Afrique et Moyen-Orient
30/06/2023 04:14

Suspendue au Burkina Faso : LCI sanctionnée pour des propos jugés diffamatoires

La chaîne française d'information en continu, LCI, fait face à une suspension de trois mois au Burkina Faso suite à des déclarations controversées concernant la situation sécuritaire dans le pays. Les propos tenus par une journaliste de LCI ont été qualifiés de "fausses informations" par l'autorité de régulation des médias, la Haute Autorité de la Communication (HAC). Cette décision de suspension s'inscrit dans un contexte plus large où plusieurs médias français ont déjà été confrontés à des mesures restrictives au Burkina Faso.


Suite à des déclarations qualifiées de « fausses informations » concernant les violences déchirant le pays, la Haute Autorité de la Communication (HAC) du Burkina Faso a décidé de suspendre la chaîne française d'information en continu, LCI, pour une durée de trois mois.

Dans un communiqué publié le jeudi 29 juin, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a annoncé que les programmes de LCI seraient suspendus sur les bouquets de tous les distributeurs de services audiovisuels à péage dès la notification de cette décision.

La sanction fait suite à la diffusion par LCI, chaîne privée appartenant au groupe TF1, d'une émission intitulée "24h Pujadas, l'info en question", le 25 avril 2023. Au cours de cette émission, la journaliste Abnousse Shalmani aurait livré un certain nombre d'informations sur la crise sécuritaire au Sahel en général et au Burkina Faso en particulier.

Selon la HAC, la journaliste aurait affirmé, sans citer de sources, que les "djihadistes" avançaient rapidement en l'absence de tout État dans les localités conquises. De plus, elle aurait précisé que 40% du territoire burkinabè était occupé par les "djihadistes", toujours sans fournir de références précises. Enfin, la journaliste aurait déclaré que près de 90 000 civils, appelés "Volontaires pour la défense de la patrie" (VDP), étaient utilisés comme "chair à canon" pour protéger les militaires burkinabè contre les terroristes.

La HAC considère que ces propos sont de simples suppositions et des insinuations malveillantes, susceptibles de créer des troubles au sein de la population et de fragiliser la collaboration recherchée entre l'armée et les civils pour la sauvegarde de la patrie burkinabè.

Il convient de rappeler que début avril, les autorités de la transition du Burkina Faso avaient expulsé les correspondantes des quotidiens français Libération et Le Monde. Fin mars, la suspension indéfinie de la chaîne de télévision France 24 avait également été ordonnée, après la suspension de Radio France Internationale (RFI) en décembre 2022. Malgré cela, le gouvernement burkinabè avait affirmé rester « fondamentalement attaché » à la liberté d'expression et d'opinion.

Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à une spirale de violences jihadistes qui a commencé au Mali et au Niger quelques années plus tôt et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières. Ces violences ont entraîné la mort de plus de 10 000 personnes, civiles et militaires, selon les ONG, et ont poussé plus de deux millions de personnes à devenir des déplacés internes.


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