France
28/04/2020 19:19

Philippe met fin à la liberté de réunion

Écoles, transports, travail: manifestement, selon Édouard Philippe, nous ne sommes pas en danger à l'usine, à l’école ou dans le bus, nous ne le sommes que dans les régions privées ou publiques. Cela prouve s'il en était encore besoin, que le premier ministre ne fait qu'obéir au MEDEF.
Ci-dessous le résumé de sa déclaration, ce 28 avril devant l’Assemblée Nationale, en vue du déconfinement. Le discours démarre avec un nombre non négligeable de recommandations (ce n’est pas obligatoire mais encouragé) pour se terminer par deux interdits qui semblent avoir échappé aux commentateurs:
1° LES RASSEMBLEMENTS DANS LES LIEUX PUBLICS OU PRIVÉS SERONT LIMITÉS À 10 PERSONNES.
2° LES DÉPUTÉS NE COMMANDENT PAS: ILS VOTENT.

Donc, fin de la démocratie et de la liberté de réunion alors que les enfants, y compris des maternelles, sont autorisés à aller à l'école, sur la base du volontariat, précise Edouard Philippe.


Ainsi, notre premier ministre a sonné le glas de la liberté de réunion avec toutes les conséquences sur les partis politiques, les associations, les clubs, etc. Quoiqu’elle pourra être corrigée par les maires et les préfets, on peut se demander si cette mesure ne représente pas une atteinte flagrante à la liberté d'association : celle-ci ne saurait vraisemblablement perdurer à la communication par écrans interposés. Les visioconférences, par exemple, des conseils municipaux sont-elles suffisantes pour administrer une ville?
Cette mesure, alors qu'on nous oblige d'une façon ou d'une autre, ne serait-ce que pour retourner travailler, à envoyer nos enfants à l'école, alors même que les conditions sanitaires ne sont ni énoncées ni certaines, alors que dans les transports en commun, la distanciation physique et non sociale (E. Philippe afin corrigé sa terminologie) n’est pas garantie, prouve s'il en était encore besoin, que le premier ministre ne fait qu'obéir au MEDEF.
Manifestement, à son point de vue, nous ne sommes pas en danger à l'usine, à l’école ou dans le bus, nous ne le sommes que dans les régions privées ou publiques. Pense-t-il que nous sommes assez débiles pour ne pas comprendre une telle contradiction. Pense-t-il, enfin, que nous sommes assez débiles pour ne pas respecter les mesures de distanciation physique et la protection mutuelle (le masque) dans les réunions ailleurs qu'à l'usine?



 

RESUME DE LA DECLARATION D'ÉDOUARD PHILIPPE

Qui aurait pu imaginer l’hiver dernier que tout fermerait? C’est la première fois dans notre Histoire que de telles éventements se produisent. La décrue est engagée, lente mais régulière.
Le confinement aura permis de sauver des vies et de ne pas pousser les capacités hospitalières.
Le confinement a des effets délétères. De plus, le confinement présenterait pour le pays le risque terrible de l’écroulement.
Il est donc nécessaire de démarrer la procédure de déconfinement. Toute stratégie repose sur des constats. Aucun vaccin, aucun traitement, pas d’immunité de groupe. Le virus va continuer à circuler dans les populations. Un traitement est attendu sous peu, un vaccin dans les 12 à 24 mois. Mais il n’est pas envisageable d’attendre. Il faut donc vivre avec le coronavirus.

Le confinement a permis aux équipes soignantes de « tenir ». Mais à quel prix : fatigue, report d’hospitalisations non urgentes. Reprendre notre vie de façon progressive permettra de rester vigilants et prêts à prendre les décisions que les événements imposeront.
Les territoires ont été touchés de façon inégale. Il faut donc que les maires et les préfets puissent gérer les mesures de confinement de façon adaptée. Avec les les préfets, les maires et les partenaires sociaux, j’examinerai demain comment adapter les situations.

La contagiosité débute 2 jours avant les symptômes et se poursuit plusieurs jours après. Les malades asymptômatiques sont également contagieux. Donc chacun doit se protéger. Les port du masque sera rendu obligatoire dans certaines situations.
Au début de la pandémie, notre stock de masques, associé à des achats réguliers, suffisait.
Avec la pandémie, les approvisionnements sont devenus impossibles.
Donc, il a été décidé de réserver les masques aux soignants, de lancer la production de masques en tissu.

Les masques: le risque du mauvais usage était supérieur aux bénéfices attendus, disaient les scientifiques. Aujourd’hui - nous les répétons de nouveau - ils disent que le port du masque est recommandé.
Nous avons alors commandé des masques en quantités considérables. Nous encourageons à la distribution de masques et les conseils régionaux vont en faire l’acquisition prenant à leur charge 50 % des coûts.
Toutes les entreprises, quand leurs moyens le permettent, sont invitées à en pourvoir leurs employés. Les autorités régionales soutiendront les PME et les collectivités de petite taille.
Des masques gratuits seront distribués dans les CCAS à ceux qui pourront en bénéficier et dans la limite des stocks prévus.

Les tests, les mesures d’isolement: là encore, nous avons pris des décisions, à l’instigation de l’OMS, qui se trouvent aujourd’hui dépassées. Nous avons le projet de réaliser 500 000 tests par semaine, avec un stock disponible de 700 000. Le coût des tests sera acquitté par la caisse d’assurance maladie.
Les professionnels de santé et les laboratoires privés seront partie prenante aux opérations de test.
Les cas positifs ou contact seront invités à s’auto-isoler. Des brigades à créer pourront veiller à la bonne application des mesures d’isolement.
Les autorités territoriales auront la possibilité de mettre en place les structures d’accompagnement des personnes isolées. Les cas positifs pourront choisir de s’isoler à leur domicile, avec toute leur famille, ou de se placer en quarantaine dans des lieux, tels que des hôtels, réservés à cet usage.
L’outil numérique stop-covid, destiné à faire connaître anonymement aux personnes si elles ont été mises en situation de contagion au cours de leurs déplacements ou de leurs échanges. Mais l’outil n’est pas prêt. Nous en reparlerons donc.

Le 11 mai: progressivement, nous préparons tous les indicateurs pour nous permettre de surveiller région par région les nouveaux cas de personnes malades. Nous tablons sur 3000 nouveaux cas par jour et pas plus. Si plus de 3000 cas se déclaraient, nos mesures de déconfinement seraient plus lentes. C’est fin mai que nous pourrons statuer sur la réouverture des cafés et restaurants.
La direction générale de la santé et d’autres équipes ont établi 3 critères d’évaluation, département pat département (afin de statuer géographiquement sur les modalités du déconfinement), nombre de cas déclarés, capacités hospitalières et de test.

L’école: le retour à l’école est un impératif de justice sociale notamment. Du 11 au 17 mai : les écoles. A partir du 18 mai: les petites classes des collèges. A partir de fin mai :toutes les classes des collèges et les lycées professionnels. Dans les établissements scolaires, voici les règles de distanciation: 15 élèves par classe, des masques aux enseignants, pas de masques en maternelle, des masques distribués gratuitement aux collégiens qui présenteraient des symptômes.
Les enfants ne faisant pas partie des classes pourront avoir des activités para-scolaires dans des lieux mis à disposition par les communes.
Le premier ministre veut laisser la plus grande marge de manœuvre possible aux maires et aux collectivités locales. La priorité de fréquentation des classes sera établie en fonction des catégories socio-professionnelles, du travail des parents enseignants ou soignants.

Le travail: la pratique du télétravail est encouragée. Pour les autres, il serait utile de mettre en œuvre des horaires aménagés. Cette démarche très concrète associe les partenaires sociaux. Le port du masque sera préconisé lorsque les mesures de distanciation physiques ne pourront pas être appliquées.
Les mesures économiques d’accompagnement seront maintenues jusqu’au 1° juin. Les commerces sauf cafés restaurants seront ouverts le 11 mai sous réserve de respecter un cahier des charges srtict. Le port du masque grand public sera recommandé. Un commerçant pourra subordonner l’accès de son magasin au port du masque grand public.

Les transports: Les décisions relatives aux transports sont ardues car le respect des gestes barrière y est particulièrement difficile. 70 % de l’offre de la RATP sera disponible le 11 mai. Il est nettement envisagé de limiter les flux aux travailleurs pendant heures de pointe. Le port du masque est rendu obligatoire dans les transports. Les opérateurs de transports sont invités à organiser les mesures de distanciation physique.
Pour les transports inter-régionaux, ils seront limités aux travailleurs ou aux nécessités familiales impérieuses.

Pour le reste: l’État demande aux personnes les plus âgées d’être patientes: pas d’autorisation de sortie mais ne sortir qu’en cas de nécessité.
Les activités physiques individuelles sont autorisées à plus de 1 km du domicile. Les espaces culturels de petite capacité, qui accueillent les spectateurs en nombre réduit pourront rouvrir. Les événements qui regroupent plus de 5000 participants seront reportés au mois de septembre. Les lieux de culte seront rouverts à condition de ne pas organiser de cérémonies jusqu’au 2 juin . Les cimetières seront rouverts au public. Il est recommandé de reporter les mariages.

LES RASSEMBLEMENTS DANS LES LIEUX PUBLICS OU PRIVÉS SERONT LIMITÉS À 10 PERSONNES.

Ces règles sont contraignantes mais le premier ministre compte sur la responsabilité de la population. Rendez-vous est dores et déjà pris fin mai pour réexaminer les mesures de déconfinement. Ces mesures ne constituent pas un texte législatif. Néanmoins, certaines d'entre elles demanderont des textes législatifs: accès aux données médicales personnelles par les brigades de surveillance de santé, circulation inter-régionale notamment.
Les députés sont appelés à voter cette stratégie de déconfinement, comme sur toutes les questions d’intérêt national. L’ensemble des mesures prises par le Gouvernement sont transmises au Sénat et à l’Assemblée nationale chaque semaine.
LES DÉPUTÉS NE COMMANDENT PAS: ILS VOTENT.


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