Afrique et Moyen-Orient
02/05/2008 10:46

Sarkozy en Tunisie : « un appui total à la dictature de Ben Ali »


« Tout va bien, circulez ». Nicolas Sarkozy n’a rien à redire à son homologue tunisien sur l’Etat de droit. Les déclarations du président français durant sa visite officielle, lundi, ont irrité les militants des droits de l’Homme qui comptaient beaucoup sur lui pour discuter de la situation avec Zine El Abidine Ben Ali. Sihem Bensedrine, présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) fait partie de ces « désillusionnés ».



L’Etat tunisien est régulièrement critiqué pour ses nombreuses atteintes aux droits fondamentaux. Selon plusieurs organisations nationales et internationales, la torture, les arrestations et condamnations arbitraires sont monnaie courante dans le pays. Les libertés d’expression, de réunion et de manifestation, entre autres, sont bafouées. Mais le président Ben Ali a toujours réfuté ces critiques. C’est pourquoi les ONG ont beaucoup espéré de Nicolas Sarkozy, qui déclarait pourtant avoir préparé un chapitre des droits de l’homme pour sa visite. Sihem Bensedrine, présidente du Conseil national pour les libertés en Tunisie et farouche opposante au régime tunisien, a souhaité réagir.

Afrik.com : Quelles sont vos réactions à l’issue des déclarations de Nicolas Sarkozy lundi ?
Sihem Bensedrine
: Je considère cette visite comme un appui total à la dictature de Ben Ali. Je ne suis pas vraiment surprise de l’attitude de la France. Depuis que Sarkozy est arrivé au pouvoir, aucun signe fort n’a été envoyé sur la question des droits de l’homme en Tunisie comme dans d’autres pays. Il a prétendu qu’il y avait un chapitre des droits de l’homme pour sa visite ici mais c’était juste de quoi faire taire les journalistes et peut-être l’opinion.

Afrik.com : Avez-vous eu des échos de la visite de Rama Yade (secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme) auprès des organisations de défense des libertés ? Vous a-t-elle invité ? Sihem Bensedrine : La CNLT n’a reçu aucune invitation et ça ne m’étonne pas. Les associations reconnues ont déjà énormément de mal à être entendues alors imaginez un peu l’état dans lequel se trouvent les associations non reconnues comme la nôtre ! Néanmoins, Rama Yade avait rendez-vous ce matin au local des Femmes démocrates (ATFD). Mais une heure avant, des officiels du ministère des Affaires étrangères ont appelé les responsables de l’association pour annuler le rendez-vous sans aucune explication. Puis la secrétaire d’Etat a refusé de se rendre au local de la LTDH (Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme), prétextant des « problèmes internes » et a demandé à Mokhtar Trifi (président de la LTDH) de se rendre à son hôtel. C’est un manque de respect flagrant des institutions aussi reconnues que sont l’ATFD ou la LTDH. Aujourd’hui, les droits de l’homme deviennent un sujet de rhétorique. C’est bien d’en parler et ça fait « bien » de ramener une secrétaire des droits de l’homme dans ses bagages. Mais rien n’est fait pour avancer sur le terrain des libertés en Tunisie.

Afrik.com : Quel bilan tirez-vous de cette visite ?
Bensedrine : La société civile est bien sûr très déçue par Sarkozy, qui a parlé de « confiance totale » à un homme qui n’a rien fait pour son pays. C’est vrai que la France n’a pas à « donner des leçons » à la Tunisie mais on comptait sur elle pour faire passer des recommandations fermes à Ben Ali. La France, que l’on dit « pays des droits de l’homme » se disqualifie du dossier...

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Y.K/sourcesWeb



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