Art et Culture
14/03/2011 19:12

Séries: Les vampires dans le vent

Parce qu'il n'y a pas que Buffy, True Blood et The Vampire Diaries dans la vie...



Ancienne figure diabolique de l'Antiquité puis du Moyen-Age où il trouva toute sa grandeur, le vampire est peu à peu passé de démon à fantasme, se transformant successivement en symbole de l'immortalité ou de l'amour à travers les siècles avant que le mal qui l'anime ne devienne une métaphore du sida ou du mauvais instinct de chacun. Une figure emblématique à la fois terrifiante et enivrante qui a forcément, de part son aura, envahi tous les médias. Entre la littérature (Bram Stalker, Anne Rice, poppy Z. Brite, Laurell K. Hamilton), le cinéma (Nosferatu le Vampire et Twilight en passant par Le Bal des vampires, le Dracula de Coppola et Blade), les comic-books (Blade, Vampirella et dans une certaine mesure Batman) et les jeux vidéo (Castlevania, Darkstalkers, Bloodrayne...), sans oublier l'animation japonaise (Vampire Hunter D., Hellsing, Blood: the last vampire), personne n'a échappé à la délicieuse morsure de cette créature de la nuit.
Bien évidemment, le monde des séries télé n'a pas non plus été épargné. Brièvement mentionnés dans les œuvres les plus diverses, (X-Files, Esprits criminels, The L Word, Les Simpson...), les vampires ont permis à Joss Whedon d'éduquer et de soutenir toute une génération d'ados en mal-être avec Buffy contre les vampires et Angel. Même les webséries s'y mettent avec la récente I <3 Vampires, l'histoire de deux amies fans de littérature vampirique se retrouvant impliquées dans une aventure semblant surgir de leurs bouquins favoris, et la comédie musicale adolescente I kissed a vampire. Derniers arrivants en date, les scénaristes et producteurs Alan Ball (Six feet under) et Kevin Williamson (Scream) font les beaux jours de HBO et de la CW, leurs séries True Blood et The Vampire Diaries s'imposant tels les plus gros succès de leur chaînes respectives depuis des lustres.

Mais il n'y a pas que Buffy Summers et Sookie Stakhouse dans la vie. Longtemps absents du petit écran suite à une première apparition d'importance dans le soap anglais Dark Shadows au milieu des années soixante, les vampires ont été les personnages privilégiés d'une grande quantité de programmes souvent oubliés du public français, quand ils sont arrivés jusque chez nous. Des programmes souvent annulés dans la fleur de l'âge, et qui n'ont souvent en commun qu'une variété de points de vue pour le moins intrigante. Voici une petite sélection des plus marquants d'entre eux, au cas ou l'envie de vous faire mordre vous reprendrait rapidement.

Dracula : the series (1990)
Série canadienne de format court (20 minutes par épisode), Dracula : the series met en scène les deux adolescents Chris et Maximilien (Max pour les intimes), forcés un temps de séjourner chez leur oncle Gustav Helsing en Europe (la série a été tournée au Luxembourg). Ils y rencontreront la belle Sophie - une Mia Kirshner toute jeune dans un de ses premiers rôles - et surtout Alexander Lucard, un riche industriel charismatique vivant dans un château aux alentours. D'emblée, et à l'inverse des deux jeunots qui vont vite réaliser leur erreur, le spectateur comprend que A. Lucard (Dracula à l'envers) est le maître des vampires, transforme les passants en zombies d'une simple morsure et lutte depuis des siècles contre la famille Helsing.
Jouant à fond la carte de la référence (les personnages vont jusqu'à citer Elvira dans le texte et comparent le château à un décor de clip de Metallica), la série fait d'un de ses jeunes héros un expert du mythe se baladant toujours avec une bouteille d'eau bénite et s'amuse des canons du genre en forçant à bon escient les poses iconiques, les répliques à double sens et les situations éculées et ridicules. En résulte une série hilarante, travaillant sa parenté avec les meilleurs teen-movies du moment sans pourtant oublier de s'achever sur un cliffhanger à la tension dramatique abyssale. Dommage que les producteurs Phil Bedard et Larry Lalonde (Les Repentis de John Woo) n'aient pas pu lui donner une suite.

Le justicier des ténèbres - Forever Knight (1992-1996)
Ayant joué le personnage de Klaus et fils de Gustav Helsing transformé en vampire dans Dracula : the series, l'acteur Geraint Wyn Davies (ReGenesis, 24 heures chrono) rempile deux ans plus tard dans Le justicier des ténèbres, une autre série canadienne à la tonalité bien plus sombre. Il y incarne cette fois un héros du nom de Nicholas Knight, devenu vampire immortel au treizième siècle et bien décidé à faire amende honorable en s'engageant dans les forces de police de Toronto. Travaillant avec l'humaine Natalie Lambert à une solution pouvant lui permettre de retrouver son humanité, Nick doit lutter contre ses instincts et affronter Lacroix, le vampire à l'origine de sa transformation. Nick est également déchiré par sa relation avec l'amour de sa vie, une autre vampire elle aussi transformée par Lacroix, et assumant pleinement sa condition.
Créée par Barney Cohen (Vendredi 13 : le chapitre final) et James D. Parriott (Superminds, Defying gravity), Le justicier des ténèbres a connu trois saisons mêlant séquences en costumes, intrigues sentimentales longue durée et tension dramatique percutante. Le programme s'est récemment vu édité en DVD aux États-Unis grâce à l'initiative d'une communauté de fans encore très active, désespérant de voir un jour le programme revenir sur les écrans.

Kindred : le clan des maudits - Kindred :The embraced (1996)
Série aussi culte que confidentielle de par son faible nombre d'épisodes (8 en tout), Kindred : le clan des maudits a fait le bonheur de tous les amateurs du jeu de rôle Vampire : La mascarade pour une simple et bonne raison : si elle n'en reprend pas scrupuleusement toutes les règles et les comportements, c'est bien la seule œuvre à en reprendre la mythologie. Dans cette histoire de flic confronté aux grandes dynasties vampiriques, on retrouve en effet les Ventrus, les Brujahs ou encore les Gangrels, des noms qui résonnent merveilleusement aux oreilles de tous ceux qui auront passé de nombreuses nuits blanches à arpenter les rues et les châteaux du monde entier lors de parties endiablées.
Dotée d'une distribution de tous les diables comprenant C. Thomas Howell (Hitcher, Esprits criminels), Kate Vernon (Battlestar Galactica), Stacy Haiduk (Prison Break), Patrick Bauchau (La caravane de l'étrange), Eric King (Dexter) ou encore Brian Thompson (Buffy contre les vampires, X-Files), la série diffusée sur la Fox n'aura malheureusement pas pris le temps d'expliquer cette toile de fond passionnante mais particulièrement complexe. Résultat : Kindred n'a été suivie que par une poignée d'initiés. Qui plus est frappée par la tragédie lors de la mort accidentelle de l'acteur Mark Frankel, central aux intrigues du programme, la série ne s'en est jamais relevée. Les amateurs non plus.

Ultraviolet (1998)
Avec seulement un court-métrage et trois épisodes de la série dramatique This Life à son actif, le scénariste britannique Joe Ahearne (Doctor Who, Apparitions) se lance déjà dans la création de série en 1998. Remettant le couvert avec ce dernier, l'acteur Jack Davenport (Six Sexy, FlashForward et la trilogie des Pirates des Caraïbes) joue ici un policier dont le meilleur ami - et accessoirement fiancé de la femme dont il est amoureux- disparaît du jour au lendemain. Commence alors une plongée en enfer qui lui ouvrira les portes d'un monde dans lequel les vampires ont décidé de prendre le contrôle de la race humaine, trop sujette à des pulsions autodestructrices.
Portée par un réalisme et une profondeur scénaristique perturbants, Ultraviolet propose une aventure tout en retenue, dans laquelle les coups d'éclat n'en sont que plus percutants. Les intrigues tournent toujours autour d'un fait social ou de considérations touchant les personnages de façon viscérale (et par extension le spectateur), leur donnant une substance faite de contradictions et de choix impossibles. S'ajoute à cela quelques concepts marquants (la "banque de stockage" des cendres vampiriques, dont l'éclairage donne son nom à la série) et la présences de cadors télévisuels tels que Idris Elba (Sur écoute, RocknRolla, The Office) et Stephen Moyer, déjà dans le rôle d'un vampire près de 10 ans avant sa participation à True Blood. Vous avez dit chef-d'œuvre ?

Blade, la série - Blade : The Series (2006)
Fort de la popularité des longs-métrages de la saga Blade qu'il a lui-même scénarisé et de son expérience sur les séries Sleepwalkers, FreakyLinks et Threshold, David S. Goyer (The Dark Knight, FlashForward) décide en 2005 de profiter du meilleur des deux mondes pour approfondir les aventures du super-héros suceur de sang. Cette fois incarné par le rappeur Sticky Fingaz, endossant le rôle campé par Wesley Snipes sur grand écran, Blade reprend donc du service accompagné d'une militaire bien décidée à savoir ce qui est arrivé à un frère retrouvé mort peu de temps auparavant.
Si elle s'ouvre sur un premier épisode tiède et parfois risible tant dans sa mise en scène que dans ses thématiques, Blade, la série gagne pourtant en densité et en intérêt au fur et à mesure. La série profite pleinement de son format pour revisiter les éléments du premier opus réalisé par Stephen Norrington (architecture de clans et guerre fratricide chez les suceurs de sang), et n'oublie pas au passage de plonger dans les origines de son protagoniste principal. On se souviendra par exemple d'un épisode où un Blade encore jeune fait face à sa première soif de sang. Mais là où le programme surprend, c'est dans la peinture faite de ce second personnage féminin joué par une Jill Wagner aussi attachante qu'invisible depuis l'annulation de la série. Un personnage qui arrive souvent à passionner bien plus que Blade par des choix difficiles et un destin tout simplement épique. Dommage, que ce dernier restera à tout jamais en suspens.

Blood Ties (2006)
Devenant progressivement aveugle, Vicki Nelson (Christina Cox, Defying Gravity et déjà vue dans Le justicier des ténèbres où elle campait Jeanne D'Arc) décide de quitter les forces de police pour devenir détective privé. Dès ses premières affaires, elle découvre un monde de créatures surnaturelles dont elle n'a jamais soupçonné l'existence et est très vite amenée à faire équipe avec Henry Fitzroy, un vampire dessinateur de comic books lui ayant sauvé la vie. Âgé de 450 ans, le monsieur charme très vite la belle et un triangle amoureux s'installe entre eux et l'ancien partenaire et amant de Vicky.
Possédant une dynamique plutôt classique dans le monde des séries policières, Blood Ties trouve son intérêt dans sa galerie de personnages (une mignonne assistante goth jouée par Gina - Harper's Island - Holden et n'étant pas sans rappeler la Abby de NCIS : enquêtes spéciales) et d'intrigues, variant du vaudou aux fantômes vengeurs en passant par les momies et un jeune homme réincarné cherchant son âme sœur. Nous aurons même droit, comme dans Supernatural et Tru Calling, à un épisode reprenant la boucle temporelle conceptuelle d'Un jour sans fin. Une nouvelle fois, le Canada nous livre une série aux intrigues agréables et aux personnages attachants, qui sans être révolutionnaire, propose un divertissement tout à fait honnête. Quant au cliffhanger final, vous connaissez la rengaine.

Moonlight (2007)
Vampire de son état, Mick St John (Alex O'Loughlin, The Shield, Three Rivers) joue les détectives privés au cœur de Los Angeles. Un job parfait pour qui se balade la nuit et possède des pouvoirs rendant l'écoute et la surveillance de clients bien plus faciles. Mais alors qu'il croise la belle reporter Beth Turner (Sophia Myles, From Hell, Tristan + Isolde), c'est le coup de foudre. Cependant, si la belle est immédiatement sous le charme, elle ignore que les sentiments de Mick sont bien plus anciens puisqu'il lui a déjà servi d'ange gardien il y a des années.
On reprend les mêmes et on recommence. Déjà responsable de la série des années quatre-vingt La belle et la bête avec Ron Perlman et Linda Hamilton, Ron Koslow remet le couvert en gardant sensiblement les mêmes composantes. A l'exception d'un mentor moins imposant (Jason Dohring de Veronica Mars en vieux vampire tout jeune) et d'une seconde romance troublante avec l'éblouissante Shannyn Sossamon (Dirt, Les lois de l'attraction), on retrouve toute la puissance de l'amour impossible entre une humaine et une créature surnaturelle, tout comme l'impossibilité du mélange de leurs deux mondes et les déchirements émotionnels qui en découlent. Et ca marche. Alex O'Loughlin est impérial, sa bien aimée inaccessible à se damner, et les passages obligés du genre, forcément redondants, alimentent pourtant de façon toute naturelle une série qu'on aurait voulu bien plus longue. On ne s'explique d'ailleurs toujours pas ce qui a poussé CBS à retirer le programme de l'antenne alors qu'elle s'évertue depuis à trouver une nouvelle place à son acteur principal. Et si on relançait la machine ?

En Bref :
On oubliera pas de citer Les Prédateurs (1997), adaptation en série du film de Tony Scott présentée par Terence Stamp (saison 1) et David Bowie (saison 2), même si les vampires n'y font que de très rares apparitions, ainsi que Dossiers Brulants (Kolchak : the night stalker,1974) , l'histoire d'un détective croisant toutes sortes de créatures surnaturelles dans ses enquêtes. Cette dernière série, initialement un téléfilm, a été reprise en 2005 par Frank Spotnitz sous le titre Night Stalker : le guetteur (avec Stuart Townsend et Gabrielle Union) mais s'est très vite vue retirée de l'antenne de ABC, faute d'auciences.
D'autres programmes mettant en scène nos suceurs de sang préférés ont depuis fait leur apparition sur les ondes, comme l'anglaise Being Human (un vampire, un loup-garou et un fantôme partagent la location d'une maison), dont la seconde saison vient de débuter sur BBC Three en Angleterre. Vu leur succès, les créatures de la nuit ont encore de belles nuits devant elles.

Sources: Excessif.com

MD/source web



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