France
24/03/2015 15:39

Nicolas Sarkozy ou la stratégie du miroir

En attendant l'automne 2016, Nicolas Sarkozy veut ramener à l'UMP une partie des électeurs du FN en affirmant que leur parti a le même programme économique que l'extrême gauche. Pour contrebalancer cet appel du pied aux sympathisants d'extrême droite, il peaufine tranquillement son image en adoptant la stratégie du miroir.




Quelle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai consulté les résultats du sondage M6 Info qui interroge les internautes sur l'attribution de la victoire au premier tour des départementales 2015 à Nicolas Sarkozy. 76% des sondés (ce mardi à midi) répondaient que cette victoire de droite n'est pas celle de Nicolas Sarkozy. Je suis d'accord: c'est celle d'Alain Juppé. Objectivement. Et cela me dérange qu'on lui chaparde ainsi les fruits de l'alliance de la droite avec le centre, en ces temps si difficiles pour quiconque souhaite faire une alliance.
J'ignore quelles décisions prendront les militant UMP. Mais il me semble qu'ils auront la clairvoyance de se souvenir que c'est Juppé qui représente le mieux la droite sociale et non pas Sarkozy, ancré sur le "ni-ni". Qu'on le veuille ou non, à l'occasion de la campagne présidentielle, l'ancien président de la république s'appuiera sur les électeurs du FN qu'il a interpellés au soir du premier tour des départementales, annonçant qu'il comprenait leur exaspération.
Imaginer que les militants UMP désirent tout à la fois une alliance avec le centre et Nicolas Sarkozy comme candidat à l'élection présidentielle devient de moins en moins délirant, même si c'est tout à fait contradictoire. Pourtant, si Nicolas Sarkozy remporte les primaires, il fera une campagne très droitière. Je m'attends même, s'il est élu en 2017, à ce qu'il nomme des ministres FN, si ceux-ci y consentent. En campagne présidentielle, le candidat Sarkozy considérerait le soutien du centre-droit comme acquis, via Alain Juppé. C'est pourtant loin d'être assuré, côté militants: ils n'accepteront peut-être pas de se liguer à une droite forte.
En attendant l'automne 2016, Nicolas Sarkozy veut ramener à l'UMP une partie des électeurs du FN en affirmant que leur parti a le même programme économique que l'extrême gauche. Pour contrebalancer cet appel du pied aux sympathisants d'extrême droite, il peaufine tranquillement son image en adoptant la stratégie du miroir. Il n'hésite pas à congratuler Alain Juppé, à dire que l'UMP sera unie derrière le vainqueur des primaires: "Alain Juppé est un homme de grande qualité qui fait honneur à notre famille politique", a-t-il ajouté, assurant que "le temps de la présidentielle n'est pas là, nous organiserons à l'automne 2016 des primaires et nous serons unis derrière celui qui sera désigné." (Yves Calvi , James Abbott pour Rtl.fr)
Comme pour faire comprendre à ceux qui en douteraient encore qu'Alain Juppé, en homme d’État, ne pourrait utiliser à son égard d'autres formules que celles flatteuses que Sarkozy lui adresse et qu'il lui apporterait son soutien. La stratégie du miroir est donc une façon intéressante de s'envoyer à soi-même des fleurs sans pour autant pourrir ses adversaires.
Mais les choses ne sont pas si simples: cette même stratégie du miroir tend à faire penser que les candidats Sarkozy et Juppé sont interchangeables. Comme c'est Sarkozy qui est à l'initiative de ce jeu, c'est lui qui se dilue dans l'image de Juppé et non pas le contraire. Cela dénote un manque d'assurance bien dommageable à Sarkozy, d'autant que Juppé ne manque pas d'assurance, lui.
Dans le sens inverse, ce jeu de miroir apporte dans l'escarcelle de Juppé les sympathisants du FN, et ceci sans qu'il ait besoin de les solliciter. Pour le moment, la balance penche donc en faveur d'Alain Juppé. Nicolas Sarkozy pourrait reparaître sur la scène judiciaire dès le mois de mai. La tranquillité de Juppé pourrait en partie venir de là. Quoi qu'il en soit, s'il y a bien un amalgame auquel la stratégie du miroir échouera, c'est celui des ennuis judiciaires.


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