France
28/04/2008 10:41

Tunisie: Coopération et droits de l'Homme au menu de Sarkozy


Le président français, accompagné par son épouse Carla et sept ministres, complètera ainsi sa tournée du Maghreb, où il a déjà effectué une visite d'Etat au Maroc et en Algérie.


Nicolas Sarkozy entame ce lundi une visite d'Etat en Tunisie où il parlera coopération nucléaire civile, Union pour la Méditerranée mais aussi droits de l'Homme.

De ces trois pays intimement liés à la France par le passé colonial français, c'est la Tunisie le plus petit (10 millions d'habitants). Mais "c'est sans doute avec la Tunisie que nos relations sont les plus apaisées", dit-on à l'Elysée.

Dans une interview au quotidien tunisien Ach-Chourouk, publiée dimanche, Nicolas Sarkozy réfute l'idée que la France soit en train de renoncer à sa politique arabe et à sa politique africaine, un "refrain que l'on entend depuis des années."

Soulignant qu'il s'agit de son sixième déplacement au Maghreb, il explique cette perception par le fait que la France veut "prendre les changements en considération", tenir compte des évolutions et s'appuyer sur des projets concrets.

"C'est cela, une politique arabe, cela s'appuie sur des projets concrets, modernes, qui ont un impact sur la vie quotidienne des populations", dit-il en citant par exemple le projet de création de l'Université Dauphine Tunis.

"En Afrique également, notre attachement au continent africain n'a varié ni d'intensité, ni de profondeur mais plutôt de méthode: nous travaillons avec l'Afrique telle qu'elle est, au-delà des clivages linguistiques souvent artificiels ou des clichés qui veulent en faire un continent tragique", ajoute le président français.

La France et la Tunisie parapheront lundi soir, entre un premier entretien de Nicolas Sarkozy avec le président Zine el Abidine Ben Ali et un dîner d'Etat, un accord cadre de partenariat dans le nucléaire civil.

Cet accord, similaire à ceux que la France a paraphés avec la Libye, le Maroc et l'Algérie, ouvrira notamment la voie à la formation d'ingénieurs.

L'Elysée espère aussi voir aboutir d'ici lundi soir des discussions la vente d'une vingtaine d'avions Airbus à Tunis Air et la fourniture par le groupe Alstom, pour 300 millions d'euros, d'équipements pour une centrale thermique.

L'Agence française du développement signera pour sa part avec la Tunisie sept conventions de financement pour une valeur totale de 140 millions d'euros dans les domaines de l'énergie, du développement durable et du développement urbain.

Des accords seront également signés sur la gestion concertée de l'immigration et la lutte contre l'immigration clandestine - domaines dans lesquels les Tunisiens attendent une clarification de la position française - le tourisme, la sécurité civile, etc.

La coopération dans la lutte contre la menace terroriste, notamment d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a enlevé en février deux touristes autrichiens en Tunisie, figure aussi au menu des entretiens du président français.

Nicolas Sarkozy évoquera les relations économiques entre les deux pays mardi, devant 500 entrepreneurs français et tunisiens.

La France, où vit une communauté tunisienne de 600.000 âmes dont 10.000 étudiants, est le premier partenaire économique de la Tunisie et son premier pourvoyeur d'aides.

DROITS DE L'HOMME

La France souhaite que le secrétariat de la future Union pour la Méditerranée, initiative d'origine française reprise par l'Union européenne pour renforcer la coopération entre les deux rives du bassin méditerranéen, ait son siège sur la rive sud.

La Tunisie est citée comme un candidat possible, ce qui fait grincer les dents des défenseurs des droits de l'Homme.

"Le régime va utiliser cette visite comme un signe de soutien. Nous espérons que Nicolas Sarkozy ne va pas tomber dans le panneau et se répandre en louanges", a déclaré à Reuters Moncef Marzouki, opposant en exil en France.

"Ce serait la pire des choses pour les démocrates et les opposants", a ajouté l'ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, qui espère que le président français demandera notamment la libération d'un journaliste emprisonné après avoir dénoncé la corruption, Salim Bokhdir.

L'organisation Transparency International place la Tunisie au 61e rang, sur 180 pays, dans son indice de perception de la corruption.

Le pouvoir tunisien est régulièrement accusé d'attenter aux libertés fondamentales et de réprimer toute contestation sous couvert de combattre le terrorisme et l'extrémisme islamique. Amnesty International et Human Rights Watch font état de cas de mauvais traitements et même de torture.

"S'agissant des droits de l'Homme, naturellement le président de la République en dira un mot public, d'abord parce que nous estimons juste de souligner les acquis réels de deux générations d'indépendance de la Tunisie", notamment en matière de statut de la femme, déclare l'entourage de Nicolas Sarkozy.

L'Elysée fait valoir qu'un "dialogue confiant et franc" peut s'avérer "plus productif que des proclamations publiques" qui ont "le don de provoquer une crispation" et cite en exemple la libération de l'avocat Mohammed Abbou, en juillet 2007, après une visite de travail de Nicolas Sarkozy à Tunis.

Source: news.yahoo.com


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