"La réalisation ponctuelle des accords (...) constitue un facteur important pour la sécurité énergétique en Europe", a-t-il déclaré, à l'issue d'une rencontre de plusieurs heures avec M. Iouchtchenko consacrée essentiellement au différend gazier entre Moscou et Kiev.
Les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko étaient face-à-face mardi en début d'après-midi pour des pourparlers qui s'annoncent tendus alors qu'un nouvel ultimatum du géant gazier Gazprom doit expirer dans quelques heures.
La rencontre des présidents russe et ukrainien était théoriquement dédiée à la coopération ukraino-russe, mais elle risquait fort d'être dominée par le dossier de la dette gazière de l'Ukraine, et celui de l'Otan, dans laquelle Kiev espère entrer rapidement.
Les deux hommes n'en avaient toutefois rien laissé paraître dans les courts propos qu'ils ont tenus devant la presse au début de leur audience, vers 11H00 GMT.
Le président ukrainien, apparemment détendu, s'était contenté d'une allusion, remarquant qu'il "y a des questions qui doivent être discutées séparément, (qui) peuvent être sensibles. Nous y sommes prêts". Avant d'ajouter: "La Russie sera toujours notre partenaire stratégique".
M. Poutine avait de son côté déclaré "espérer que nous réussirons à aller de l'avant comme nous avons toujours réussi à le faire", et remarqué que les échanges commerciaux "augmentaient" entre les deux pays, tandis que leurs relations "se diversifiaient".
Il avait auparavant donné son feu vert au retrait des radars russes en Ukraine, pays qui aspire à adhérer à l'Otan. Moscou s'agace ouvertement des visées atlantistes de son ancien "pays frère".
Parallèlement devaient se dérouler au siège de Gazprom à Moscou des négociations de la dernière chance pour tenter d'éviter une escalade de la crise gazière entre Gazprom et la compagnie ukrainienne Naftogaz.
Lundi, de premiers pourparlers entre les dirigeants des deux groupes avaient échoué et Gazprom avait consenti à repousser de quelques heures son ultimatum, désormais fixé à mardi 18H00 (15H00 GMT).
Mais si aucune solution n'est trouvée, Gazprom, qui réclame aux Ukrainiens des arriérés de dette de 1,5 milliard de dollars, prévoit de réduire d'un quart son approvisionnement en gaz à l'Ukraine.
Le groupe russe s'est engagé à ce que ses clients occidentaux, approvisionnés en grande partie via l'Ukraine, ne soient pas affectés par la crise. La situation est toutefois suivie de près à Bruxelles comme à Washington.
La Russie et l'Ukraine n'en sont pas à leur première crise gazière: la plus aiguë les a opposées en janvier 2006, provoquant une brève interruption des livraisons vers l'Europe en janvier 2006. Environ 80% du gaz russe consommé par les pays membres de l'UE transite par l'Ukraine et 20% par le Bélarus.
Le point le plus épineux du dossier gazier n'est visiblement pas la dette elle-même, encore que son montant soit contesté par certains dirigeants ukrainiens, mais la volonté affichée par le Premier ministre pro-occidental, Ioulia Timochenko, de renégocier les conditions dans lesquelles ce gaz est livré.
Mme Timochenko, qui est visiblement elle-même en désaccord sur ce point avec M. Iouchtchenko, est également attendue à Moscou le 21 février.
Elle s'est montrée ces derniers temps beaucoup plus offensive sur le dossier gazier, indiquant qu'elle entendait faire payer la Russie davantage pour le transit du gaz russe via l'Ukraine et supprimer l'intermédiaire RosUkrEnergo, qui assure la totalité des importations gazières à Kiev. Cette structure est contrôlée à 50% par Gazprom et à 50% par deux hommes d'affaires ukrainiens et a souvent été mise en cause pour son opacité.
Mais Gazprom a déjà répliqué qu'il ne saurait être question de modifier les contrats tant que les dettes n'auront pas été épongées. En outre, un éventuel nouveau schéma ne doit pas nuire à Gazprom, a-t-il insisté.