Europe
08/04/2009 17:20

Obama lance la campagne des Européennes

À deux mois des élections européennes, on commençait à désespérer. Aucun débat européen, voire aucun débat du tout. Le président américain, en plaidant fermement, lundi et mardi, pour l’adhésion de la Turquie à l’Union l’a d’un coup réveillé. Enfin, un thème de campagne !



Aujourd’hui, Obama a assumé son désaccord avec le chef de l’État français, montrant ainsi à quel point il est à l’écoute de ses partenaires : « le président Sarkozy est un bon ami et un bon allié. Les amis ont parfois des désaccords comme celui-là », a-t-il déclaré lors d'une discussion avec des étudiants à Istanbul. « C'est vrai que les États-Unis ne sont pas membres de l'UE, donc ce n'est pas à nous de prendre une décision, mais cela ne m'empêche pas d'avoir une opinion ». Et, non sans humour, il a ajouté : « j'ai remarqué que les Européens ont eu pendant longtemps beaucoup d'opinions à propos de la politique américaine. Ils n'ont pas été timides pour nous faire des suggestions à propos de ce qu'on devrait faire, donc je pense qu'il n'y a rien de mal à ce qu'il y ait réciprocité ». Touché !

En France, Bernard Kouchner, jusque-là favorable à l’adhésion de la Turquie, a changé d’opinion après le sommet de l’OTAN : « j’étais partisan de l’entrée de la Turquie dans l’UE et je suis toujours plutôt enclin à dire qu’il faut un pont entre l’Europe et le Moyen-Orient, un pont entre les civilisations et pas une rupture, pas un fracas ». Un imparfait qu’assume le ministre des Affaires étrangères : « franchement, la façon dont (les Turcs) ont réagi » à la candidature du premier ministre danois « m’a choqué ».

 « Ce qui m’a choqué, c’est la résurgence d’un seul coup de cette histoire de caricature ». On pourra voir là un retournement de veste supplémentaire d’un socialiste qui n’en est pas à son coup d’essai, mais on aurait tort de sous-estimer le choc causé par l’attitude du gouvernement de l’AKP, y compris chez ses plus fidèles alliés.


Philippe de Villiers, qui se présente sous la bannière Libertas, et Nicolas Dupont-Aignan ont immédiatement attaqué le chef de l’État accusé d’hypocrisie pour ne pas avoir bloqué les négociations d’adhésion de la Turquie contrairement à ce qu’il avait promis pendant la campagne.

Vincent Peillon, proche de Ségolène Royal, a aussi mis en cause la « démagogie » du président sur un autre registre : « il est irresponsable alors qu'il y a un processus de négociation qui est long [...] de décréter a priori qu'on ne veut pas faire entrer la Turquie dans l'Union européenne. » Le PS, à la différence de l’UMP et du Modem, reste cependant favorable à l’adhésion de la Turquie à long terme, même si Laurent Fabius ne cache pas ses « doutes ».

 Alors que les Français sont massivement opposés à l’adhésion d’Ankara, il est évident que la poursuite des négociations ne peut que mettre dans l’embarras Sarkozy. Et comme la question turque charrie son lot de peurs et de préjugés, cela ne peut qu’être un excellent argument de campagne, comme le fut le « plombier polonais » en son temps.

Obama a-t-il eu conscience qu’il allait plonger dans l’embarras son « ami » et « allié » Sarkozy en défendant la candidature d’Ankara ? Sans doute pas, le message étant d’abord à destination de ce pays. Mais le fait qu’il ait insisté lourdement autorise au moins à s’interroger…



Source: Yahoo News

Awa Diakhate



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