Al Wihda International
19/08/2008 01:08

Tchad-Soudan : Yacoub Dabio lâche les guerriers

«Aucun faiseur de guerre ne bénéficiera de mon soutien.»

Que craint Ahmat Yacoub Dabio de la part des rebelles tchadiens et de Déby? «J’en suis arrivé à ne plus croire à ce qu'on appelle un dialogue général … Dès l'annonce d'une initiative de paix, on constate la multiplication de partis et mouvements» déclare-t-il, évoquant le Tchad, sans confirmer si la situation est similaire au Soudan. «On tourne en rond. Je suis le premier retraité de l’Opposition. Le Tchad est l’un des pays les plus pauvres du monde. Une vraie démocratie doit sécuriser la population et pour cela, il faut d'abord sécuriser les structures institutionnelles. Un régime parlementaire stabiliserait le pays en laissant émerger de nouveaux centres de décision, indépendants du pouvoir central de l'état.» Une interview pour faire le point et donner forme à l’avenir.



Au Tchad comme au Soudan, rien de nouveau sous le soleil du grand Sahara. Rien de nouveau sinon que dans l'interview qui va suivre, Ahmat Yacoub Dabio réussit à se positionner contre la guerre tout en restant proche de ceux qu'on appelle, bien pompeusement, au Tchad, les politico-militaires – ceux-là même qui échouent aussi bien les offensives militaires que politiques. 

Ahmat M. Yacoub Dabio renvoie dos à dos les cent généraux fantoches du Général-président Deby et ses alliés objectifs, dans le drame du Darfour, que sont les rebelles tchadiens «amis» du régime de Khartoum. Ahmat,  qui a tant souffert dans sa chair et son cœur, n'hésite  plus et c'est résolument qu'il tourne le dos aux  faiseurs de guerre. Même s'il n'appelle pas au désarmement unilatéral, sa volonté de voir les politico-militaires tchadiens ne plus rester entre les mains d'El Bechir, le despote soudanais est affirmée.

Pourtant, et il vous faudra, tout comme moi, lire entre les lignes des réponses d'Ahmat, que celui qui a été :
-         fondateur du Front national du Tchad rénové (FNTR) et du journal Alwihda
-         chargé de la communication de la CMAP (Coordination des mouvements armés et politiques dont il a été vice président et président),
-         chargé des relations extérieures du FUDP (Front uni pour le développement et la paix)
-         organisateur de la fusion entre le FNTR et le FUC (Front uni pour le changement du capitaine Mahamat Nour).
-         conseiller de la CDDC (Coordination pour la défense de la démocratie et la constitution) puis du RND (Rassemblement national démocratique).
-         animé par le désir ardent de voir une opposition organisée, moderne, il est à l'initiative de la première conférence de l'opposition tchadienne qui s'est tenue en mars 2005 à Paris.
-         président du Coport en octobre 2006, démissionnaire un mois plus tard,
se démarque du camp des guerriers pour rejoindre des « faiseurs de paix » qui n'ont pas plus de perspective et de stratégie que Déby. Et c'est bien là le problème.

Mais quel est donc le but de cette interview dans laquelle Ahmat M. Yacoub Dabio ne montre pas d'ambition politique? L'explication est peut être dans le harcèlement permanent que lui font subir les hommes d'Hissène Habre, criminel fraîchement condamné par un tribunal de N'djamena à la peine de mort. Cela fait-il d'Ahmat M. Yacoub Dabio un allié des Déby? Evidemment non. Ce qu'il veut, c'est que la communauté internationale prenne ses responsabilités en désarmant et les uns et les autres.  

Mais pourquoi ne le dit-il pas? Que craint-il de la part des rebelles tchadiens ou de Déby? En fait, tout s'explique lorsque l'on sait que le Parquet français traîne à ouvrir une information contre les habristes qui, non seulement le diffament mais sont allés jusqu'à une tentative d'assassinat à Libreville. Il reste que, dans le grand Sahara, les alliances sont aussi mouvantes que le sable des dunes dont l'auteur se dit membre de la coordination pour la défense d'Hissène Habré. Dès lors, les espérances de paix pour les peuples du Tchad, ne peuvent être que des mirages. A moins que... 

Connu pour ses prises de position indépendantes, Yacoub Dabio a échappé en 1995, grâce à l'ambassade de France à Khartoum, à une extradition par les Soudanais vers le Tchad.
Son soutien en 2005/2006 au Front uni pour le changement, mouvement politico-militaire n'a pas été apprécié par la France qui lui a reproché de soutenir une entreprise déstabilisatrice soudanaise visant à la «destruction» de Tchad.
Quant au régime tchadien, il ne s'est pas privé de le mettre sur sa liste noire.

Marié et père de cinq enfants, ayant pris du recul quant à son soutien aveugle aux politico-militaires, Ahmat M. Yacoub Dabio qui a écrit un ouvrage sur les relations franco-tchadiennes, s'est forgé une autre idée de la lutte et a créé une organisation de paix et de libre expression dont le nom est « Liberté Sans Frontières ». Nous lui avons rendu visite.  Lire l'interview en pièce jointe ci-dessous :


S. D. /



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