Asie & Extrême Orient
02/06/2010 16:39

Okinawa fait chuter le Premier ministre Hatoyama

Okinawa fait chuter le Premier ministre Hatoyama. Après moins de neuf mois au pouvoir, le Premier ministre japonais de centre-gauche Yukio Hatoyama a annoncé mercredi sa démission, victime de sa gestion désastreuse du déménagement d'une base américaine et d'une impopularité record.



Le Premier ministre Yukio Hatoyama démissionne
Après moins de neuf mois au pouvoir, le Premier ministre japonais de centre-gauche Yukio Hatoyama a annoncé mercredi sa démission, victime de sa gestion désastreuse du déménagement d'une base américaine et d'une impopularité record. Il s'agit du quatrième chef de gouvernement à interrompre son mandat en moins de quatre ans au Japon. L'actuel vice-Premier ministre et ministre des Finances, Naoto Kan, 63 ans, apparaît comme le candidat le mieux placé pour lui succéder, probablement dès vendredi, d'après les médias. Après avoir résisté pendant plusieurs jours à une pression de plus en plus forte, alimentée par des sondages calamiteux, M. Hatoyama, 63 ans, a finalement accepté de s'effacer, à quelques semaines seulement des élections sénatoriales fixées au 11 juillet. Devant les principaux responsables du Parti Démocrate du Japon (PDJ) dont il est le président, le Premier ministre a annoncé qu'il avait également demandé la démission du secrétaire-général et numéro deux du parti, le tout-puissant Ichiro Ozawa, inquiété à plusieurs reprises par la justice pour financement occulte. "Je démissionne et j'ai également demandé à M. Ozawa de faire de même", a-t-il dit la mine grave, les larmes aux yeux. "Le travail du gouvernement n'a pas été bien compris du public. Nous avons perdu son écoute", a-t-il reconnu. Il a cité deux raisons à son départ: le fiasco du déménagement de la base aérienne de Futenma sur l'île d'Okinawa (sud) et les scandales de financement occulte qui ont éclaboussé son entourage. Selon les médias, le PDJ devrait élire vendredi son nouveau président, dont la candidature au poste de Premier ministre sera ensuite soumise au vote du Parlement, probablement le même jour. Brillant vainqueur des élections législatives d'août 2009 qui ont mis un terme à plus d'un demi-siècle de domination des conservateurs, M. Hatoyama, héritier d'une riche dynastie politico-industrielle était arrivé au pouvoir avec de grandes ambitions: changer le Japon, faire de la politique au service du peuple et rééquilibrer les relations avec les Etats-Unis. Crédité d'un taux de popularité de plus de 70% au début de son mandat, il a très rapidement entamé une dégringolade dans les sondages en raison de ses volte-face et de son manque de décision. Le plus grand reproche que lui ont fait les Japonais est d'avoir rompu sa promesse de retirer la base aérienne américaine de Futenma de l'île d'Okinawa, comme le réclamait la population locale. Ce renoncement, sous la pression des Etats-Unis, a fait voler en éclats la coalition gouvernementale tripartite de centre-gauche formée entre le PDJ et deux petites formations. Le Parti Social-Démocrate (PSD), opposé au maintien à Okinawa de la base aérienne de Futenma, a quitté le gouvernement vendredi et rejoint l'opposition. "La coopération entre le Japon et les Etats-Unis est indispensable pour la paix et la sécurité dans l'Asie de l'Est et j'ai été contraint de demander aux habitants d'Okinawa, à mon grand regret, de supporter le fardeau", a-t-il dit, regrettant également le départ des Sociaux-Démocrates. Evoquant les transferts illicites d'argent dans les formations politiques, M. Hatoyama a estimé qu'il fallait "reconstruire un PDJ plus propre, revenir au PDJ en qui le peuple puisse avoir confiance". Deux ex-collaborateurs de M. Hatoyama ont été inculpés de financement occulte de son fonds de soutien fin 2009, mais la justice a estimé que lui-même n'était pas au courant de ces malversations. Le secrétaire général démissionnaire M. Ozawa, 67 ans, considéré comme l'éminence grise du PDJ, a lui aussi été inquiété par la justice à plusieurs reprises, mais n'a jamais été mis en examen.(AFP)

La base américaine d'Okinawa fait chuter le Premier ministre Hatoyama
Neuf mois seulement après avoir remporté haut la main les élections législatives, le Premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, jette l'éponge. Celui qui promettait de "changer le Japon", de "faire de la politique au service du peuple" nippon et de "rééquilibrer les relations avec Washington" a annoncé, mercredi matin, sa démission, les larmes aux yeux. Un acte politique qui pourrait presque passer inaperçu au Japon, tellement la population est habituée aux soubresauts politiques : Yukio Hatoyama est, en quatre ans, le quatrième chef de gouvernement à quitter volontaire son poste. L'air grave, Yukio Hatoyama a reconnu que son incapacité à obtenir le retrait d'une base militaire américaine de l'île d'Okinawa était la principale cause de son départ. Premier chef de gouvernement de centre-gauche après plus de 50 ans de règne conservateur quasi ininterrompu, il est le premier à avoir pris à bras le corps le problème de ces bases. Mais sous la pression des États-Unis, Hatoyama a cédé et accepté, le 28 mai, un simple transfert de la base de Funtenma du sud de l'île vers la baie protégée de Henoko, plus au nord. "C'était une promesse publique !" "Beaucoup d'habitants d'Okinawa ont exprimé leur colère quand ils ont appris la démission d'Hatoyama, affirme Suzuyo Takazato, co-présidente du Réseau des citoyens d'Okinawa pour la paix et du mouvement Femmes d'Okinawa contre la violence militaire, jointe au téléphone par France24.com. Nous espérions qu'il attendrait un peu avant de prendre cette décision, qu'il reporterait l'accord signé avec Washington et qu'il chercherait des solutions pour que cette base ne soit plus située à Okinawa. C'était une promesse publique ! Il est tellement irresponsable." Ces derniers mois, plusieurs manifestations ont été organisées dans l'île, pour protester contre cette base, située en pleine ville. Les habitants dénoncent des nuisances sonores et le mauvais comportement des Marines. Les représentants locaux et le Parlement départemental se sont également fortement mobilisés. "Au delà des campagnes lyriques et généreuses, Yukio Hatoyama s'est rendu compte qu'il n'avait pas de marge de manœuvre, confirme Patrick Beillevaire, directeur de recherche au CNRS et ancien directeur du Centre du Japon à l'Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS). Il ne pouvait rien faire à moins de renégocier complètement l'alliance du Japon avec les États-Unis." Un grand rassemblement des représentants d'Okinawa est prévu jeudi soir à Tokyo. "Le mot d'ordre de ce rassemblement, c'est l'annulation de l'accord signé avec les États-Unis, explique Suzuyo Takazato. Nous allons continuer à travailler, à agir pour que les choses changent. Cela fait 65 ans que l'on a cette base militaire à Okinawa, ça suffit !"(france24)

Victor Nouioua



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