Afrique et Moyen-Orient
18/12/2014 19:45

Nigeria: des soldats sans munitions pour combattre Boko Haram

La secte islamiste Boko Haram a capturé dimanche 185 femmes et enfants à Gumsuri, un gros village de l'état de Borno, selon le Figaro qui évoque l'impuissance de l'armée à endiguer la menace djihadiste, la condamnation à mort de 54 soldats ayant refusé de participer à une opération contre le secte mais également la corruption qui "prive les soldats des équipements de bases, parfois jusqu'aux balles".



La désorganisation de l'armée pourrait avoir pour but de déstabiliser le président Goodluck Jonathan, candidat à sa propre succession aux élections générales de février 2015. En se présentant de nouveau à la magistrature suprême, Goodluck Jonathan rompt avec une tradition non écrite qui organise, depuis 1999, l'alternance entre les Musulmans du Nord et les Chrétiens du sud. Ainsi, l'usage voudrait que le prochain président de la république soit un Musulman du nord, selon Jeune Afrique.  
Il serait cependant imprudent d'avancer l'hypothèse que les Musulmans du nord sont favorables à la secte Boko Haram, même si, au Mali, un brève alliance entre une partie des Touaregs et la secte AQMI a créé un précédent. On observe toutefois que les manœuvres politiques nigérianes tout comme la corruption qui gangrène le pays plongent des populations qui n'ont porté aucune revendication dans la guerre et le chaos. Plus, la loi martiale autorise la condamnation à mort de soldats de l'armée régulière. Envoyer des soldats à la guerre sans munitions n'est pourtant pas une première: en 1940, des soldats français ont été envoyés sur le front avec 4 cartouches. Passer par les armes des mutins n'est pas non plus exceptionnel, c'était même la règle dans bien des conflits.
Dans ces circonstances, la capture de 185 femmes et enfants ne représente qu'un épisode de terreur qui sera suivi par d'autres.

Henri Vario-Nouioua



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