Asie & Extrême Orient
11/04/2008 09:37

Pékin critique vivement les médias occidentaux



La presse chinoise dénonce les «préjugés» et «l'hypocrisie» qui circulent sur les troubles au Tibet.


La presse chinoise se déchaîne depuis plusieurs semaines contre les médias occidentaux, les accusant de mensonges et de déformations sur les manifestations tibétaines. Un livre vient même de sortir, pour achever de convaincre le lecteur chinois.

«Les médias occidentaux déforment l'image de la Chine», «Des rédacteurs et journalistes chinois de renom condamnent la presse occidentale», voici les derniers titres de une des journaux chinois. Les internautes se mettent au pas et se défoulent contre «les menteurs occidentaux à abattre».

    «Depuis longtemps, des médias occidentaux profitent de déformer la réalité de sujets tels que Taïwan, le Tibet ou les droits de l'homme pour diffamer la Chine»

    Extrait de «Mensonges et vérité», un livre qui vient d'être publié en Chine

Cerise sur le gâteau: un livre écrit en toute hâte, «Mensonges et vérité» qui vient d'être publié par une grande maison d'édition. Sur 182 pages, il détaille les «préjugés», «mensonges» et «l'hypocrisie» dont la presse occidentale aurait fait usage lors de sa couverture des émeutes qui ont embrasé ces dernières semaines les régions tibétaines, non sans fustiger le dalaï-lama. Avec en annexe un petit rappel de «l'histoire tibétaine».

Une critique en règle donc, notamment contre CNN et un journal allemand dont les images ou les légendes étaient erronées. «Depuis longtemps, des médias occidentaux profitent de déformer la réalité de sujets tels que Taïwan, le Tibet ou les droits de l'homme pour diffamer la Chine. Cet ouvrage aidera le lecteur à se faire une idée de la prétendue liberté de presse occidentale», annonce la préface.

Lynchage
Un style enflammé, digne de la période Mao, qui convaincra le lecteur chinois, pour qui il est quasi impossible de lire d'autres informations que celles autorisées par le gouvernement - et se gardant bien d'annoncer les morts côté tibétain. «10 000 ventes le premier jour et les librairies n'arrêtent pas de nous recommander des exemplaires», se félicite Mme Wang, de la maison d'édition.

La virulence de ce lynchage contre les journalistes occidentaux est «une jauge du nationalisme croissant», analyse Melinda Liu, correspondante de Newsweek et présidente du Club de la presse étrangère en Chine (FCCC). «Une intensité exceptionnelle pour la période postmaoïste». Durant la révolution culturelle en effet, «ce genre de diatribes anti-occidentales était monnaie courante». Plusieurs correspondants en poste à Pékin ont même reçu des menaces, s'inquiète le FCCC, qui a demandé à ses membres de lui signaler toute agression écrite.

«Des terroristes ont prévu de kidnapper des athlètes»

La police chinoise a affirmé hier avoir démantelé un groupe terroriste qui prévoyait de kidnapper des athlètes, journalistes et touristes étrangers durant les Jeux olympiques de Pékin. Cette opération a été menée dans la région autonome du Xinjiang. Leur but était de «provoquer un retentissement international afin de saboter les Jeux olympiques», a précisé le Ministère de la sécurité publique. Ce groupe de 35 personnes avait été démantelé entre le 26 mars et le 6 avril à Urumqi, capitale de la région musulmane du Xinjiang. La police a également saisi des armes, des explosifs et «du matériel de propagande concernant la guerre sainte». Un autre groupe terroriste, démantelé en janvier, prévoyait également des actions dans la capitale chinoise et à Shanghai. Selon le Ministère de la sécurité publique, le groupe était venu de l'étranger à l'initiative du Mouvement islamique du Turkestan oriental pour mener des «actions contre les Jeux olympiques». Le chef et ses complices ont avoué, a-t-il affirmé. Près de dix millions de musulmans, notamment des Ouïgours turcophones, vivent dans la région autonome du Xinjiang. Certains groupes continuent à se battre pour l'indépendance du «Turkestan oriental», qui a connu une existence éphémère avec deux Républiques entre 1930 et 1949. Des spécialistes de la sécurité soulignent cependant que Pékin fournit peu de détails sur les réseaux qu'elle annonce régulièrement avoir démantelés.

Dalaï-Lama Le chef spirituel des Tibétains a déclaré hier soutenir Pékin en tant que ville olympique, ajoutant toutefois que personne n'a le droit de bâillonner les manifestants qui réclament la liberté au Tibet. «Nous ne sommes pas contre les Chinois. Nous avons soutenu les Jeux olympiques depuis le début», a affirmé le dalaï-lama qui était en visite à Tokyo.

Exigence européenne Les députés européens ont mis la pression hier sur les dirigeants de l'UE en leur demandant de conditionner toute participation à la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin à la reprise d'un dialogue entre le régime communiste et le dalaï-lama.

Droits de l'homme Le Comité international olympique a rappelé hier à la Chine ses promesses d'améliorer les droits de l'homme avant les Jeux. La réaction de Pékin ne s'est pas fait attendre: «Je crois que les responsables du CIO soutiennent les Jeux olympiques et adhèrent à la Charte olympique stipulant de ne pas introduire de facteurs politiques hors de propos», a dit la porte-parole du Ministère des affaires étrangères.

Le Tibet fermé La Chine a rejeté hier la demande du haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Louise Arbour, qui souhaite se rendre au Tibet en avril. Par ailleurs, un groupe d'experts de l'ONU a prévenu Pékin qu'elle devait mettre un terme à la censure concernant les informations sur le Tibet, et permettre aux journalistes étrangers de se rendre dans la région. Les autorités communistes ont enfin invoqué hier le risque de manifestation lors du passage de la flamme olympique pour renoncer à la réouverture du Tibet aux touristes.

Source: edicom news

   



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