Faits Divers - Société
08/01/2008 15:43

Naufrage de la P'tite Julie: les regards se tournent vers l'épave


Des investigations vont être entreprises sur l'épave de "La P'tite Julie", qui a sombré lundi au large de la Bretagne nord, pour tenter de dissiper le mystère autour d'un des naufrages les plus meurtriers de ces dernières années.


"L'enquête va conduire à aller voir l'état de la coque qui se trouve à 80 mètres sous la mer. Ce qui se dit, c'est qu'il n'y a pas eu de collision. On en aura le coeur net quand la coque sera inspectée", a déclaré le ministre de la pêche Michel Barnier mardi à Erquy (Côtes d'armor), port d'attache du chalutier.

Les autorités n'étaient pas en mesure mardi matin de préciser quand cette inspection pourrait avoir lieu.

Des sept membres d'équipages de "La P'tite Julie", seul un homme, de nationalité portugaise, a été retrouvé vivant. Deux corps ont été repêchés, dont celui du capitaine français, âgé d'une quarantaine d'année. Quatre autres marins , dont un stagiaire de 19 ans, étaient toujours recherchés mardi par les secours.

Outre le témoignage du seul rescapé, expliquant que le naufrage avait été très rapide et que le bateau avait coulé par l'avant, les enquêteurs devraient également interroger d'autres navires sur zone au moment où le chalutier a coulé, à 50 km environ au large du phare de l'île Vierge.

Selon le président du comité des pêches de Bretagne André Le Berre, "La P'tite Julie", qui a mis entre 5 et 10 minutes pour couler, a en effet eu le temps d'établir "des contacts radio VHF avec d'autres bateaux sur zone" après avoir alerté le CROSS Corsen.

En attendant, les interrogations sont nombreuses sur le naufrage de ce bateau de 24 mètres, armé par une société louée sur les quais pour son sérieux, l'armement Jean Porcher, et commandé par un capitaine non moins réputé, Bruno Lesage.

Avec vingt noeuds de vent (moins de 40 km/h), des creux de quatre à cinq mètres, les conditions de navigation n'étaient pas optimales mais courantes en cette saison pour des marins expérimentés à la barre d'un chalutier de 24 mètres.

Le bateau, qui faisait route vers son lieu de pêche, était "en très bon état, tout le monde le reconnaît ici. Il venait de passer une visite de sécurité en décembre", a précisé M. Le Berre.

"Il naviguait à neuf ou dix noeuds, dans des conditions optimum de sécurité avec deux marins de quart, et les conditions météo ne constituaient pas un temps à perdre un navire", a-t-il ajouté.

L'équipage de "La P'tite Julie" venait en outre de monter à bord la veille, selon la mairie, ce qui semblerait écarter l'hypothèse d'un défaut de vigilance dû à la fatigue de la part du marin de quart.

Reste qu'"en mer, tout est possible", rappelait lundi Raymond Pays, un marin pêcheur à la retraite de 85 ans sur les quais d'Erquy.

André Le Berre envisage une "voie d'eau ou un choc avec un conteneur" immergé entre deux eaux. D'autres marins sur les quais d'Erquy évoquaient un tronc d'arbre ou un problème technique empêchant l'évacuation de l'eau.

Le métier de marin est "le plus dangereux de tous les métiers avec un mort pour mille marins et 10% d'accidents de travail, ce que nous n'acceptons pas", a rappelé le ministre mardi à Erquy où il a rencontré des familles de victimes et l'armateur.

Dans le cadre du plan dont les détails seront annoncés fin janvier, M. Barnier a rappelé que "chaque marin sera doté d'une balise de positionnement individuel" financée à hauteur de 75% par l'Etat.

Edicom.ch



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