Succès à gauche
La gauche, alors qu’elle enregistre un succès avec 186 sièges en 2007 contre 138 en 2002, affiche de nouveau le spectacle de ses impavides éléphants préférant s’entredévorer plutôt que de défendre la politique qu’ils incarnent. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre. Des chevaliers sans peur, oui. Mais pas sans reproches.
Le référendum sur la constitution européenne de 2005, avec ses nonistes de tous bords, avait achevé de chambouler les traditionnels symboles de la politique dans l’hexagone. Une politique n’était plus représentée par un parti, des idées, un courant, ni même un programme, mais par un homme, ou une femme. D’où, probablement, les luttes intestines et télévisées des éléphants du PS. La gauche ne devait plus être figurée par les idées qu’elle défend mais par, justement, une figure, celle qui séduira l’électorat. La gauche - peut-être - plus que les autres partis: François Mitterand avait engagé, déjà, la personnification de son courant politique. Lionel Jospin s’y est rompu le coup. Ségolène Royal reprend le flambeau avec le désir de camper la refondation du parti.
Les éléphants le pourront-ils?
Pourtant, les électeurs ont cru à la nécessaire unité excipée pendant tout l’entre-deux-tours par la gauche. La preuve: ils ont amélioré le score annoncé au soir du 10 juin.
Ils ont cru à autre chose aussi: le smic, la tva sociale. Ils ont compris que les coups vont pleuvoir. La politique d’ouverture que le gouvernement concrétisera dans quelques heures ne fera qu’accroître le phénomène: les coups vont pleuvoir de tous horizons. Ils seront portés par des hommes ou des femmes qui, il y a peu, représentaient des valeurs autres que celles de la droite dure et traditionaliste.
L’heure n’est plus à la personnification de l’opposition. Les électeurs chercheront à s’unir devant l’adversité. Ils auront besoin d’un parti, d’une force qui les soutient et non plus d’une image. Dans sa position actuelle, le PS ne pourra que s’affaiblir en se rangeant derrière une figure au détriment d’une autre. La refondation, si elle veut porter les espoirs de la gauche, devra faire passer les hommes derrière les idées. C’est le prix à payer. Les éléphants le pourront-ils?