Libération du 13 novembre 2007
Voici un sondage qui devrait tout à la fois satisfaire Nicolas Sarkozy et… l’inquiéter. L’inquiéter parce que, après six mois au pouvoir, les Français jugent sévèrement son bilan en matière économique et sociale. Le satisfaire, car, comme attendu, les mouvements sociaux de cette semaine ne sont guère populaires.
Selon notre Observatoire de l’opinion, le baromètre mensuel de l’institut LH2 pour Libération (1), une nette majorité de Français se situe d’emblée dans le camp de Nicolas Sarkozy et du gouvernement à propos des grèves dans les transports (59 %) et du mouvement des fonctionnaires, prévu le 20 novembre (52 %). Ce positionnement est remarquable chez les sympathisants de droite (respectivement 91 % et 84 %), comme il est tout aussi notable chez les sympathisants de gauche, mais à front renversé : 57 % d’entre eux se placent du côté des grévistes de la RATP et de la SNCF et 63 % du côté des fonctionnaires. Comme si, en l’absence d’une opposition crédible et audible, les électeurs de gauche transféraient sur les grévistes leur hostilité au chef de l’Etat. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le leader de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot, confirme, avec 13 % de bonnes opinions, sa 3e place parmi les personnalités de gauche que les Français jugent les mieux à même de défendre les mouvements sociaux, derrière DSK (30 %) et Royal (14 %).
«Constat d’échec». L’autre conflit du moment livre des conclusions différentes. Le mouvement des étudiants contre la réforme des universités suscite, lui, une large compréhension: 49 % des Français se rangent derrière lui. Cette empathie est due, comme l’explique François Miquet-Marty, directeur des études politiques de LH2, à «l’absence de contrainte immédiate de la contestation sur leur vie quotidienne». D’où l’importance du suivi ou non, aujourd’hui, du mot d’ordre contesté de la coordination étudiante sur le blocage des gares (lire page 5).
Plus inquiétant pour l’exécutif, le jugement au bout d’un semestre du bilan de Nicolas Sarkozy sur les questions économiques: il est vivement blâmé, que ce soit sur la fiscalité (54 % des sondés jugent que son action est «un échec»), sur l’emploi (56 %), sur la croissance économique (59 %) et, surtout, sur le pouvoir d’achat (79 %). Sur ce dernier point, l’un de ses engagements phare de la présidentielle, Sarkozy est d’autant plus désavoué qu’il vient de bénéficier d’une hausse substantielle de salaire… Même chez les sympathisants UMP, une forte majorité (69 %) dresse un constat d’échec, comme chez les ouvriers (82 %) et les cadres (79 %), des franges de la population a priori favorables à son action. Conséquence logique: sa cote de popularité subit une chute de 7 points (54 % d’opinions positives). Certes, elle demeure élevée, mais c’est la première fois depuis mai que Sarkozy dévisse autant.
«Solidarité». Si rien ne laisse présager que les mouvements sociaux vont s’agréger, comme le souligne François Miquet-marty, «le risque» existe d’un soutien «par solidarité» pour exprimer «le malaise social et la contestation politique». Ce n’est pas encore «la grève par procuration» de 1995, mais derrière le train des grèves de cette semaine se cache un mécontentement sur le pouvoir d’achat resté à quai.
Selon notre Observatoire de l’opinion, le baromètre mensuel de l’institut LH2 pour Libération (1), une nette majorité de Français se situe d’emblée dans le camp de Nicolas Sarkozy et du gouvernement à propos des grèves dans les transports (59 %) et du mouvement des fonctionnaires, prévu le 20 novembre (52 %). Ce positionnement est remarquable chez les sympathisants de droite (respectivement 91 % et 84 %), comme il est tout aussi notable chez les sympathisants de gauche, mais à front renversé : 57 % d’entre eux se placent du côté des grévistes de la RATP et de la SNCF et 63 % du côté des fonctionnaires. Comme si, en l’absence d’une opposition crédible et audible, les électeurs de gauche transféraient sur les grévistes leur hostilité au chef de l’Etat. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le leader de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot, confirme, avec 13 % de bonnes opinions, sa 3e place parmi les personnalités de gauche que les Français jugent les mieux à même de défendre les mouvements sociaux, derrière DSK (30 %) et Royal (14 %).
«Constat d’échec». L’autre conflit du moment livre des conclusions différentes. Le mouvement des étudiants contre la réforme des universités suscite, lui, une large compréhension: 49 % des Français se rangent derrière lui. Cette empathie est due, comme l’explique François Miquet-Marty, directeur des études politiques de LH2, à «l’absence de contrainte immédiate de la contestation sur leur vie quotidienne». D’où l’importance du suivi ou non, aujourd’hui, du mot d’ordre contesté de la coordination étudiante sur le blocage des gares (lire page 5).
Plus inquiétant pour l’exécutif, le jugement au bout d’un semestre du bilan de Nicolas Sarkozy sur les questions économiques: il est vivement blâmé, que ce soit sur la fiscalité (54 % des sondés jugent que son action est «un échec»), sur l’emploi (56 %), sur la croissance économique (59 %) et, surtout, sur le pouvoir d’achat (79 %). Sur ce dernier point, l’un de ses engagements phare de la présidentielle, Sarkozy est d’autant plus désavoué qu’il vient de bénéficier d’une hausse substantielle de salaire… Même chez les sympathisants UMP, une forte majorité (69 %) dresse un constat d’échec, comme chez les ouvriers (82 %) et les cadres (79 %), des franges de la population a priori favorables à son action. Conséquence logique: sa cote de popularité subit une chute de 7 points (54 % d’opinions positives). Certes, elle demeure élevée, mais c’est la première fois depuis mai que Sarkozy dévisse autant.
«Solidarité». Si rien ne laisse présager que les mouvements sociaux vont s’agréger, comme le souligne François Miquet-marty, «le risque» existe d’un soutien «par solidarité» pour exprimer «le malaise social et la contestation politique». Ce n’est pas encore «la grève par procuration» de 1995, mais derrière le train des grèves de cette semaine se cache un mécontentement sur le pouvoir d’achat resté à quai.