Europe
14/06/2007 13:22

UE et Thon rouge: l'Europe fait le minimum


En entérinant deux mois après l'ouverture de la saison le plan de sauvegarde du thon rouge de novembre 2006, le conseil des ministres de l'UE des pêches, qui s'est tenu à Luxembourg, redonne un semblant de cadre légal à une pêcherie actuellement hors de tout contrôle, mais reste très loin de répondre à l'enjeu principal : la préservation de l'espèce. l'Europe fait le minimum.


UE et Thon rouge

Lundi 11 juin, la France et l'Italie ayant levé leurs objections, les ministres européens se sont mis d'accord sur les mesures de sauvegarde issues des négociations de l'ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) en novembre 2006 à Dubrovnik. « Modeste, totalement décorrélé des recommandations scientifiques et beaucoup trop tardif, ce plan a pour seul mérite de fixer un cadre technique et réglementaire, inexistant jusqu'à présent... Il faut maintenant le faire évoluer » commente Stephan Beaucher, de Greenpeace France.

Parmi les principales mesures entérinées :

- Un total autorisé de captures (TAC) à 29 500 tonnes, soit 10 % de baisse par rapport à 2006. Ce tonnage est toutefois le double de ce que recommandent les scientifiques pour éviter l'effondrement à court terme du stock, soit 15 000 tonnes.
- Une taille minimale de captures fixée à 30 kilos. Cette taille ne rentrera toutefois en application qu'à partir de 2008... Il est par ailleurs à noter que le thon ne se reproduit qu'à partir d'un poids de 50 kilos.
- Une limitation de la pêche à 6 mois avec fermeture le 30 juin. Un encadrement considéré par les scientifiques comme notoirement insuffisant, compte tenu de la période de reproduction du thon rouge : du 20 mai au 20 juin.
- Les mesures de contrôle des pêcheries figurent parmi les plus intéressantes. Les survols en avion de la méditerranée pour repérer les bancs de thon sont désormais interdits. De la même manière, les multiples transbordements sauvages en pleine mer auxquels Greenpeace assiste lors de la mission d'observation et de documentation mené actuellement par le Rainbow Warrior, ne seront plus autorisés. La présence d'inspecteurs à bord des unités de pêche devrait les rendre impossibles.
- Une clause de réévaluation annuelle. Potentiel outil de gestion de la pêcherie, cette mesure figure parmi les plus intéressantes du plan de Dubrovnik. Bien utilisée, elle doit permettre de réévaluer l’ensemble des mesures précédentes à l’aune d’une évaluation du stock.

Toutes ces mesures restent évidemment contingentes de la capacité de mise en œuvre des autorités. Il est à noter que le Royaume-Uni et l'Irlande n'ont pas voté ce plan, le jugeant "trop tardif" pour le thon et s'étonnant de l'amnistie pour les pays qui ont dépassé leurs quotas de pêche.

« D'après nos estimations et celles de plusieurs experts indépendants, les flottilles présentes en Méditerranée ont déjà vraisemblablement atteint, voire dépassé, les 15 000 tonnes préconisées par les scientifiques. Si les décideurs avaient la réelle volonté politique de sauver le thon rouge, ils fermeraient la pêcherie dès aujourd'hui » ajoute Stéphan Beaucher.

Une fois de plus, les petits et grands arrangements du jeu politique l'ont emporté sur l'urgence biologique. Pour Greenpeace, si ce cadre réglementaire n'évolue pas très vite, le stock méditerranéen reste condamné à court terme.

Greenpeace France


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