Afrique et Moyen-Orient
13/11/2007 01:26

Quarante députés antisyriens vivent cloîtrés dans un hôtel de Beyrouth

A quelques jours de l'échéance présidentielle, 40 des 68 députés du «Mouvement du 14 mars» vivent confinés dans un palace cinq étoiles de la capitale. Par crainte des attentats.



Face à la mer, à quelques centaines de mètres du lieu de l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri, en 2005, se dresse la luxueuse -façade de l'Hôtel Phoenicia. C'est dans cette prison dorée que la plupart des députés de la majorité antisyrienne ont trouvé -refuge depuis l'assassinat du -député Antoine Ghanem, en -septembre dernier.

«A partir de ce moment-là, nous nous sommes dit que chacun de nous risquait sa vie, et que limiter ses déplacements ou circuler en voiture blindée ne suffisait plus», explique Henri Hélou, membre du Bloc de la rencontre démocratique, affilié à Walid Joumblatt. «Il y a un régime assassin qui veut nous éliminer progressivement pour faire basculer la majorité au -parlement. Pour qu'il arrive à ses fins, il doit encore supprimer trois députés. Six ont déjà été assassinés», poursuit le député, qui n'est pratiquement pas sorti de l'hôtel depuis septembre. La dernière fois, c'était il y a une semaine. Une véritable expédition. «Je suis allé chez mon dentiste.

C'est ma femme qui a pris le rendez-vous car ici toutes les lignes sont surveillées. Nous sommes partis en convoi blindé, à toute allure.» Parmi les députés, il y a plusieurs médecins, dont le cardiologue Atef Majdalani, un proche de Saad Hariri. «J'ai bien fait quelques piqûres de dépannage à mes collègues, mais j'ai pratiquement dû arrêter la médecine», confie-t-il. Henri Hélou, lui, tente malgré tout de continuer sa profession d'architecte. «J'ai un coursier qui fait des allers-retours entre mon bureau et l'hôtel, je livre actuellement un immeuble.» Il assume tant bien que mal son mandat de député et continue à recevoir des responsables de sa région.

Voir la lumière du jour

Le plus dur est peut-être de vivre constamment à la lumière des abat-jour. «On hésite à ouvrir les rideaux pendant la journée, on le fait plutôt le soir, lampes éteintes, pour se protéger d'éventuels tirs de snipers.» Certaines chambres donnent sur l'immense carcasse du Holiday Inn, repaire des tireurs embusqués pendant la guerre civile. Le député Antoine Andraos, en polo décontracté, avoue «tricher un peu et sortir de temps en temps sur la terrasse». Il sourit légèrement quand on lui demande s'il a préparé son testament. «On n'en est pas encore là», affirme-t-il.

Les appartements où logent les députés coûtent entre 1000 et 2000 dollars la nuit. Qui les finance? La réponse du député est floue: «Les partis politiques, notamment le courant d'Hariri, et certains pays arabes comme l'Arabie saoudite, je suppose.» Il ne sortira pas du Phoenicia avant la fin de l'élection présidentielle, qui doit avoir lieu au plus tard le 23 novembre. Les autres députés menacés se sont exilés à l'étranger, en France ou dans les Emirats arabes.

H.V/OnLine EditWeb NeWs



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