarme sur le chef d’el-Qaëda Oussama Ben Laden, se plaignant de la lenteur de la « bureaucratie » à réagir à ses avertissements. Évoquant sur CBS les méthodes d’interrogatoires « poussées » mises en œuvre par la CIA, M. Tenet les justifie pleinement, assurant qu’elles « ont sauvé des vies ».
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