Afrique et Moyen-Orient
10/09/2020 15:22

Point sur la situation au Mali après le coup d’État

Deux militaires français ont été tués lors d'une opération au Mali, samedi 5 septembre, lorsqu'un engin explosif improvisé a détruit leur véhicule blindé. Un troisième soldat a été blessé dans l'explosion, qui a eu lieu dans la région de Tessalit au nord du Mali. Les soldats faisaient partie des opérations militaires françaises de Barkhane au Mali contre les combattants islamiques.
Le président français Emmanuel Macron a salué «le courage et la détermination des militaires français déployés dans la région du Sahel» et a appelé à la mise en place sans délai d'une «transition politique civile» au Mali.
L’on se souvient encore de ce 18 Août 2020, où un groupe de militaires appelé a destitué le président IBK (Ibrahim Boubacar Kéita) ainsi que son gouvernement. Un tournant qui a été vivement salué par le peuple malien qui est descendu en nombre dans les rues de Bamako avec le drapeau national à la main.



Que devient le Mali alors ?

Lors d’une annonce télévisée le jour suivant, le Colonel Assimi Goïta annonce être à la tête de ce coup d’état ainsi que  la création du CNSP (Comité National pour le Salut du peuple). Le jeudi de cette même semaine, cette nouvelle junte a instauré le CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple). Ce comité promet des élections équitables et une relation de confiance entre le peuple et le gouvernement. L’opposition appellera à une manifestation pour soutenir les militaires qui ont mis en œuvre le coup d’Etat. La réponse à cet appel de manifester sera massive. Une horde de maliens était dans les rues ce jour-là pour acclamer le CNSP. La coalition d’opposition M5-RFP, un des acteurs clés des manifestations précédentes se dit prêt à aider la junte militaire pour une nouvelle transition.

Le 20 Août, le CNSP annonce qu’un président serait  nominé  pour diriger la transition. Ce même-jour, l’ancien ministre chargé de l’Economie et des Finances et le chargé de mission à la présidence Abdoulaye Daffé et Sabane Mahalmoudou respectivement sont libérés par la junte militaire. Le 21 Août, le CNSP instaurera un dialogue avec la classe la classe politique, un dialogue auquel les partis de l’ancien président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) seront conviés. Cinq jours après, le M5-RFP sera reçu par la junte. 

La CEDEAO qui s’est farouchement opposé à ce coup d’Etat, enverra une délégation au Mali le 22 Août. Au cours du deuxième jour de négociation entre le CNSP et la CEDEAO, la junte propose une transition de 3 ans qui sera dirigée par un président militaire ainsi qu’un gouvernement totalement militaire et accepte de libérer  le président IBK les jours d’après, ce dernier qui a refusé de reprendre le pouvoir contrairement aux suggestions de ses confrères de la CEDEAO.

La pression de La CEDEAO

Après 3 jours de négociations, le CNSP et la CEDEAO se séparent sans aucun accord notamment la demande de la CEDEAO de transférer un civil au pouvoir. D’un autre côté, les médiateurs de la CEDEAO proposent à la junte de confier le pouvoir à un civil ou à un officier retraité de l’armée sur une durée d’un an. Le 24 Août, suite à l’acte fondamental adopté le CNSP, le Colonel Assimi Goïta devient le chef d’Etat du Mali.

Le 27 Août, le Comité National pour le Salut du Peuple annonce la libération du  l’ancien président IBK. Le lendemain, Boubou Cissé et Moussa Timbine respectivement l’ancien Premier ministre et l’ancien président de l’Assemblée nationale sont  à leur tour libérés. La CEDEAO revient à la charge le 28 Août exigeant une transition de 12 mois dirigée par un président civil  ainsi qu’un premier ministre civil.

Le 29  Août, pressée par le mouvement M5 de l’Imam, la junte se voit reporter la réunion sur la transition qui devait avoir lieu entre avec les partis politiques de l'opposition, de l'ancienne majorité, et des groupes armés. Le Mouvement M5-RFP qui voulait d’une rencontre individuelle avec la junte s’est vu accepter sa demande et cette rencontre s’est tenue dans une base de Kati près de Bamako. Reportée, la réunion sur la transition se tiendra du 10 au 12 Septembre. 

Cette réunion consistera  à élaborer les différents paramètres de la charte de la transition. Suite à des concertations qui se sont tenues les 05 et 06 Septembre à Bamako et dans les capitales régionales, un comité d’experts a fait  un rapport à la junte le 09 Septembre. Le 07 Septembre, la CEDEAO met la pression une fois de plus  sur la junte pour nommer un président et un Premier ministre civils d’ici le 15 Septembre. Le Mardi 08 Septembre 2020, des centaines de maliens sont descendus dans les rues pour manifester en faveur de l’armée.

Frank Robin



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