Faits Divers - Société
06/03/2008 12:25

Paris: des milliers de retraités manifestent pour défendre leur pouvoir d'achat


Quelques milliers de retraités ont commencé à manifester jeudi matin à Paris, rue de Sèvres (VIIe arrondissement), à l'appel de l'ensemble des syndicats derrière une banderole réclamant une "augmentation immédiate des retraites".


"On est plusieurs milliers, c'est sûr. Rien qu'à la CFDT, on a fait venir 2.000 personnes de province", a déclaré à l'AFP Michel Devacht, secrétaire général de la CFDT Retraités.

"On estime qu'on est plusieurs milliers, 5.000 peut-être, c'est exceptionnel pour des retraités d'autant plus qu'il y a des rassemblements en province", a dit de son côté à l'AFP Jean-Louis Morel (CGT). La manifestation, qui s'intègre dans une journée nationale d'actions des retraités, doit prendre la direction de Matignon, où une délégation intersyndicale sera reçue à 12H30 par un conseiller du Premier ministre.

Cette mobilisation "unitaire" réunit les unions confédérales de retraités CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa et la fédération des retraités de la fonction publique (FGR-FP), rejointes notamment par la FSU. "Pas de retraite au dessous du Smic" affichent plusieurs banderoles de la CGT ou de la CFDT. Plus de 50% des retraités gagnent "moins que le smic", a tonné jeudi matin François Chérèque (CFDT) sur France 2, en demandant une revalorisation générale des pensions, "au minimum" conforme "à l'évolution du pouvoir d'achat"

Pour sa part Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, qui a fait une apparition au début du cortège parisien, a estimé "inadmissible" que "dans un pays comme la France, on ait des retraites aussi basses", en estimant que la réforme des retraites de 2003 était un échec. Les participants au cortège des retraités ont croisé, avant le départ du défilé, des salariés du ministère de l'Ecologie, qui doivent manifester de leur côté dans le même quartier.

L'ensemble des syndicats ont appelé les retraités à descendre dans la rue jeudi pour défendre leur pouvoir d'achat, qui se dégrade selon eux, mais qui est surtout marqué par de fortes inégalités. Les unions confédérales de retraités CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC et la fédération des retraités de la fonction publique (FGR-FP), rejoints notamment par l'Unsa Retraités et la FSU, ont appelé à "une journée nationale d'action", pour une revalorisation immédiate et "significative" des retraites.

Le relèvement de 1,1% des retraites au 1er janvier, alors que l'inflation a été de 2,6%, cristallise d'autant plus le mécontentement que Nicolas Sarkozy avait fait du pouvoir d'achat des retraités un thème de campagne. Le gouvernement a annoncé qu'une nouvelle revalorisation interviendrait en 2008 et que le minimum vieillesse (garantie de ressources) serait relevé de 25% durant le quinquennat. En attendant, 200 euros doivent être versés fin mars à ses bénéficiaires.

Mais les syndicats veulent également une hausse du minimum contributif (destiné aux retraites de base à taux plein d'un faible niveau), et soulignent plus généralement une dégradation du pouvoir d'achat des plus de 14 millions de retraités.

Globalement, en incluant le patrimoine, "la situation moyenne" des retraités "n'est pas très loin de la parité de niveau de vie" avec les actifs, constatait en novembre le Conseil d'Orientation des Retraites (COR). Selon la direction des études du ministère de la Solidarité (Drees), en 2004, la pension totale d'un retraité de droit direct ayant effectué une carrière complète s'élevait à 1.512 euros par mois en moyenne, la moitié des retraités concernés recevant moins de 1.334 euros.

Mais il y a de grandes disparités dans les montants perçus, particulièrement au détriment des retraités, souvent des femmes, ayant connu des parcours professionnels en dent de scie. Quelque 17% des retraités de droit direct perçoivent une retraite totale inférieure à 600 euros par mois et les femmes touchent des pensions sensiblement moins élevées. Si "des années 1970 jusqu'au milieu des années 1990, le revenu moyen des retraités a constamment progressé plus vite que celui des actifs (...), la tendance s'est ensuite interrompue", relève le COR.Et les réformes de 1993 et de 2003 ont globalement rendu le calcul des retraites moins favorable, notamment pour les carrières incomplètes.

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