Textes Littéraires
27/09/2005 23:04

Marseille 2057: fin



« La face contre terre, c’est du sable fin et salé. Des voix lointaines qui se rapprochent. Je n’ai pas mal à la tête. J’entends le vent siffler à mes oreilles, je voudrais cracher l’acétone. II hante ma bouche. »

Les voix me sont à peine audibles, au moins une :
- Il bouge, je vais essayer de l’asseoir contre la souche crevée. »
A présent, les sons me parviennent distinctement.
Mes yeux refusent de s’ouvrir. Le sable les obstrue. Paupières collées !
Je murmure un cri : il n’est pas très net.
- De l’eau pour mes yeux ! »
L’eau est chaude. Un oeil s’ouvre, puis l’autre. Enfin, je bois, crache, et on me fait encore boire. Une voix insiste :
- Bois encore, bordel, bois ! »
Ils sont une douzaine, debout, autour de la souche. Les flammes d’un feu de camps crépitent.
Je me lève et fais face au vent. Je le sens forcir.
Je suis de nouveau couché, tombé sur le dos et quelqu’un ôte mon pantalon.
- Bouges pas Victor !
Je murmure :
- Vous voulez quoi ?
- Tes jambes, connard, seulement tes jambes !

Peu à peu ma soif s’estompait. Je vais dormir et cette idée absurde que les nègres ne suffisaient plus s’évanouir….
Puis le soleil inondera mon patio et elle sera là pour me bercer dans mon hamac, et lorsque mes yeux s’ouvriront, son regard froid ne me demandera pas si je reviens d’ un rêve ou d’ un cauchemar.
Un jour, il me faudra répondre à la question qu’elle ne posera jamais, pour cela j'attendrai la livraison de mon fauteuil roulant et c’est en maniant ses manettes nacrées que je dirai.
- Non maman, papa ne reviendra plus, que ferait t- on d’un jardinier ?




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Henri Vario



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