France
13/10/2008 18:16

Sarkozy renonce à extrader Petrella vers l'Italie

PARIS - Marina Petrella ne sera pas renvoyée en Italie. Le président français a fait annuler le décret d'extradition visant l'ancienne membre des Brigades rouges en raison de l'état de santé de cette dernière, a annoncé hier l'Elysée,



La présidence française explique dans un communiqué que la décision relève d'une "mesure individuelle" motivée par l'avis des médecins selon lesquels "la dépression profonde" dont souffre Mme Petrella "est susceptible de mettre en cause son pronostic vital".

"C'est pourquoi le président de la République a demandé au Premier ministre de faire application de la clause humanitaire de la convention d'extradition de 1957 et de rétracter le décret d'extradition la concernant."

L'Elysée assure que cela "n'atténue en rien l'engagement de la France en matière de lutte contre le terrorisme ainsi que sa coopération avec les autres démocraties dans ce domaine".

Marina Petrella avait été condamnée en mars 1992 à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'appel de Rome, pour complicité dans le meurtre d'un commissaire de police en 1981. Mère de deux enfants, dont la dernière est âgée de dix ans, elle a été arrêtée fin août 2007 en France, où elle résidait depuis les années 90, se pensant protégée par l'asile de fait accordé par la France aux réfugiés italiens depuis 1981.

Le 3 juin, le Premier ministre, François Fillon, avait pris le décret d'extradition de l'ex-brigadiste vers l'Italie.

Mais devant la dégradation de l'état de santé de Mme Petrella depuis son arrestation, Nicolas Sarkozy avait annoncé le 10 juillet qu'il avait écrit au président italien Giorgio Napolitano et au chef du gouvernement Silvio Berlusconi pour leur demander sa grâce.

Et le 5 août, la cour d'appel de Versailles avait ordonné la remise en liberté de Marina Petrella pour raison de santé.

L'annulation du décret d'extradition est "un grand soulagement", a confié sa fille Elisa Novelli, soulignant que sa mère, hospitalisée à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, était "extrêmement faible".

"La décision a été notifiée avant hier (samedi). Elle (Marina Petrella) le sait. Elle a beaucoup pleuré, elle a tremblé", a confié l'avocate de Marina Petrella. Saluant "une décision très importante", l'avocate a ajouté que sa cliente, âgée de 54 ans, se trouvait dans "un très mauvais état de santé, à la fois physique et psychique".

Dans un communiqué, le parti communiste français a salué "une bonne nouvelle". "La mobilisation a fini par payer", se félicite le PCF, tout en jugeant "regrettable que cette décision arrive si tard". "L'incarcération de Marina Petrella pendant huit mois n'aurait jamais dû avoir lieu, la France s'étant engagée à n’extrader aucun réfugié italien", regrette le PCF.

Interrogée sur Europe-1, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a dit ne pas avoir "les éléments du dossier". "Mais je pense qu'il (Nicolas Sarkozy) a raison", a-t-il dit.

Le cas d'un autre Italien réfugié en France, Cesare Battisti, avait suscité une polémique en France. Pour échapper à une extradition de la France, où il s'était installé en 1990, vers l'Italie, l'ex-militant d'extrême gauche, reconverti en auteur de romans policiers, avait pris la fuite en août 2004. En mars 2007, il a été arrêté au Brésil après presque trois ans de cavale.

Comme plusieurs dizaines d'autres Italiens, il avait profité de la politique de la France sous François Mitterrand, permettant aux militants d'extrême gauche responsables de meurtres et d'attentats commis en Italie dans les années 1970 et 1980 d'y trouver refuge s'ils renonçaient à la violence.

La France avait rompu avec la "doctrine Mitterrand" en août 2002 en extradant pour la première fois un activiste italien, Paolo Persichetti, qui vivait en France depuis 11 ans et avait été condamné pour complicité d'assassinat.


Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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