Régions
10/03/2008 14:34

Salon-de-Provence: opération pilote à la base aérienne


Jusqu'à cette visite à la base, cela ne lui avait jamais traversé l'esprit. "Dans certains milieux, la fatalité a pris le pas: on n'envisage même pas faire une haute école, tranche un chef d'établissement. Pourtant, chez beaucoup, on sent qu'il y a un réel potentiel."



"Vous aviez combien de moyenne en 3e ?" , interroge Kevin, collégien marseillais à l'élève-officier de l'École de l'Air de Salon. Ce dernier fouille dans sa mémoire: "Ce n'est pas tant les notes qui comptent. C'est avoir envie. Je me souviens que j'ai beaucoup mieux marché au lycée qu'au collège, c'est très différent. Il faut travailler, point." Si Kevin a envie de piloter un Tucano, c'est sûr. Le pourra-t-il un jour, lui qui ne fait que voir passer les avions depuis sa barre d'immeuble?

À force de travail, tout le monde a sa chance

Le chantier national de "l'égalité des chances" s'est traduit, vendredi, à l'École de l'Air de Salon par la visite de 90 collégiens et lycéens du département. Tous boursiers, donc issus de milieux modestes. Selon une sélection opérée sous la responsabilité du rectorat, ils ont un parcours scolaire "méritant". "L'idée, explique le lieutenant-colonel Lagorce, c'est de mettre en place, dès la rentrée prochaine, un tutorat entre nos élèves et les futurs lycéens pour créer un lien fraternel, donner aux tutorés l'information, la confiance, l'envie de poursuivre des études de haut niveau, que ce soit chez nous ou ailleurs. Nos élèves ont réussi à être ingénieurs. Eux aussi le peuvent à condition de s'accrocher."

Deux fois par mois, pendant trois ans, les "tutorés" participeront aux activités de la base, échangeront avec leurs tuteurs, assisteront à des cérémonies commémoratives. Les aspirants Vialard et Dénarié, l'une voulant embrasser une carrière d'officier de base, l'autre de pilote de chasse, se sont portées volontaires: "Pour montrer qu'à force de travail, tout le monde a sa chance. Sur 73 élèves, une dizaine sont originaires de Zep." Si 52% des élèves-officiers à Salon viennent de familles civiles, prouvant ainsi que l'armée n'attire pas que des enfants de militaires, le général Gratien Maire, commandant des écoles d'officier de l'armée de l'Air, constate que, depuis une vingtaine d'années, le corps recrute moins de jeunes issus des milieux populaires.

"Alors qu'autrefois, les grandes écoles étaient un outil d'ascension sociale, le phénomène est à la baisse", confirme le recteur d'académie. "Au moins, cette journée aura-t-elle permis à beaucoup de franchir une frontière", conclut le général. Intimidés, les collégiens se détendent peu à peu et interrogent leurs aînés. "L'avantage de l'uniforme, c'est qu'on ne se pose pas la question le matin de savoir comment s'habiller", répond, amusée, une élève-officier. "Et cela gomme les différences entre les gens", souligne un autre. Beaucoup rêvent devant les avions exposés, on essaye le barda du parachutiste. Et on a un peu l'impression que deux mondes parallèles se sont rencontrés pour la première fois. Opération, sur ce point, réussie.

laprovence.com

Y.K



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