Europe
06/05/2009 16:48

Manœuvres de l'Otan en Géorgie

L'Otan a entamé des manœuvres militaires en Géorgie dans un climat de tension ravivée avec la Russie, qui a livré un bref conflit armé contre son voisin l'an dernier et parle aujourd'hui de "provocation".


De son côté, le président géorgien Mikheil Saakashvili a accusé Moscou d'être à l'origine d'une mutinerie matée mardi à la base de blindés de Moukhrovani, à l'est de Tbilissi. La Russie a nié toute implication dans cette affaire.

La mutinerie a pris fin sans effusion de sang mais a jeté une ombre sur les exercices de l'Alliance atlantique, dans le cadre desquels plus de mille soldats d'une douzaine de pays - dont les Etats-Unis - simuleront des ripostes à des situations de crise et formeront des unités au maintien de la paix.

Des soldats français et canadiens ont mis en place un centre de commandement à la base aérienne de Vaziani, anciennement utilisée par l'armée russe. Les prochains jours seront consacrés à la préparation d'exercices prévus à partir de la semaine prochaine, indiquent des responsables.

La Russie a critiqué ces manoeuvres appelées à durer un mois à sa frontière sud en les qualifiant de démonstration de force.

Le président Dmitri Medvedev y voit "une provocation" et le représentant de Moscou au siège bruxellois de l'Otan, Dmitri Rogozine, a déclaré mardi que l'alliance aurait aussi bien fait d'organiser ces exercices dans un asile de fous que dans un pays dont les soldats "se révoltent contre leur propre président".

Les adversaires politiques intérieurs de Saakachvili, qui ont paralysé le centre de Tbilissi durant des semaines en exigeant sa démission, mettent en cause les explications fournies par le gouvernement géorgien au sujet de la mutinerie.

"Il y a beaucoup de versions de ce qui s'est passé, mais celle qu'ont avancée les autorités est la moins crédible", a affirmé Tina Khidacheli, du Parti républicain (opposition).

DIPLOMATES EXPULSÉS

Les manoeuvres, projetées depuis un an, relancent les tensions entre la Russie et l'Otan au moment où les deux parties avaient repris des contacts officiels suspendus après la guerre entre Moscou et la Géorgie.

La Russie a écrasé en août une tentative de l'armée géorgienne pour reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud, province séparatiste de Géorgie. Les pays occidentaux avaient condamné l'initiative russe.

Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé que nul ne devait "détourner ces manoeuvres".

Carmen Romero, porte-parole de l'Alliance, a dit qu'il ne s'agissait "pas de manœuvres de l'Otan, mais de manœuvres de l'Otan avec ses partenaires. (...) La Géorgie ne fait qu'accueillir ces manœuvres et nul ne doit les interpréter autrement ni s'en servir à d'autres fins".

La Russie a encore assombri l'atmosphère en annonçant l'expulsion de deux diplomates canadiens du bureau d'information de l'Otan à Moscou. La semaine dernière, l'Alliance avait expulsé deux diplomates russes pour espionnage.

Les autorités géorgiennes ont affirmé que la mutinerie à la base de Moukhrovani s'inscrivait dans un complot téléguidé par Moscou en vue de perturber les exercices de l'Otan et de susciter une rébellion plus large contre Saakachvili.

La Russie a qualifié ces accusations d'insensées et affirmé en retour que Saakachvili cherchait à se soustraire ainsi à des semaines de manifestations visant à le faire démissionner pour atteinte à la démocratie et pour la défaite militaire de 2008.

Les exercices de l'Otan se déroulent à quelques kilomètres de la base de Moukhrovani. Les soldats appliqueront des schémas opérationnels en simulation de crise. L'entraînement au maintien de la paix aura lieu dans la seconde quinzaine de mai.

"L'entraînement multinational aura lieu selon le calendrier prévu", a déclaré le colonel géorgien Nougzar Tsintsadze.

L'Otan, qui a invité des pays extérieurs à l'alliance à y participer, souligne que les exercices ne constituent d'aucune façon une menace contre la Russie. Ils sont considérées comme un signe de solidarité avec la Géorgie, dont la candidature à l'Otan est gelée de facto depuis la guerre de l'an dernier.

L'Arménie, alliée de la Russie dans le sud du Caucase, a décidé mardi de les boycotter, rejoignant ainsi le Kazakhstan, la Serbie et la Moldavie dans leur refus d'y participer.



Source: Yahoo News


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