Portraits d'Artistes
09/01/2008 12:31

Simone de Beauvoir, cent ans de féminisme


Simone de Beauvoir, icône féministe, écrivain engagée dans tous les combats intellectuels du XXè siècle, aurait eu 100 ans le 9 janvier et reste, plus de 20 ans après sa mort, un modèle de femme libérée.



Si son nom est définitivement lié à celui de Sartre, dont elle partagea la vie et les engagements pendant plus d'un demi-siècle, l'auteur du "Deuxième sexe" a surtout marqué des générations de femmes par son refus des conventions et son analyse de la condition féminine.

Née le 9 janvier 1908 à Paris dans une famille bourgeoise en proie à des difficultés financières, elle prend conscience dès l'adolescence de la médiocrité de son milieu. Elève brillante, elle s'inscrit en philosophie à la faculté de lettres de Paris, où elle rencontre Jean-Paul Sartre et toute une génération d'intellectuels.

La relation mythique qui se crée alors s'achèvera avec leur mort. Deux téléfilms diffusés en 2006 ont illustré la liaison tumultueuse de "Castor" --le surnom que Sartre lui a donné-- et du philosophe.

A 21 ans, Simone de Beauvoir est surtout la plus jeune agrégée de son temps. Elle enseigne la philosophie et publie son premier roman, "L'invitée", en 1943. Le lien qui la lie à Sartre admettant les "amours contingentes", elle entretient des relations homosexuelles avec plusieurs de ses élèves, ce qui lui vaut d'être renvoyée de l'Education nationale.

En politique, Beauvoir est assez suiviste à l'égard de Sartre, après que leur attitude eut été pour le moins attentiste sous l'Occupation.

Le féminisme est en revanche son terrain d'action. La publication en 1949 du "Deuxième sexe", dont les chapitres sur la sexualité, l'homosexualité féminine, font scandale, suscite de furieux débats. Traduits en 40 langues, chacun des deux tomes de l'ouvrage s'est vendu depuis à plus d'un million d'exemplaires.

Mais Beauvoir, coiffure en chignon surmontée d'un éternel turban, voulait d'abord être un grand écrivain. Elle obtient le prix Goncourt en 1951 avec "Les mandarins" et devient alors l'un des auteurs français les plus lus. Sa veine autobiographique, avec "Mémoires d'une jeune fille rangée" (1958), dans lequel elle décrit les préjugés de son milieu bourgeois et ses efforts pour s'en sortir, fait d'elle une figure centrale de la vie intellectuelle.

Une aura qu'elle met à profit pour dénoncer les tortures infligées aux femmes en Algérie et défendre jusqu'aux années 1970 le droit à l'avortement.

Après son décès, le 14 avril 1986, plusieurs ouvrages ont éclairé certains aspects de son parcours, notamment sa relation avec l'écrivain américain Nelson Algren, qui fut probablement la passion amoureuse de sa vie. Et 21 ans plus tard, son oeuvre résiste plutôt mieux que celle de Sartre, déjà passablement délaissée.

Quelques livres lui sont consacrés à l'occasion du 100e anniversaire de sa naissance. Notamment, "Beauvoir dans tous ses états" d'Ingrid Galster (Tallandier), "Castor de guerre" de Danielle Sallenave (Gallimard), "Simone de Beauvoir" d'Huguette Bouchardeau (Flammarion), "Simone de Beauvoir, Une femme de son siècle" de Marianne Stjepanovic-Pauly (Jasmin) et "Simone de Beauvoir. Le goût d'une vie" de Jean-Luc Moreau (Ecritures). Plusieurs de ses écrits sont également réédités, notamment dans la collection Folio.

Interview de l'écrivaine Danièle Sallenave, auteur de « Castor de guerre », l'un des nombreux ouvrages parus à l'occasion du centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, le 9 janvier. En ce début de XXIème siècle, quel est lhéritage de cette "pasionaria" et icône du féminisme, auteure du "Deuxième sexe" et compagne de Jean-Paul Sartre.

Edicom.ch


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