Asie & Extrême Orient
19/03/2008 09:51

Taïwan l'insoumise menace de boycotter les JO


Que Taïwan, l'île insoumise, puisse boycotter les JO de Pékin après le bain de sang de Lhassa n'aura surpris personne du côté de la Cité interdite. Pour l'équipe de Hu Jintao, la vraie source d'embarras est ailleurs : la menace vient de l'homme qui sera probablement président l'été prochain et sur lequel la Chine a misé tous ses espoirs de détente.


Ma Ying-jeou, favori de l'élection de samedi, a annoncé mardi que les sportifs taïwanais pourraient faire défaut le 8 août «si les autorités chinoises poursuivent leur répression contre les Tibétains et si la situation continue de se dégrader» dans la région.
Même au conditionnel, c'est une gifle pour le continent. La direction chinoise attache le plus grand prix à la fiction de l'unité avec l'île, à commencer sur les stades. À défaut de réunification politique ou de reconnaissance mutuelle, Taïwan et la République populaire simulent la fraternité sur les pistes olympiques en faisant défiler leurs équipes l'une après l'autre, avec le mot «Chine» comme appellation partagée.
L'absence des Taïwanais à la cérémonie d'ouverture, devant quelques milliards de téléspectateurs et plus de 100 chefs d'État ou de gouvernement attendus, serait difficile à avaler pour la propagande de Hu Jintao.

Cette défection viendrait s'ajouter au refus de Taipeh, définitif celui-là, de recevoir la torche olympique en route vers Pékin. Le parcours de la flamme, qui partira d'Olympie mardi, se profile ainsi comme un double revers de relations publiques. Le passage par l'Everest puis par Lhassa, les 20 et 21 juin, pourrait expliquer en partie l'empressement de la direction chinoise à rétablir un ordre sans faille au Tibet.

Plusieurs organisations des droits de l'homme avancent déjà que la flamme, symbole de la trêve olympique, hantera «la paix des cimetières» au Tibet. La sortie de Ma Ying-jeou, sûrement dictée par l'émotion des insulaires, est une indication du prix politique que la Chine va devoir payer pour la tuerie de Lhassa.

Samedi, les 18 millions d'électeurs taïwanais rejetteront sans doute dans l'opposition les amis de l'actuel président, l'indépendantiste Chen Shui-bian, bête noire de Pékin depuis huit ans. Ma Ying-jeou, candidat du Kuomintang est crédité de 50 % des voix, contre moins de 30 % à Frank Hsieh, poulain du président Chen.

Lire la suite: lefigaro.fr édition du 19/03/2008


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