Faits Divers - Société
25/12/2014 18:51

Noël 2014: où est la bienveillance?

La laïcité à la française, c'est l'interdiction des crèches dans certains établissements publics, ce n'est pas la bienveillance. Si les villes de Béziers et de Melun ont été autorisées par le tribunal administratif à exposer une crèche dans leurs établissements municipaux, celle du Conseil général de Vendée, en revanche, a été interdite.



Les décisions des tribunaux reposent, pour le maintien des crèches, sur le fait que la crèche représente une tradition, un fait culturel qui ne porte pas atteinte à la laïcité, et, pour le retrait des crèches, sur le fait qu'il s'agit d'un emblème religieux qui affecte la neutralité du service public à l'égard des cultes.
Les relations des instances judiciaires avec le fait religieux sont fluctuantes car si l'on se base sur la décision la plus retentissante des ces dernières années sur les signes religieux, c'est à dire l'interdiction du port du voile dans les lieux publics, l'exposition d'une crèche devrait être interdite sur tout le territoire. Quant aux Français s'ils étaient logiques avec eux-mêmes, ceux qui sont favorables à la réalisation d'une crèche à l'époque de Noël – 71% selon un sondage -, devraient considérer le port du voile comme une tradition ou une coutume et l'accepter – pour le moins.
Ne pas le faire et considérer que telle ou telle chose représente un signe religieux ostentatoire et non une tradition ou un fait culturel, pourrait conduire, à plus ou moins long terme, à rejeter les chant bretons ou corses, les danses folkloriques basques ou provençales et tout ce qui constitue les caractères régionaux culturels et traditionnels.
Pour ce qui concerne ces particularismes, force nous est de constater qu'ils sont souvent emprunts d'une connotation religieuse. Le contraire est vrai également. En France, les structures qui organisent ce genre de manifestations sont les associations, parfois relayées par les centres sociaux de quartier. Qu'on le veuille ou non, elles constituent du lien social et ne sont pas sources de discorde. Inutile donc, pour le gouvernement, de chercher à gommer ce qu'il faut bien nommer comme des traditions religieuses. S'il ne peut pas s'en désintéresser, au moins peut-il veiller à la répartition équitable des ressources publiques allouées aux manifestations religieuses. Mais un tel calcul exclurait les athées qui, s'ils ne souhaitent pas voir prospérer les traditions religieuses, ont les mêmes droits à l'expression que ceux qui se revendiquent d'une religion. On en vient donc à se demander pourquoi les athées n'organisent pas de manifestations culturelles athées. Mais ce serait les ranger dans une catégorie équivalente aux religions, ce que, probablement, n'étant pas dogmatiques, ils ne souhaitent pas.
Cet imbroglio ne justifie pas la neutralité que l'on nomme laïcité. Être laïque, c'est laisser à chacun le droit de croire ou ne pas croire. Et le faire avec bienveillance. Être laïque devrait, de la part des gouvernements, consister en premier lieu à ne pas rendre possible l'émission d'un texte de loi issu du manque de bienveillance à l'égard d'autrui. En, France, où la diversité des souhaits sociétaux conduit encore à des antagonismes violents, on a bien du chemin à faire.

Sylvie Delhaye S. D.



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