France
16/03/2009 18:12

Semaine à risques sur le plan social pour Sarkozy

A peine sorti du conflit aux Antilles, le gouvernement français doit faire face jeudi à une nouvelle vague de grèves et de manifestations tous azimuts pour exiger des réponses sociales à la crise.



Les huit syndicats soutenus par douze partis et mouvements de gauche s'attendent à mobiliser autant de monde que le 29 janvier, qui avait vu selon eux 2,5 millions de personnes descendre dans la rue.

"Comme les mécanismes ne sont pas changés, nous ne sortirons pas de la crise de cette façon et au contraire elle va s'aggraver si nous ne réussissons pas par le rapport de forces et c'est l'objet du 19 mars, à obtenir un changement de tendance", a déclaré lundi Maryse Dumas, numéro 2 de la CGT.

Les centrales syndicales ont d'ores et déjà annoncé qu'elles n'entendaient pas en rester là et qu'elles se reverraient vendredi pour décider des suites à donner au mouvement.

Gouvernement et partenaires sociaux redoutent désormais l'étincelle qui ferait exploser la colère des salariés confrontés à une accumulation de plans sociaux.

Une inquiétude renforcée la semaine dernière par la séquestration du P-DG de Sony France et l'exaspération des salariés du fabriquant de pneus Continental.

"Nous sommes responsables mais personne n'est à l'abri de débordements, c'est au gouvernement de faire attention", a prévenu dans le Journal du dimanche Michèle Biaggi, de Force ouvrière.

Aux yeux des organisations syndicales, pour une fois unies, Nicolas Sarkozy n'a toujours pas répondu aux attentes en dépit des 2,6 milliards d'euros annoncés lors du sommet social de l'Elysée, le 18 février. Des "bricoles", selon eux.

"Nicolas Sarkozy continue de faire comme s'il ne se passait rien. Son logiciel de référence économique a été détruit par la crise et il n'a pas de logiciel de rechange", estime Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

"L'Etat dépense sans compter de l'argent qu'il donne aux banques, aux entreprises et il n'y aucune contrepartie en matière d'emploi, en matière de contrôle par les institutions représentatives du personnel", a ajouté Maryse Dumas.

En face, le Premier ministre François Fillon se veut pour le moment inflexible. "Toute enveloppe supplémentaire, c'est de la dette supplémentaire", a-t-il lancé vendredi lors d'un déplacement dans la Drôme.

"Pourquoi voulez-vous qu'à chaque manifestation, le gouvernement prépare un nouveau plan ?", avait auparavant lâché Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

Le ministre du Travail, Brice Hortefeux, a préféré ironiser sur une "originalité française", le fait que l'annonce de la journée du 19 mars ait été faite le 8 février.

"Le mouvement a été annoncé, programmé, décidé avant même qu'il y ait la moindre discussion", a-t-il dit.

Le nouveau collectif budgétaire 2009 affiche des déficits records en raison d'une récession dont le gouvernement français prévoit qu'elle sera la pire de l'après-guerre.

Au-delà des revendications sur "la vie chère" et l'emploi, le chef de l'Etat doit faire face au désenchantement d'une partie de ses électeurs d'il y a deux ans.

Selon Viavoice, 42% des anciens électeurs du chef de l'Etat affichent désormais leur solidarité avec la mobilisation du 19 mars, contre 54%, preuve s'il en est que les réponses qu'il apporte à la crise ne satisfont guère.

Les syndicats s'apprêtent donc à donner un second coup d'épaule, selon l'expression de Maryse Dumas. D'autant que les 200 euros d'augmentation accordés en Guadeloupe ont mis à mal le dogme gouvernemental.

Plus que les grèves, qui avaient connu un succès mitigé le 29 janvier, les syndicats misent sur les défilés à Paris et en province pour se faire entendre.

De son côté, François Fillon s'efforce non sans mal de déminer tous les autres sujets de contestation, à commencer par la grogne dans les universités, qui pourrait fournir un cocktail explosif avec le mouvement social.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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