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27/10/2007 19:05

Marseille:Cancer et sexualité au 3e colloque 'Corps, culture et cancer'

MARSEILLE - La sexualité des personnes atteintes du cancer est un aspect de la maladie de plus en plus pris en compte par les médecins, ont observé des spécialistes du cancer réunis en fin de semaine à Marseille lors du 3e colloque "Corps, culture et cancer"



"Le malade, qui est atteint +dans sa vie+, peut se retrouver dans une situation où il renvoie la question sexuelle à un rang secondaire. C'est notre rôle de prendre en compte cette question essentielle dans la guérison", souligne Patrick Ben Soussan, responsable de l'unité de psychologie clinique de l'institut marseillais Paoli-Calmettes, organisateur du colloque.

"Avant, beaucoup de cancérologues estimaient qu'ils avaient d'autres chats à fouetter que les difficultés sexuelles de leurs patients", renchérit Sylvain Mimoun, directeur de l'unité de gynécologie psychosomatique à l'hôpital Robert-Debré à Paris. "Maintenant ils s'y intéressent".

Certains cancers atteignent plus directement les malades dans leur sexualité: les cancers du sein, du col de l'utérus, de l'endomètre et des ovaires pour les femmes ou les cancers de la prostate, de la vésicule et des testicules pour les hommes. "Mais psychologiquement tous les malades du cancer, qui sont dans une logique de combat contre la mort, peuvent être affectés", dit Gwenaëlle Gravis, médecin-oncologue à Marseille.

Pour régler les problèmes physiologiques liés aux conséquences de la maladie, il existe des médicaments: des lubrifiants ou hydratants pour les femmes qui souffrent de sécheresse vaginale, du viagra pour les hommes qui ont des troubles de l'érection, ou encore des hormones.

Les techniques chirurgicales ont aussi évolué et les chirurgiens privilégient, quand c'est possible, des opérations qui permettent de conserver l'organe touché par la maladie.

Parallèlement, le développement de la chirurgie reconstructrice permet de restaurer la morphologie avec par exemple des prothèses testiculaires, la création d'une nouvelle vessie ou la reconstruction mammaire.

Mais, outre les modifications physiologiques, les problèmes de sexualité sont liés à l'image que le patient se fait de son corps, à la baisse du désir.

Les tabous, les peurs irrationnelles, sont aussi fortement présents: "En consultation il y a des gens qui disent avoir peur d'+attraper+ le cancer lors des relations sexuelles", note Gwenaëlle Gravis. "D'autres malades croient qu'ils n'ont plus le droit aux rapports car ils pensent que réveiller les hormones, c'est réveiller le cancer".

"Les professionnels expliquent qu'ils n'abordent pas le sujet par manque de temps, par gêne, et par le sentiment qu'il n'y a de toute façon plus rien à faire", remarque Eliane Marx, psychologue, responsable de l'unité de psycho-oncologie au centre Paul-Strauss à Strasbourg. "Pourtant, il y a des réponses à donner, que ce soit des conseils, des traitements, l'orientation vers un spécialiste".

La prise en charge du partenaire du malade est aussi un élément essentiel pour le retour à une sexualité satisfaisante: "Le dialogue dans le couple devient parfois difficile pendant la maladie. Il ne faut pas oublier que le partenaire se retrouve seul devant l'angoisse de la perte de l'autre", souligne Sylvain Mimoun.

Selon un document de l'Institut national du cancer, "La situation du cancer en France en 2007", cette maladie est responsable d'un décès sur trois chez les hommes et un décès sur quatre chez les femmes.

H.V/YahooNews



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