Sénégal d'Aujourd'hui
02/09/2009 17:48

Manifestations contre les délestages

Les délestages au quotidien a envoyé depuis lundi les jeunes des quartiers Hlm, Castors, Niary Tally et environs dans les rues pour manifester leur colère contre l'incapacité de l’Etat du Sénégal à fournir comme il se devait de l’électricité aux populations. Touchés par ces coupures intempestives qui pourrissent leur existence, les marchands ambulants du marché Hlm viennent de faire hier leur entrée dans la danse.


« Nos parents paient trop cher l’électricité et les coupures intempestives perturbent toutes nos activités. Il n’est pas question de subir ces désagréments injustes et injustifiés de la Société nationale d’électricité (Senelec) », rouspètent les jeunes de la Sicap liberté 5 et 6 armés de pierres, de bâtons et de bars de fer.

Dans la nuit du lundi au mardi, entre 00 à 2h, ils ont envahi les deux voies qui séparent les quartiers Liberté 5 et 6. La circulation a été perturbée sur cet axe : pneus brûlés, jets de pierres, lancement de bombe lacrymogènes par la police... le tout dans une obscurité indescriptible. Depuis leurs terrasses et fenêtres, les populations environnantes contemplent les scènes de poursuites inédites entre policiers et jeunes. Les contenus des poubelles longeant les deux voies sont déversés sur la chaussée, dégageant une odeur nauséabonde .

Le taximan Malick Sarr soutient que l’Etat doit prendre le problème de la Senelec au sérieux pour, dit-il, « éviter le pire ». « Ces formes de violences restent la seule manière de manifester sa colère dans ce pays. J’ai laissé le même scénario à Castor et aux Hlm, juste après la coupure du jeûne. Si l’on n’y prend pas garde, ça peut dégénérer d’un moment à l’autre. Or gouverner, c’est prévenir », lance-t-il.

Hier matin encore, les jeunes des Hlm soutenus par les locataires du marché dudit quartier ont battu le macadam en brûlant les pneus et en barrant les routes. Des jeunes gens armés de pierres ont crié leur exaspération en défiant les forces de police venues restaurer de l’ordre dans la rue. Il y a eu des échanges de grenades lacrymogènes contre des pierres au marché Hlm. Pendant quatre heures d’horloge, les manifestants ont tenu tête aux policiers qui parfois battaient la retraite. Les heurts avec les forces de l’ordre ont coûté cher aux manifestants qui ont eu des blessures légères. À l’arrivée, plusieurs jeunes manifestants ont été arrêtés par la police toujours prompte à faire étalage de leur zèle pour freiner les populations dans leur marche. En cette période de ramadan où l’eau fraîche est devenue un véritable luxe, les marchands ambulants disent ne pas pouvoir vivre sans l’électricité.

Malgré les arrestations des leurs, les marchands ambulants ne comptent pas encore baisser les bras tant que la société d'électricité ne s'assumera pas par une distribution correcte et continue du courant. Mais ils demandent toutefois, la libération immédiate et sans conditions de leurs camarades pris en otages par la police comme bouclier humain. Selon nos sources dignes de foi, les otages seront libres après la manifestation. La circulation était momentanément bloquée par des manifestants déterminés qui étaient prêts à tout face aux forces de l’ordre. L’arrêt des coupures intempestives serait la seule solution qui peut mettre fin aux manifestations. «Tant que la Senelec continuera à délester nos localités, nous serons toujours dans les rues» a martelé Mor Diop vendeur au marché Hlm. C’est dire que ce n’est pas demain la veille de la fin des perturbations.

Dans l’après midi , entre 16h 30 et 17h, le rond point Sacré-Cœur a été bloqué par les mêmes jeunes qui ont posé partout des troncs d’arbres et des pierres en brûlant encore des pneus. Comme d’habitude, la police est intervenue pour les disperser et veiller au grain. « Nous sommes obligés d’intervenir pour rétablir l’ordre, mais nous comprenons leur désarroi », dit un élément de la police sous le couvert de l’anonymat.

Durant la nuit et tôt ce matin, ce fut le tour des habitants de Fass. Dans une superette, la vendeuse Mary Ndiaye tonne : « la Senelec ne respecte pas les consommateurs. Pourtant, on nous dit que 500 milliards de francs Cfa ont été injectés dans cette boîte de l’an 2000 à nos jours. Les factures deviennent de plus en plus chères, mais on nous prive de courant pendant des heures. On ne doit pas condamner les Sénégalais à vivre au Moyen-âge. Le manque à gagner et les pertes sont énormes pour nous les vendeurs de produits alimentaires ».

Cette nuit, de site en site, la population se donne rendez-vous devant l'aéroport de Dakar pour accueillir le Président et lui signifier notre dégoût face aux délestages

La démission de Samuel Sarr de son poste calmerait-elle les nerfs ? Pourvu que les coupures se raréfient.

Source: Le Soleil


Lu 847 fois



Dans la même rubrique :