Régions
24/11/2007 19:25

Protestation à Perpignan contre un mur dédié aux seuls disparus français d'Algérie


Quelque 200 personnes se sont rassemblées samedi à l'appel du collectif "Non au mur-musée de la mairie de Perpignan et du cercle algérianiste", pour protester contre l'inauguration dimanche de ce monument honorant les disparus français et harkis de la guerre d'Algérie.



Selon les organisateurs, le rassemblement était "le symbole de l'appel de Perpignan de 50 organisations" locales et nationales (associations de droits de l'homme, partis de gauche, syndicats...) contre un mur mis en place par cette association de rapatriés, avec l'assentiment de la mairie, et qui "organise un tri sélectif des victimes de la colonisation".

Ce "Mur des disparus, morts sans sépulture en Algérie (1954-63)", érigé dans une ville qui a accueilli de nombreux rapatriés, est, selon Mouloud Aounit du Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (Mrap), "un mur dangereux parce qu'il participe aux logiques de la revanche".

"En faisant la discrimination des mémoires, au lieu d'apaiser, il instille le poison du communautarisme. Il est en plus un clin d'oeil idéologique au Front national. Il ne faut pas installer des murs de division", a-t-il ajouté.

Michel Toubiana, pour la Ligue des droits de l'Homme (LDH), a considéré comme un acte citoyen "la riposte à ce coup contre le vivre ensemble (...) qui est une réhabilitation de la colonisation et une instrumentalisation des morts".

"Les souffrances des victimes se valent toutes", a martelé le responsable national de la LDH, qui a stigmatisé "l'escroquerie intellectuelle de la mairie de Perpignan et du maire UMP, Jean-Paul Alduy: en aucune manière le respect aux victimes ne peut justifier la réécriture de l'histoire".

Durant ce rassemblement dans le centre-ville, où les prises de parole se sont succédé, quelque 2.000 personnes assistaient au congrès du Cercle algérianiste à Perpignan, en marge duquel doit être inauguré dimanche matin le mur controversé en présence du secrétaire d'Etat à la Défense chargé des Anciens combattants, Alain Marleix.

Cette association de rapatriés a financé la construction de ce mur portant les noms de 2.619 disparus sur dix plaques de bronze, ainsi que ceux de 400 militaires du contingent portés disparus au combat.

Derrière ce mur de l'ancienne prison de Perpignan, le Cercle algérianiste a été chargé par la mairie d'installer un Centre de la présence française en Algérie qui doit ouvrir en 2008.

Pour le représentant de l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS, "ceux qui sont derrière ce mur sont les mêmes qui, le 5 juillet 2003, ont mis en place un monument glorifiant les tueurs factieux de l'OAS au cimetière nord de Perpignan".

Plus largement, l'érection de ce monument "est dans la droite ligne de la loi de février 2005 sur le +rôle positif de la colonisation+, du discours de Dakar de Sarkozy sur l'homme noir, du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale ou encore des tests ADN", ont souligné presque tous les orateurs.

H.V/Source Edicom



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